Quand la Korité devient un ''fardeau''
Tous les esprits sont aujourd'hui tournés vers la Korité. Même si l’environnement rigide du marché et les prix denrées jugés très chers sont de nature à émousser la joie de la clientèle. À 24h de la fête, un tour au marché des HLM a permis de constater que les populations ne sont pas à la fête, en particulier les mères de familles.
En cette fin d'après-midi, c'est encore la grande affluence au marché HLM, devenu le point de convergence de populations venant d’horizons divers, en raison de la richesse et diversité des produits proposés. ''Le basin, le brodé, les colliers constituent la principale demande'', soutient le commerçant Abdoulah qui reconnaît que le flux des ventes à augmenter par rapport aux jours précédents. Toutefois, ces étals achalandés qui rendent attirant le décor du marché, proposent des prix, apparemment, hors de portée de la bourse à la clientèle.
''Il convient d’être heureux et de dépenser autant qu’on le peut, pour rendre la fête agréable. Nous avons jeûné un mois pour Dieu. La joie que nous éprouvons en préparant la fête fait partie de la récompense de Dieu''. Cette déclaration de principe de la jeune Goul Mamoune Seck, venue acheter ses tissus est loin d'être une évidence pour tous. Car, à sa déclaration fait écho la complainte de Ouly Touré. ''Les prix sont élevés'', déclare cette mère de famille qui confie qu'elle n’a pas les possibilités financières d’acheter tout ce dont elle a besoin pour la fête, en raison ''de la hausse des prix...''.
''La hausse des prix de certains articles et denrées alimentaires n’a pas de justification, dans un contexte comme celui-ci, où on prépare la korité'', s'insurge Mme Karima Faye, debout devant un étal. ''Finalement la fête risque d'être un fardeau pour les chefs de familles'', s'inquiète-t-elle. Mais, son vendeur ne l'entend pas de cette oreille. D'où sa réplique : ''Ce ne sont pas les prix qui sont chers, déclare le vendeur. Ce sont les moyens pour acheter tout ce que vous voulez qui manquent et nous ne sommes pas responsables de cela'', se défend-t-il.
À la station commerciale Dior, les mêmes décors et la même ambiance règne prévalent. Le marchandage réunit commerçants et acheteurs autour des produits. Ici, la tension semble toutefois moindre entre commerçants et clientèle. ''L’augmentation du prix de certaines marchandises est due aux risques de pertes'', déclare le commerçant Hassane Amoul. Le vendeur de Tissus et de colliers renseigne que les ventes ont beaucoup augmenté ces derniers jours. ''L’État, dit-il, utilise un discours politique sur la baisse des prix. La méthode qui consiste à nous obliger à vendre moins cher que nous ne le pouvons, n’est pas honnête. L'État nous vend la marchandise avec une baisse de 10% et veut nous contraindre à vendre avec une baisse de 15%. Ce qui est impossible'', clame-t-il.
Sokhna Faye