« Il ne faudrait pas qu’on ait l’impression d’une parodie de procès »
Le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj, invité de « Objection » sur Sud Fm, a apprécié le traitement du dossier Hissène Habré. C’est pour exprimer une gêne par rapport à l’argent tiré par Habré du Trésor tchadien et ramené au Sénégal.
«Je suis gêné, très gêné. Parce qu’il y a beaucoup de choses qui ne collent pas. J’ai l’impression que c’est un échafaudage tout simplement, même s’il y a un besoin de justice, que les crimes ne doivent pas rester impunis», avance Mouhamadou Mbodj. A l’en croire, «dans la production de la réponse face à des cas comme Habré, il va falloir s’interroger sur l’efficacité de nos systèmes et la capacité des gouvernances africaines à produire, même si on conteste le primat de la CPI (Cour pénale internationale), des juridictions pénales internationales, il nous faut réfléchir sur les faiblesses de ce qui s’est passé».
Selon le coordonnateur du Forum civil, on ne peut pas être seulement porteur de position, il faut du recul. «Comment peut-on entendre des avocats dire que, dans le procès, on ne posera pas telle question sur l’argent détourné ?», se demande-t-il, puis d’ajouter, à propos de ceux qui invoquent la prescription : «est-ce qu’ils ont compulsé les outils aujourd’hui, comme la convention des Nations-Unies contre la corruption, qui parle d’enrichissement illicite, mais aussi la convention de l’Union Africaine. Pour pouvoir avancer de telles affirmations ? »
Dans ce dossier Hissène Habré, Mouhamadou Mbodj estime que «c’est une affaire de souveraineté du peuple tchadien, seul habilité à déterminer l’agenda du procès de son ancien président. Les Sénégalais devraient avoir un peu de retenue quelles que soient les postures qu’ils assument dans ce procès. Il ne faudrait pas qu’on ait l’impression d’une parodie de procès. Quand on reste sur une stratégie d’évitement des questions de l’argent tiré par Habré du trésor tchadien et ramené ici, cela donne un malaise à ceux qui ont un besoin de justice