Le ‘’tout-puissant’’ Mohamed El Hadi Macina dans le collimateur de la justice
Mohamed El Hadi Macina, l’inamovible secrétaire général du Ministère mauritanien de l’Intérieur et de la Décentralisation, a été arrêté le 12 février par la justice mauritanienne. Il est accusé de corruption, dans une affaire d’impression de cartes d’électeurs pour l’élection présidentielle de 2009 et même celle de 2007.
Mohamed El Hadi Macina, aujourd’hui au cœur de gros soupçons de corruption, est détenu dans les locaux de la Sûreté nationale de Mauritanie où il subit, selon des sources proches, des pressions de la part des enquêteurs de la police qui semblent déterminés à soustraire toutes informations susceptibles de révéler au grand jour toutes les personnes impliquées dans ce deal à l’échelle étatique. Selon nos confrères du journal « Le Calame », l’ex-secrétaire général du Ministère mauritanien de l’Intérieur et de la Décentralisation «aurait exigé de la société d’impression britannique Smith And Ouzman le versement d’une forte commission, estimée à 900 000$ US ». Et nos confrères de poursuivre, en précisant que l’homme n’a finalement reçu de la société britannique d’impression que « la modique somme de 76 000 $ » qui auraient été versés «dans deux comptes appartenant aux filles de Macina, étudiantes en France ».
Les mêmes sources révèlent que « d’autres commissions allant de 65 000 à 50 000 $ auraient été versées à d’autres responsables mauritaniens » au plus haut sommet de l’Etat. Ce sont ceux-là même que les enquêteurs de la police cherchent à connaître, en mettant la pression sur le prévenu pour qu’il lâche le morceau. Si l’information a été publiée par le journal anglais "The Independant", aujourd’hui, cette affaire défraie la chronique en Mauritanie. L’interpellation de Macina coïncide avec la condamnation en janvier dernier, au Royaume Uni, « de cette petite entreprise d'imprimerie britannique dénommée Smith & Ouzman Ltd, à une amende de 2,2 millions d’euros, pour avoir versé à titre de corruption 400,000 livres sterling environ à des responsables kényans et mauritaniens, en échange de la signature de contrats d’impression de bulletins de vote ».
L’opposition mauritanienne avait crié au scandale et à la mascarade électorale, lors de cette élection présidentielle du 18 juillet 2009 qui avait porté l’actuel homme fort de Nouakchott au pouvoir. Ely Ould Mohamed Vall, candidat malheureux à cette élection et président de la transition de 2005 à 2007, avait crié sur tous les toits qu’il y avait fraude dans les bulletins. Que la seule personne qui savait quelque chose à propos des commandes de ces bulletins en Angleterre, c’est Macina, homme à tout faire de ce Ministère en charge de l’organisation des élections. Aujourd’hui, si cette affaire éclabousse des personnalités au sommet de l’Etat mauritanien, elle semble donner raison à l’opposition et à ses revendications. Il reste à savoir si le prévenu va accepter de sombrer seul ou s’il va entraîner dans sa chute d’autres personnalités de la nomenklatura nationale.
Aux dernières nouvelles, le prévenu a été transféré à la prison de Bir Moghrein, à l’extrême nord-est du pays. Les enquêteurs estiment avoir suffisamment d’éléments compromettants pour inculper l’ancien homme fort du Ministère de l’Intérieur.
IBOU BADIANE (MAURITANIE)