Macky Sall déroute Idy, Pape Diop, Gackou et Abdoulaye Baldé
En décidant de se soumettre à l’avis du Conseil constitutionnel et donc de convoquer la prochaine élection présidentielle en 2019, le président de la République, Macky Sall, déroute ses adversaires politiques. Notamment Idrissa Seck, Pape Diop, Malick Gackou et Abdoulaye Baldé qui étaient déjà en plein dans la campagne électorale.
Si le ‘’maintien’’ du septennat a attiré sur le président de la République les tirs nourris de certaines franges de la classe politique, de la société civile et des citoyens sénégalais, il a cependant son côté positif pour le régime. Il a tout simplement le mérite d’avoir dérouté certains des plus redoutables adversaires politiques de Macky Sall qui étaient déjà en plein dans la campagne électorale en perspective de 2017. Idrissa Seck, Malick Gackou, Pape Diop et Abdoulaye Baldé semblaient déjà prendre de la distance sur le président de la République occupé par ses missions régaliennes pour la satisfaction des besoins des Sénégalais, dans un contexte national très complexe et très difficile.
Macky Sall a beaucoup à faire pour voir ses investissements porter leurs fruits avant la prochaine présidentielle pour au moins espérer un deuxième mandat. Ainsi, en décidant de se soumettre à l’avis du Conseil constitutionnel qui lui ‘’interdit’’ de réduire son mandat en cours de 7 à 5 ans, le président de l’Alliance pour la République (Apr) coupe l’herbe sous les pieds de ses adversaires politiques, redistribue les cartes et devient le maître du jeu politique.
‘’Idy sur les traces de Macky’’
Déjà le leader de Rewmi, Idrissa Seck, était résolument sur les traces du président de la République qui, après avoir consommé sa rupture avec le Parti démocratique sénégalais (Pds), a mis sur pied sa propre formation politique avant d’aller à l’assaut du monde rural.
Après une courte pause, pendant l’hivernage, Idrissa Seck a repris récemment ses tournées qui l’ont déjà conduit dans les 16 communes du département de Pikine et dans les 5 communes du département de Guédiawaye. Si le discours à la Nation de la semaine dernière du président de la République pose une nouvelle donne, le président de Rewmi ne compte pas pour autant renoncer à ses activités du moment. ‘’Nous allons continuer à descendre sur le terrain. Cela ne nous fera pas arrêter, nous irons voir les Sénégalais où qu’ils soient’’, a déclaré récemment Idrissa Seck.
Dissident du Parti démocratique sénégalais (Pds) lors des dernières élections législatives de 2012, Pape Diop l’ancien président du Sénat a lui tout à faire dans le monde rural, après avoir mis sur pied sa propre formation politique : la Convergence démocratique/bokk gis gis (Cd/Bgg). C’est pourquoi il multiplie les descentes sur le terrain depuis un bon moment pour être en contact avec les réalités du pays et implanter ses bases. Alors que beaucoup pensaient que le président de la République allait procéder à la réduction de son mandat de 7 à 5 ans et de se l’appliquer dans son mandat en cours et donc convoquer l’élection présidentielle en 2017, le leader de la Cd/Bgg a sûrement voulu prendre de la longueur sur ses adversaires politiques en étalant son réseau politique d’abord dans les capitales régionales du pays. On a vu Pape Diop battre campagne jusque dans les départements de Kaffrine, Koungueul, Mbirkilane, Gossas, avant d’aller à Ngembé, Diogo, Darou Khoudoss, Taïf, Tivaouane, Diander, Touba, Ndiassane, Thianaba et Porokhane.
L’ancien maire de Dakar, tout comme son ancien frère de parti, Macky Sall, est également allé à la rencontre de la diaspora sénégalaise établie en France, en Italie, aux Etats-Unis, en Espagne, et un peu partout à travers le monde.
Dans la même situation que son ancien compagnon dans la Cd/Bgg, Abdoulaye Baldé qui, entre-temps, a mis sur pied sa propre formation politique, avait lui aussi besoin de battre une campagne de notoriété auprès des masses à travers une tournée nationale. Ainsi, en perspective de l’élection présidentielle qui, finalement se tiendra en 2019 au lieu de 2017, Abdoulaye Baldé était dans une vaste opération d’implantation de ses bases et de massification de son parti à travers une stratégie de sensibilisation des militants.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que le président de l’Union centriste du Sénégal a sillonné un peu partout le territoire national avec une tournée entamée d’abord dans son fief, à Ziguinchor. Et qui s’est poursuivie dans le centre du pays, notamment au Saloum où il a investi les zones de Kaolack et Kahone. ‘’Nous voulons sensibiliser les militants de notre parti, renforcer l'unité dans le parti, mobiliser les bases dans la vente des cartes et le montage des sections pour aller en rang serré aux prochaines échéances électorales'', a déclaré le leader de l’Ucs qui mène ces mêmes opérations d’installation de ses bases, de sensibilisation et de mobilisation de ses militants aussi bien en Afrique qu’en Europe et aux États-Unis. En France récemment, il a même été reçu par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade par ailleurs son ex-mentor.
‘’Gackou entre massification et démantèlement des bases de l’Afp’’
Entré entre-temps en clash avec son mentor Moustapha Niasse sur la question de la candidature à la prochaine élection présidentielle, Malick Gackou a tout bonnement claqué la porte de l’Alliance des forces du progrès (Afp) avant de mettre sur pied sa propre formation politique. Avec comme ambition de briguer le suffrage des Sénégalais à la prochaine élection présidentielle, le leader du Grand parti (Gp) a très vite adopté une stratégie de démantèlement des bases de l’Afp. C’est ainsi qu’il multiplie les opérations de débauchage de militants et responsables progressistes d’abord à Linguère (région de Louga), où il a décroché le soutien de Bérouba Guissé, l’un des 16 cadres de l’Afp exclus du parti de Moustapha Niasse.
A Kaffrine, dans le Ndoucoumane, le désormais adversaire de Moustapha Niasse accueille dans son escarcelle des soutiens de taille : ceux de Ameth Saloum Dieng du Parti socialiste et de celle qu’on a toujours surnommée la lionne du Ndoucoumane. Jusqu’ici fidèle inconditionnelle de Moustapha Niasse, Mata Sy Diallo a décidé de tourner casaque d’abord pour dénoncer une injustice qu’elle a subie au sein de l’Afp et ensuite pour soutenir Malick Gackou dans sa stratégie d’implantation de ses bases et de massification de son parti dans la région de Kaolack. Ces mêmes opérations de débauchage et de massification se sont poursuivies presque dans toutes les localités du pays, à Tambacounda, Ziguinchor, Sédhiou, Touba, Saint-Louis, et même jusque dans le fief du président de la République, Macky Sall, Fatick, où il a réussi une démonstration de force
Si ces différents leaders de l’opposition avaient une longueur d’avance sur le régime en place, Macky Sall a repris la main, depuis qu’il a décidé de se conformer aux dispositions de la Constitution en vigueur qui fixent la prochaine présidentielle en 2019.
Mais pour autant, les jeux ne sont encore faits, dès lors que trois longues années nous séparent encore de la prochaine présidentielle.
ASSANE MBAYE