Aucune preuve que Barthélémy Dias a tué
En exécution de la délégation judiciaire en date de 3 janvier 2012, le commissaire de Police, chef de la Sûreté urbaine de Dakar, vient de lui faire parvenir ses conclusions dans le cadre de l'affaire de la mort de Ndiaga Diouf, supposé avoir été tué le 22 décembre dernier, par le maire de Sicap Sacré-Cœur-Mermoz arrêté et placé sous mandat de dépôt pour ces faits. Mais surprise, les éléments du dossier ne prouvent pas encore la culpabilité de Dias-fils... Loin de là...
Le dossier qui a accompagné la présentation devant le Procureur de Barthélémy Dias, n'avait pas identifié toutes les pièces d'un puzzle difficile à reconstituer. Mais les éléments d'enquête contenus dans la Délégation judiciaire prouvent que non seulement l'expédition punitive contre le maire de Sicap Mermoz-Sacré-Cœur a non seulement été bien planifiée, mais encore, des éléments appartenant à la garde rapprochée du Président Wade font partie du coup. Ce sont là les seuls éléments tangibles du dossier, à la lumière des informations sûres. Pour le reste, ou encore l'essentiel, aucune preuve que Barthélémy Dias a effectivement tué, n'a été apportée, selon des sources judiciaires proches de l'enquête. Les éléments contenus dans le rapport de la Division de la Police technique et scientifique transmis à la Police le 19 janvier dernier, égrènent un chapelet d'impasses. Parmi les différents étuis de 9 mm et 8 mm de calibre, extraits du corps de Balla Diouf (un seul étui) et des corps de plusieurs blessés à l'image de Cheikh Diop, Malick Thiombane, Pape Leyti Bâ, seuls les étuis de calibre de 9 mm proviennent du pistolet de marque Taurus Pt 917 Cs Tvl 11733 appartenant effectivement à Jean-Paul Dias. L'examen de la balle Wad Cutter extraite du corps de Ndiaga Diouf prouve bien que c'est le même revolver qui a blessé plusieurs nervis, qui a tué Ndiaga Diouf. Le rapport d'expertise médico-légale, dressée par le Pr. Victorino Mendès, Professeur titulaire au service d'anatomie et de cytologie pathologique du pavillon Bichât de l'hôpital Aristide Le Dantec, renseigne bien que «la victime est morte de manière violente par hémorragie interne et externe en relation avec une plaie pariétale et des plaies viscérales sans autres lésions de violences associées suite à des coups et blessures par arme à feu».
Perquisitions, auditions et plongées sous marines pour retrouver l'arme du crime
Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé que les limiers de la Sûreté urbaine de Dakar n'ont pas trouvé d'indices crédibles menant vers Barthélémy Dias. Instruit par le juge du premier cabinet, pour surtout «poursuivre leurs investigations en vue de retrouver la deuxième arme réelle de type revolver barillet qui serait détenue par Jean-Paul Dias», les enquêteurs se sont rendus jusqu'à Rufisque, suivant des indices d'un dénonciateur, pompiste de profession. Ce dernier a révélé à la Police avoir vu un homme prenant la direction de la mer, qui détenait par devers lui un sachet où était enveloppé un objet ressemblant à une arme à feu. Il déclare avoir vu l'homme jeter le sachet dans la mer, côté de la gare maritime de Rufisque. Ayant vu une photo de l'homme à la Une de l'Observateur, le pompiste s'est alors rendu à la Police centrale de Dakar pour donner ces éléments aux enquêteurs qui ont vite fait de procéder dès le 17 janvier 2012, entre 13 heures et 14 h 15 minutes, à une perquisition au domicile de Sylvain Doreigo à la Sicap Baobab, sans rien trouver de compromettant. Ce dernier a nié s'être rendu à la plage de Rufisque le 27 décembre 2011, comme l'a déclaré son accusateur. «Mais curieusement, la géolocalisation de son téléphone portable n'a pu être faite du fait que durant toute cette journée, il avait éteint son appareil», révèle une source judiciaire proche de l'enquête. Manque de pot ou coup de chance pour Dias, Sylvain Doreigo n'a pu être identifié durant la présentation à témoins. Il s'y ajoute, comme l'avait d'ailleurs révélé Libération, que la plongée sous marine des Sapeurs-Pompiers n'a servi à rien ; aucune arme à feu n'ayant été trouvée. A suivre...
BACHIR FOFANA