« Les jeunes avocats font face à des difficultés multiples et profondes… »

Élu président de l’Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS), Mouhamadou Bassirou Baldé revient sur les défis et chantiers de cet anti-chambre du Barreau de Dakar.
Pouvez-vous revenir sur votre élection à la tête de l’Association des jeunes avocats sénégalais ?
D’abord, permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude et mon honneur d'appartenir à cette grande famille qu’est le Barreau. Exercer la profession d’avocat est à la fois un privilège et une charge empreinte de noblesse.
S’agissant de l’élection, je tiens à saluer chaleureusement l’ensemble de mes confrères. Je leur exprime toute ma reconnaissance pour la confiance qu’ils viennent de me témoigner. En m’élisant parmi deux candidats de grande qualité, ils me confient la mission exigeante de présider, pour les deux prochaines années, l’Association des Jeunes Avocats Sénégalais (AJAS). Je mesure pleinement la solennité et la responsabilité attachées à cette fonction. Mais je suis rassuré par l'engagement de mon bureau ainsi que par le soutien constant des jeunes confrères de notre Barreau, qui constituent un véritable levier pour la réussite de notre mandat.
Quelles sont, selon vous, les principales difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes avocats ?
Contrairement à l’image perçue de l’extérieur, le jeune avocat fait face à des difficultés multiples et profondes, souvent invisibles au grand public.
Il s’agit d’abord de la précarité économique dans laquelle beaucoup évoluent, l’absence d’un accompagnement institutionnel à l’installation. De nombreux cabinets fonctionnent sans aide publique, alors que les charges professionnelles sont particulièrement lourdes. Le manque de dispositifs fiscaux incitatifs aggrave encore cette précarité et ne facilite pas l’installation des jeunes confrères.
Ensuite, l’accès restreint aux opportunités professionnelles constitue un obstacle majeur : la concurrence croissante sur un marché du droit saturé, l’absence de spécialisation valorisée et l’inégalité d’accès à certains contentieux à haute valeur ajoutée marginalisent les jeunes confrères. A cela s’ajoutent des conditions matérielles d’exercice difficiles, ainsi qu’un accès limité à des ressources documentaires et technologiques à jour.
Enfin, la pénurie de formations continues post-CAPA représente un déficit structurel. Une fois le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat obtenu, très peu de programmes structurés accompagnent les jeunes confrères dans la consolidation de leurs compétences pratiques, notamment en gestion de cabinet, fiscalité ou en gestion et fidélisation de la clientèle.
Quelles sont les priorités de votre mandat ?
Notre ambition est de faire de l’AJAS une association dynamique, solidaire, formatrice et influente, pleinement ancrée dans les réalités du jeune avocat sénégalais. Nos priorités s’articuleront autour de plusieurs axes stratégiques :
- Le renforcement des capacités professionnelles des jeunes confrères à travers des formations techniques et pratiques adaptées ;
- L’amélioration des conditions d’exercice, notamment en militant pour la mise en place de dispositifs de soutien à l’installation et à la protection sociale des jeunes avocats ;
- Le développement de partenariats institutionnels et internationaux, afin d’ouvrir davantage de perspectives professionnelles à nos membres ;
- La diversification des services rendus à la communauté juridique, pour faire de l’AJAS un acteur incontournable du Barreau et de la société civile.
Nous voulons inscrire notre action dans la durée, en construisant des solutions pérennes aux difficultés structurelles que rencontrent les jeunes avocats, avec pour seule boussole : l’intérêt général de la profession. Nous saurons compter également sur notre Ordre, incarné par notre Bâtonnier et les membres du Conseil de l’Ordre.