Publié le 27 Nov 2018 - 12:14
NECROLOGIE

Baudin rejoint  Serigne Saliou

 

Elégant, courtois, taquin, généreux, la mise toujours correcte, ferme quand il le faut, tels étaient, entre autres traits caractéristiques de Jacques Baudin, arraché, hier, à l’affection du peuple sénégalais. Le défunt a été le premier ministre de l’Environnement du Sénégal, le dernier ministre des Affaires étrangères d’Abdou Diouf.

 

Dakar avait son maire. Diourbel avait le sien. Dans cette capitale du Baol, ils étaient nombreux à vouloir lui rendre un dernier hommage, espérant qu’il serait enterré au cimetière musulman de Keur Goumack, conformément à sa volonté. Hélas, ils n’auront pas un tel privilège. La famille en a décidé autrement.

Arraché, hier, à l’affection des siens et de la population sénégalaise toute entière, Jacques Baudin a été le premier Sénégalais ministre de l’Environnement (1990) en plus d’être le dernier ministre des Affaires étrangères d’Abdou Diouf. Des sources proches de la famille renseignent que ‘’la levée du corps aura lieu ce matin  à Dakar, suivie de l’enterrement à Yoff. La cérémonie du 8e jour va cependant se dérouler à Diourbel’’.

C’est qu’au Sénégal, il est difficile de parler de Jacques Baudin sans penser à son Diourbel natal, où il a été à trois reprises élu maire, deux fois sous le régime socialiste et une autre fois sous le régime libéral, en 2009. En effet, c’est le 23 avril de cette même année que le socialiste a pris sa revanche sur le pouvoir libéral, remportant haut la main les rênes de la commune qui l’a vu naitre. Signataire du manifeste de la tenue du procès de Hissène Habré, il était aussi respecté pour sa notoriété dans la capitale du Baol certes, mais aussi pour ses grandes qualités humaines. Conscient de son poids électoral, le régime libéral n’a d’ailleurs eu de cesse de le courtiser.

Le 15 juin 2010, Khouraichi Thiam, alors  ministre de l’Economie maritime, en compagnie d’Aminata Tall, à l’époque secrétaire générale de la présidence, l’invitait solennellement en ces termes : ‘’J’aimerais bien le voir dans le gouvernement d’Abdoulaye Wade et je le lui ai dit. Cela ne dépend que de lui. S’il le voulait, à l’instant, on irait voir le président de la République pour qu’il le mette dans son cabinet.’’ Monsieur Thiam estimait, en effet, que le responsable socialiste perdait son temps au Ps. D’une courtoisie légendaire, ce dernier n’a pas daigné répondre à ces sollicitations faites publiquement. Il est resté constant et engagé jusque dans sa tombe.

Sur le plan professionnel, Jacques Baudin avait, avant d’embrasser la fonction d’avocat, exercé en tant que magistrat, après de brillantes études en droit. En tant qu’avocat, il faisait beaucoup d’actions sociales en défendant gracieusement la cause des plus faibles. Sa maison, d’ailleurs, ne désemplissait presque jamais. Très taquin, il était un homme d’une joie contagieuse, gentil avec tout le monde, rapportent ses anciens administrés. Faly Diop Ndiaye, ancien secrétaire général de la mairie, de témoigner : ‘’C’est un homme exceptionnel. Un homme de cœur et de raison qui, partout où il est passé, a laissé une marque indélébile.’’ Converti à l’islam, il porta le nom de Serigne Saliou Mbacké. D’ailleurs, c’est lui qui a rétrocédé la maison maternelle du défunt khalife général des mourides, une propriété coloniale, au défunt marabout, en payant la somme de 523 000 F Cfa.

Son règne à la tête de la municipalité a aussi été marqué par de nombreuses réalisations qui font aujourd’hui la fierté de toute une commune.

Djiby Yacine Guèye (Diourbel)

 

Section: