Publié le 25 Feb 2017 - 01:28
MORT D’ELIMANE TOURE AU COMMISSARIAT DU PORT

La famille annonce une plainte contre la police

 

La famille d’Elimane Touré, décédé la nuit du dimanche au lundi au commissariat spécial de police du Port, ne croit nullement à la thèse du suicide. Hier, lors d’un point de presse, elle a annoncé une plainte contre la police.

 

‘’La famille ne peut parler d’autopsie. On nous avait parlé de rapport d’autopsie, à la place, on a vu un Certificat de genre de mort (CGM). Et il ne parle nullement de suicide. Il parle de pendaison et nous n’y croyons pas. D’ailleurs, si tel était le cas, ce n’est pas Elimane qui s’est pendu. Nous réfutons la thèse de la pendaison. Dans le CGM, on parle de soins et comment peut-on appliquer des soins à quelqu’un qui est déjà mort. On va mener une bataille de légitimité, d’éclaircissement et porter plainte contre la police, parce que la police s’est empressée de dire qu’Elimane s’est suicidé. Cette même police a été contradictoire dans ses déclarations’’, a soutenu hier à Yeumbeul El hadji Alé Seck, porte-parole de la famille d’Elimane Touré, décédé la nuit du dimanche au lundi au commissariat spécial du Port. 

L’oncle du défunt a révélé que le dimanche soir, la police leur a annoncé qu’Elimane s’était suicidé à l’aide d’une corde ramassée dans sa cellule. Le lendemain, a-t-il ajouté, cette même police leur a dit qu’il s’est pendu avec le drap. ‘’Et lorsque la famille est entrée dans la cellule où Elimane était incarcéré, a fait savoir l’oncle, il n’y avait ni lit ni matelas, encore moins de drap’’. ‘’On a demandé aussi qu’on nous montre l’objet avec lequel Elimane se serait pendu. Aucun objet ne nous a été montré. Durant tout le temps que nous étions à l’hôpital, il y avait un officier de police qui encadrait cette opération et aucune précision ne nous a été livrée. Les sapeurs-pompiers nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu un cas pareil’’, a dit M. Seck. Selon qui, des gens qui ont vu la victime à sa descente ont soutenu qu’il ne pouvait pas marcher correctement, alors qu’il se portait bien le dimanche matin. ‘’Il était même allé voir le coiffeur. Et quand les policiers se sont pointés, ils nous ont demandé de rester tranquilles, car rien n’allait se passer.’’

‘’Comment cette personne a-t-elle pu se suicider ?’’ s’est-il interrogé, avant de révéler qu’ils ont eu l’occasion de regarder le corps avant et après l’autopsie. Ils ont effectivement constaté qu’Elimane avait une blessure au cou. Par contre, ‘’au niveau de la gorge, il n’y avait aucune trace. Tout était propre. En regardant sa main, il n’y avait rien non plus’’, a-t-il précisé. Depuis la mort de leur fils, selon l’oncle, la famille est consternée. Sa mère est inconsolable. Ses enfants ne vont plus à l’école. Son père, qui était en voyage en Gambie, accuse le coup physiquement.

‘’C’est une affaire où la police s’est comportée comme des nervis’’

La famille qui souhaite engager la bataille judiciaire semble, en même temps, la redouter. ‘’Elle sera très longue, périlleuse et improbable par rapport aux résultats. Des gens ont été tués par la police. Depuis lors, il n’y a pas eu de résultats. On n’a pas encore déposé la plainte. Nous avons saisi Amnesty international et nous avons son accompagnement’’, a confié El hadji Alé Seck, en présence d’Ayib Touré, père du défunt. Avant d’interpeller les responsables de la police en leur demandant de prendre leurs responsabilités dans cette affaire où leurs éléments se sont comportés comme des ‘’nervis’’. 

Pour rappel, Elimane Touré, âgé de 42 ans, a été cueilli et conduit à la police du Port, à la suite d’une plainte déposée par le transitaire l. Sarr dit Big Bos, pour menace de mort. Le certificat de genre de mort  délivré par  un toubib de l’hôpital Aristide Le Dantec dont EnQuête détient copie, mentionne que ‘’Elimane Touré est mort par asphyxie mécanique par pendaison qui a occasionné une luxation du rachis cervical en C1-C2’’.

AYIB TOURE, PERE DU DEFUNT

‘’C’est la police qui a tué mon fils’’

‘’On m’a appelé au téléphone pour m’annoncer la mort de mon fils, alors qu’il était bien portant lorsque je quittais la maison. J’étais tellement choqué que j’ai laissé tomber le chapelet que je tenais. C’est du jamais vu. C’est la police qui est à l’origine de cela. Elle nous a envoyé des agents pour qu’ils nous attaquent. Il faut que le Chef de l’Etat raisonne la police.

On corrompt quelqu’un  pour lui demander de mettre fin à la vie d’un innocent. Si j’étais présent le dimanche, c’est sûr qu’Elimane n’allait pas partir, car les agents de la police qui sont venus le cueillir n’avaient aucun papier administratif pour le faire. Ils sont venus le dimanche et ils n’avaient pas de convocation avec eux. Ce qui est anormal. D’ailleurs, selon les témoins, leur comportement ne laissait pas croire qu’ils s’agissaient de policiers. Mon fils n’est pas un voleur, encore moins un vendeur de drogue. Ils sont venus le cueillir, car il avait un différend avec un individu. Trop, c’est trop. On doit sanctionner les fautifs pour montrer le chemin aux autres qui voudraient agir de la sorte. On doit arrêter cela. Le gouvernement ne joue pas son rôle. Je ne sais pas pour les autres cas, mais dans celui-ci, c’est la police qui a tué mon fils.’’

CHEIKH THIAM

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