Note sur la tactique à portée stratégique dans le camp souverainiste
Notre camp souverainiste a gagné l’étape de la prise du pouvoir par les urnes suite à une résistance et une lutte contre l’État hors la loi qui a exigé de la détermination, de l’ingéniosité, de l’inventivité adaptative au rapport évolutif des forces et qui a subi des martyrs, des handicapés, des blessés, des prisonniers politiques.
Le camp souverainiste se compose et se divise en trois tendances politiques représentants des classes sociales aux intérêts de classes spécifiques :
- Tendance libérale mondialiste représentant la bourgeoisie et la petite bourgeoisie nationale qui considère le privé comme principal voire seul pourvoyeur d’emplois ainsi que l’industrialisation et bénéficiaire des renégociations des « accords de coopération » sexagénaires et des contrats léonins sur les richesses minières ;
- Tendance conservatrice libérale mondialiste représentant la petite bourgeoisie et la bourgeoisie et/ou les propriétaires terriens féodaux qui partagent le même économisme mondialiste mais y associent une opposition aux diktats sociétaux (féminisme colonial assimilationniste sur l’égalité homme/femme, la parité, la polygamie, l’homosexualité, etc.) des impérialistes ;
- Tendance révolutionnaire de gauche et/ou communiste représentant les classes laborieuses, principalement ouvrière œuvrant à ce que ces classes populaires, qui sont les forces sociales réelles et la base des luttes souverainistes, ne soient pas que des forces d’appui et d’appoint mais soient participatives.
Le vote du 24 mars 24 a une portée d’étape dans la marche historique du peuple vers l’obtention de la souveraineté nationale. Mais l’État dont a hérité le pouvoir souverainiste est néocolonial et fortement intégré dans la mondialisation libérale hégémonique de l’Occident impérialiste US/UE/OTAN.
Comment accompagner le nouveau pouvoir pour briser l’État hors la loi et réformer l’État néocolonial dans la direction de l’État souverain ?
Nous devons lutter pour obtenir une égale dignité d’expression sur la base de « l’unité, critique, unité » au sein du camp souverainiste et dans ce cadre :
- œuvrer à l’expression des besoins des masses laborieuses pour favoriser l’expression transparente de la mal-gouvernance néocoloniale des gouvernants passés, notamment de l’État hors la loi qui a été chassé dans les urnes et favoriser, y compris par des propositions, la résolution progressive des revendications populaires;
- Ce travail militant et législatif permet de maintenir la liaison du camp souverainiste avec les masses, liaison indispensable pour lutter à la fois contre des impatiences qui peuvent être manipuler par le néocolonialisme et les conscientiser sur la nécessité qu’elles soient actrices du changement en cours ;
- Ce travail militant et législatif doit aussi favoriser, tout en préservant le « nous sommes ensemble » des trois courants souverainistes, la réémergence progressive d’une avant-garde ouvrière et populaire qui sera l’expression politique de « notre différence » dans l’unité de notre camp souverainiste;
- Concrètement la pratique de « l’unité, critique, unité » doit centrer son objectif actuel afin d’obtenir le 1er congrès et de fusion de Pastef/Les Patriotes pour préparer les législatives prochaines, remettre au centre du processus démocratique le parti-front avant les législatives et réduire à terme le présidentialisme dominant y compris dans notre camp souverainiste ;
- Le congrès avant les législatives est important pour éviter « l’Etat-parti » parce que sans être le « parti-Etat », c’est le parti qui doit être le lieu pour décider si on y va seul ou en coalition et pour décider sur la base de la démocratie interne les candidats départementaux et la liste nationale qui doit refléter proportionnellement les trois tendances et les partis fusionnants, ce qui fait, au vu de la réalité évolutive aujourd’hui, que 10 % de députés révolutionnaires du camp souverainiste est raisonnable ;
- Dans cette étape de consolidation de la victoire présidentielle, l’expérience militante et législative inédite au Sénégal d’être à la fois dans le camp souverainiste et porter les revendications populaires pour contribuer à assainir, consolider la victoire dans l’État et contrôler l’action gouvernementale, exige qu’il faut expliquer, expliquer, expliquer pour convaincre les militants et les populations en plus des victimes d’hier dont nous portons les revendications ou dont on organise les luttes à la fois de la patience à avoir et de leur rôle d’intervention autonome responsable dans la vie publique ;
- Nous devons expliquer que ce n’est pas contre mais pour consolider la victoire présidentielle en aidant par l’action militante et législative ou celles des masses à assainir l’appareil d’Etat au-delà de sa structure, de son essence néocoloniale en plus et au-delà des audits et exhumations des rapports des corps de contrôle de l’État (OFNAC, Cour des Compte, IGE, IGF, etc.) en cours ;
- Il est clair que les forces défaites par notre victoire ne vont pas rester les bras croisés. Par exemple, va se poser à termes dans les « renégociations des contrats », dans « l’UEMOA/CEDEAO » des contradictions et des tensions entre l’orientation souverainiste portée par notre nouveau pouvoir et les 600 entreprises impérialistes françaises qui contrôlent notre économie et les pouvoirs néocoloniaux de l’UEMOA/CEDEAO.
- Nous devons par cette liaison avec les masses, notamment à travers les structures de base, les mouvements jeunes, femmes, etc. de Pastef/Les Patriotes, nos députés mais aussi les OSC, syndicats où sont engagés nos militants dans le respect de leurs instances démocratiques de décision, être en capacité de réaliser, si besoin, l’exploit du peuple du Niger, lequel pendant plus de 6 mois à encercler les bases militaires et l’ambassade français à Niamey mobilisant plus d’un million de Nigériens à tour de rôle. Cette action citoyenne démontre que c’est le peuple qui exige leur départ au-delà mêmes des nouvelles autorités d’État de la Transition ; Voyant cela, les USA viennent d’accepter de faire partir leurs bases de drones au Rwanda.
Toutes les tendances de notre camp souverainiste doivent se convaincre que sans le peuple, sans son implication, sa participation, sa mobilisation, nous ne pourrons atteindre l’objectif de rendre véritablement souverain notre pays. Tout se fera avec et pas sans le peuple, la tâche est donc de rendre permanente la liaison avec les classes laborieuses, avec le peuple tout en s’érigeant force de propositions vis-à-vis de notre pouvoir souverainiste.
Tels sont les axes principaux du travail d’étape à gérer à la fois avec fermeté et souplesse au-delà des incompréhensions suscitées par ci par là en raison de l’originalité de notre action de soutien critique et parfois des adversités à traiter dans le cadre des contradictions secondaires, voire actuellement non antagonistes dans notre camp souverainiste.
Par Diagne Fodé Roland