Publié le 3 Jun 2024 - 14:13
MAMADOU THIOR (PRÉSIDENT DU CORED)

‘’La déclaration du PM sur la presse est maladroite’’

 

Le président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias au Sénégal (Cored), Mamadou Thior, était l’invité de nos confrères d’iRadio. L’occasion pour lui de se prononcer sur la sortie du Premier ministre sur la presse et sur les convocations récentes des dirpub de deux quotidiens.

 

Invité de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, le président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias au Sénégal (Cored), Mamadou Thior, a répondu au Premier ministre Ousmane Sonko, qui a soutenu avant-hier qu’il n’a pas de comptes à rendre, ni aux politiques ni même aux journalistes.

‘’C’est une déclaration maladroite parce qu’il doit savoir que le Premier ministre, même si lui, quand il était opposant, il se passait de la presse avec ses ‘lives’ qu’il faisait, la presse a un rôle éminemment important à jouer dans une démocratie. Regardez, depuis qu’il est élu Premier ministre, il passe constamment au ‘Journal télévisé’. Donc ça, c’est la presse. On ne peut pas mettre la presse sur le même pied que les réseaux sociaux. Et l’on se rend compte de ça quand on est aux affaires. Parce que la presse est là pour jouer son rôle, pas pour mettre des bâtons dans les roues. Nous sommes là pour voir ce qui est bon, l’exposer. Ce qui est mauvais aussi, on l’expose. Maintenant, c’est le peuple qui apprécie, parce que je pense que dire que je n’ai pas de comptes à rendre à la presse, la presse est, comme on dit, un chien de garde. Donc, pour voir un peu ce que le nouveau régime va faire, moi j’estime que c’est très tôt’’, a soutenu le journaliste.

Avant de poursuivre : ‘’Mais la presse doit être un chien de garde de tous les jours, pour faire en sorte que ceux qui sont là puissent faire plus et mieux que ceux qui sont partis.’’

En outre, il s’est aussi prononcé sur les arrestations des dirpub de ‘’La Tribune’’ et du ‘’Quotidien’’. ‘’Dans un passé récent, pour moins que ça, on retenait les gens et c’était le mandat de dépôt automatique’’, selon lui. ‘’Aujourd’hui, on convoque un journaliste, on l’entend, on le libère. On ne peut pas se réjouir que l’on continue à convoquer des journalistes. Parce qu’on aurait pu en faire l’économie. Mais est-ce qu’ils ont bien fait le travail ? Oui, quelque part, on peut dire qu’il y avait quand même des précautions à prendre que ces gens-là n’ont pas prises. Parce que quand on est un directeur de publication, à ce niveau de responsabilité, les questions militaires, on ne dit pas que c’est des questions taboues, mais il faut vraiment en parler avec l’expertise nécessaire. Et nous ne sommes pas des experts en tant que journalistes, mais nous pouvons aller chercher les gens qui s’y connaissent. Ils peuvent nous édifier. Mais quand vous voulez en parler avec légèreté, vous pouvez tomber tout de suite dans le panneau. Et comme ce sont des questions sensibles, il faut savoir la ligne rouge à ne pas franchir’’, prévient-il.

S’agissant des questions militaires, poursuit le journaliste, il faut vraiment que ce soit ‘’béton’’ pour en parler. ‘’Ce n’est pas pour rien quand vous regardez notre Code de la presse, l’article 5, quand on parle de secret défense, de secret de l’instruction. On vous trace des lignes rouges quand vous parlez de certaines questions. Pour dire que les journalistes, qu’ils soient sénégalais ou d’autres pays, ne sont pas au-dessus des lois. Du tout. Et on nous a fait ce reproche quand il s’agit de défendre la dépénalisation des délits de presse. Vous savez, c’est ça qui a fait même durer notre Code de la presse. Le texte a été déposé à l’Assemblée nationale en 2010. C’était du temps du président Wade’’, rappelle-t-il.

Avant de souligner que les acteurs de la presse n’ont pas bien communiqué, ‘’parce qu’on ne leur (les députés) a pas expliqué où l’on voulait en venir avec la dépénalisation. Ici au Sénégal, nous avons le Cored. Donc, dès l’instant où l’on a un cadre pour sanctionner des journalistes, il est superfétatoire quand même de vouloir penser que la prison peut régler le problème’’.

CHEIKH THIAM

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