Publié le 1 Apr 2016 - 00:22
NEGOCIATIONS AVEC LE SAES

Mary Teuw Niane menace les enseignants

 

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’a pas caché hier son amertume à l’égard des enseignants du supérieur décidés à porter plainte contre l’Etat, après plusieurs jours de négociations sur leurs points de revendications. Brandissant des menaces, Mary Teuw Niane a ainsi rappelé aux universitaires leur devoir d’enseigner. Car selon lui, le gouvernement a décaissé plus de 300 milliards de francs CFA pour satisfaire leurs doléances.

 

Rien ne va plus entre le gouvernement et le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes). La rencontre avant-hier entre les deux parties semble ne pas aboutir à du concret. Car, après la sortie du Saes annonçant son intention de porter plainte contre l’Etat, Mary Teuw Niane a tenu hier à son tour une conférence de presse dans les locaux de son ministère pour faire son compte-rendu des multiples négociations avec ces derniers. Et les choses sont loin de s’arranger entre les acteurs. Autant dire qu’un affrontement se dessine entre les deux protagonistes.     

Le ministre n’y est pas ainsi allé par quatre chemins pour cracher ses vérités aux enseignants. Il a réitéré ainsi son refus d’appliquer la loi sur la réforme des titres et des grades votée et promulguée depuis février 2016. Et cela, selon lui, tant que le Saes ne s’engagera pas à ‘’rattraper son retard’’ noté dans les enseignements du fait de ses mouvements d’humeur. Mary Teuw Niane se veut d’ailleurs clair avec ces derniers : ‘’Il n’est plus question qu’une session unique ou une année invalide ait lieu à l’Université à cause de grèves répétitives et injustifiées des enseignants.’’

Ainsi, le ministre met les universitaires devant leurs responsabilités entre ‘’enseigner ou bien décider de poursuivre une grève qui n’a aucun fondement revendicatif’’. De son côté, il assure que le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires afin que ‘’les cours se déroulent normalement et que les blocages des enseignements soient levés’’. Rappelant le droit sacro-saint des étudiants à recevoir des enseignants des cours, l’ancien Recteur de l’Université Gaston Berger invite les professeurs à revenir à la raison. ‘’Nous en appelons au sens des responsabilités, particulièrement des enseignants du Supérieur animés uniquement par le souci de servir leur pays’’, a-t-il lancé.       

210 postes de recrutement créés

Selon le ministre, le gouvernement a injecté un peu plus de 300 milliards de francs CFA pour satisfaire la plate-forme revendicative du SAES. Des mesures financières qui, à ses yeux, constituent ‘’un effort sans précédent’’ de la part de l’Etat pour lever le blocage des enseignements dans le supérieur. S’agissant ainsi du relèvement de la prime académique spéciale, le gouvernement, à en croire le ministre, a proposé une augmentation de 50 mille F CFA par mois pour un coût de 950 millions de F CFA. Une mesure que le SAES a vite désapprouvée en annonçant une plainte contre l’Etat du Sénégal. En plus de la construction des cités des enseignants en cours, Mary Teuw Niane renseigne que le marché, pour la construction de la case des Tout-petits et école élémentaire de la Cité des enseignants à Dakar, est déjà attribué.

Le Professeur a aussi fait état de l’avancement du projet de réforme sur la retraite des enseignants. ‘’La procédure de révision du système de retraite est en cours et concerne tous les agents de l’Etat en général et ceux du supérieur en particulier’’, a-t-il fait savoir. Et le ministre d’annoncer : ‘’Une conférence sociale sera tenue en avril 2016, à l’initiative du ministère chargé du Travail, pour valider le nouveau système de retraite’’.

L’autre point négocié avec le SAES porte sur le transfert et la prise en charge médicale. Ainsi, pour les évacuations sanitaires, les agents et le personnel des institutions d’enseignement supérieur seront désormais, d’après lui, pris en charge par le Conseil de santé du ministre en charge de la Fonction publique. ‘’100 millions de F CFA sont dégagés pour la prise en charge des titres de transport’’, a-t-il ajouté. Pour l’accès à la propriété bâtie, le Pr Niane apprend également que 300 millions de nos francs ont été virés dans les comptes de l’UCAD. Cet argent vise à porter les prêts DMC de 2 à 5 millions de F CFA. A l’en croire, les efforts consentis par l’Etat sur le volet social s’élève à plus de 8,95 milliards de F CFA.  

Outre les questions sociales, le ministre a aussi exposé la réponse du gouvernement à la revendication d’ordre pédagogique des enseignants chercheurs. D’après lui, le gouvernement s’est engagé à sécuriser les salaires, les indemnités et les voyages d’études des personnels sur toute l’année. Dans ce sens, ‘’les budgets des universités ont été augmentés en 2016’’ pour un montant global évalué à plus de 12 milliards de F CFA. S’agissant ensuite du programme de recrutement, il révèle que 210 postes d’enseignants chercheurs ont été créés. ‘’Les recrutements sont en cours’’, a-t-il indiqué.

Pour la mise en place de la plate-forme de recherche exigée par les universitaires, le ministre rassure aussi à ce niveau. Selon lui, des laboratoires mutualisés sont prévus à la Cité du savoir dont les travaux de construction ont déjà démarré. ‘’Ces laboratoires vont accueillir des équipements lourds que tous les chercheurs pourront utiliser’’, a-t-il garanti. Aux jeux de Pr Mary Teuw Niane, la mise en place de cet équipement permettra aux chercheurs sénégalais de ne plus dépendre de l’extérieur pour certaines analyses. Et le ministre d’en donner l’assurance : ‘’Le premier maillon est le centre de microscopie électronique dont les équipements sont déjà commandés pour une valeur de 780 millions de F CFA. D’autres suivront’’.

Quant au point relatif à l’amélioration de l’environnement des campus pédagogiques et de l’accès au TIC, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche précise aussi que pas moins d’un milliard est prévu pour satisfaire aussi cette exigence du SAES.  Autant d’efforts qui, aux yeux du ministre, méritent que le SAES revienne à de meilleurs sentiments.

MAMADOU DIALLO

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