''Faut! pas forcer'' contre la candidature de Wade
''Les fils de ce pays sont tués en Casamance tandis que l'autorité n'est préoccupée que par la dilapidation des ressources de l’État, des poses de première pierre où par des inaugurations''. C'est l'un des propos soutenu par le mouvement ''Y en a marre'' au cours d'une conférence de presse tenue hier à Dakar. La rencontre a servi de prétexte pour présenter au public un single intitulé ''Faut! pas forcer'' et adressé au président Wade dont il dénonce l'entêtement à briguer un troisième mandat d'affilée.
D'où leur responsabilité de lui ''barrer la route avant qu'il ne soit trop tard''. A cet effet, ce produit artistique, extrait d'une compilation de 15 titres, est considéré comme ''une contribution au combat du peuple sénégalais'' contre le président sortant.
Cette chanson est une reprise du tube ''ça va péter'' du groupe de rap Pee frois qui, déjà en 2003, lançait un avertissement aux autorités politiques, ont expliqué les leaders de Y en a marre. Les paroles de ce single interprété par les rappeurs Xuman, Kilifeu et Simon, sont poignantes, sévères parfois ironiques ou menaçantes, le tout sous un refrain évocateur. Exemples : ''Abdoulaye! Faut pas forcer, je le jure faut pas forcer, Abdoulaye! Respecte ta parole, je le jure faut pas forcer...''. Le couplet n'en est pas moins ravageur comme en témoignent les écrits de Kilifeu : ''...on sera présent oh vieux voyou, tu ne pourras affronter un peuple debout, tu as pillé nos biens et tu veux emporter le dernier centime, on va te l'arracher avant que tu nous dépouilles''.
Dans ce registre contestataire, Y en a marre s'apprête à prendre part au ''Congrès du peuple'' prévu ce vendredi à la Place de l'Obélisque. ''Le 23 décembre fait partie de ces jours de la vie d'une nation où ne rien faire s'assimile à une trahison'', ont indiqué Fadel Barro et Cie pour qui les Sénégalais doivent prendre en charge la bataille pour l'invalidation de la candidature d'Abdoulaye Wade. Sous cet angle, ont-il ajouté, il ne s'agit pas d'attendre la décision du Conseil constitutionnel.
Interpellé sur la crise qui a secoué Benno Siggil Senegaal, Y en a marre n'a pas pris de gants : ''on s'en fout !'', ont-ils répondu, acides, dénonçant au passage l'exclusion par les partis politiques de la majorité des Sénégalais de la gestion du pays. ''Benno a fait croire que c'était possible (la candidature unique, NDLR), mais le résultat est là, chacun cherche son intérêt personnel... Si ce n'est pas Benno, ce sont des milliards entre Macky Sall et Idrissa Seck'', ont laissé entendre les rappeurs.
Par ailleurs, pour offrir aux Sénégalais un espace d'échanges et combler le déficit d'information sur le mouvement, Y en a marre a lancé son site internet www.yenamarre-senegal.com.
Antoine DE PADOU