Publié le 23 Dec 2020 - 01:35
OPÉRATIONNALISATION DE LA ZLECAF

Le privé national veut un dialogue permanent avec l’Etat

 

Le secteur privé national souhaite sa contribution totale, en faveur d’un dialogue permanent avec l’Etat, autour d’un environnement des affaires favorable aux investissements ‘’indispensables’’, selon eux, notamment pour favoriser l’adoption d’une bonne politique commerciale, dans le cadre de l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) prévue en janvier 2021.

 

Le Sénégal se prépare, à l’instar des pays autres de l’Afrique, à l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui aura lieu dans quelques jours, précisément en janvier 2021. Dans ce sens, la grande session du Comité national des négociations commerciales internationales (CNNCI) a été tenue hier.  A cette occasion, le président de l’Union des prestataires, des industriels et des commerçants du Sénégal (Upic) a rappelé l’engagement politique des hautes autorités de l’Union africaine sur l’effectivité de la Zlecaf, conformément à la décision de la 13e Session extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine du 5 décembre 2020, de mettre en place un certain nombre d’instruments.

Il s’agit de l’adoption des fortes résolutions d’échanges commerciaux basés sur des règles d’origine et des listes de concessionnaires tarifaires arrêtées. Mais aussi de l’adaptation aux entraves réelles au commerce par une implantation d’instruments structurels tels que le portail des négociations en ligne ; le mécanisme de notification, de suivi et d’élimination des barrières non-tarifaires. Et également le système panafricain de paiements et de règlements et l’Observatoire africain du commerce. Le président de l’Upic indique que ces instruments doivent être ‘’très vite opérationnels’’ et démontrer leurs aptitudes à satisfaire les exigences d’échanges qui visent, sur le continent africain, plus d’efficacité commerciale, et au développement des exportations.

‘’Dans cette logique de co-construire la phase opérationnelle stratégique de la Zlecaf, nous, secteur privé national, souhaitons notre contribution totale en faveur d’un dialogue permanent avec l’Etat autour d’un environnement des affaires favorables aux investissements indispensables pour favoriser l’adoption d’une bonne politique commerciale, promouvoir un climat d’échanges commerciaux sur le continent très attractif, asseoir des mesures pratiques pour relever les défis majeurs axés sur les instruments et normes de régulations commerciales (antidumping, répressions des fraudes et contrefaçons, les accords sur les obstacles techniques de commerce (OTC) et les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), de restrictions, etc.’’, dit M. Seck.

Porter les échanges commerciaux intra-africains à 50 %

Sur le pas décisif de matérialiser la Zlecaf, le président de l’Upic estime que la forte mobilisation des acteurs publics comme privés autour des grandes questions d’amorçage, saura être plus que déterminante. Ainsi, cet acteur du privé soutient que l’engagement de tous sera de saisir les opportunités de porter les échanges commerciaux intra-africains de 16 % actuellement à 50 %. En plus, dans un contexte de crise économique et sanitaire avec la pandémie de la Covid-19, Amadou Seck notifie que la relance économique au Sénégal, avec le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2A) est orientée vers l’émergence du Sénégal en 2035, avec, au cœur de ses objectifs stratégiques, ‘’le développement d’un secteur privé national fort’’.

‘’A ce titre, la Zlecaf constitue, pour nos entreprises, un imminent cadre stratégique commercial pour investir un marché de 1,2 milliard d’habitants et un PIB de 2 500 milliards de dollars US. Avec un taux de croissance des échanges commerciaux estimé à 15,5 % à l’horizon 2022, nous devrons exploiter, renforcer, puis accroître les potentialités d’offres de biens et services de nos secteurs productifs à haute valeur ajoutée sur le marché Zlecaf, à fort impact sur la transformation structurelle de notre économie’’, renchérit-il.

Une stratégie de coopération commerciale en vue

Il convient également de souligner que la tutelle a initié l’élaboration d’un programme d’accompagnement et de mise à niveau des entreprises. ‘’Ce programme s’articule autour des priorités de la SN-Zlecaf qui devra permettre de soutenir les entreprises menacées, mais aussi de renforcer le potentiel existant. De même, une stratégie de coopération commerciale en vue de booster les échanges avec les partenaires majeurs en Afrique est en cours de formulation’’, annonce la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (PME). 

Cependant, Assome Aminata Diatta reconnait que l’adhésion du Sénégal à cette zone de libre-échange comporte aussi bien des opportunités que des défis et des menaces. ‘’C’est dans ce cadre que des études d’impact ont permis d’identifier les potentialités commerciales du Sénégal sur le plan continental ainsi que les facteurs à risque. C’est sur cette base que des flexibilités ont été négociées pour préserver certains produits susceptibles d’être menacés par la libéralisation. C’est la raison pour laquelle le ministère du Commerce avait invité toutes les entreprises concernées à contribuer à l’identification des produits sensibles ou des produits à exclure’’, affirme-t-elle.

A propos des produits sensibles et des menaces, le directeur du Commerce extérieur, Boubacar Mbodj, a précisé qu’il s’agit principalement des produits agroalimentaires. ‘’Dans le cadre de la libération des échanges, il y a la notion des produits exclus. On est d’avis que tout produit n’est pas libéralisable. Il y a des secteurs tellement sensibles qu’aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de nous confronter à une concurrence étrangère. Dans ce cadre, les Etats ont négocié pour qu’une proportion de 3 % des produits soit dans la liste d’exclusion. En ce qui nous concerne, l’essentiel de ces produits sont ceux qui étaient fortement taxés’’, rapporte-t-il.

Avec le Tarif extérieur commun (Tec), M. Mbodj rappelle qu’il y a une bande de 35 % qui réunit les produits très sensibles à la concurrence et généralement, ce sont les produits agroalimentaires. ‘’L’essentiel de ces produits sont dans la liste d’exclusion, de concert avec le secteur privé. Parce que c’est le secteur privé qui sera confronté à la libéralisation des échanges. Donc, c’est avec eux qu’on a dialogué et qu’on a pu identifier cette liste et mettre des produits. Il y a également une autre proportion de 7 % des produits qui sont sensibles. Ces derniers seront libéralisés, mais à la suite d’un différé de 5 ans. Cette liste de produits ne sera démentelable qu’à partir de 2026. Ceci pour une meilleure préparation du secteur privé national, des ajustements avant que le marché ne soit ouvert’’, ajoute-t-il. 

Mais le directeur du Commerce extérieur relève que le Sénégal des avantages comparatifs. C’est le cas du secteur de la minoterie où le Sénégal est autosuffisant.  ‘’Toute la demande de farine est satisfaite par nos entreprises. Mieux encore, ces entreprises exportent. Il y a aussi le secteur du ciment, des exportations de services. A ce niveau, on peut confirmer que le Sénégal a tout à gagner dans la mise en œuvre de cet accord’’, soutient-il.

Sur ce point la ministre du Commerce a signalé que les prestations de services les plus fournies à l’export par le Sénégal, cadrent parfaitement avec les secteurs de services prioritaires de la Zlecaf. Ce sont principalement les services fournis aux entreprises qui regroupent plusieurs secteurs : les services professionnels, les services informatiques, les services immobiliers et autres services aux entreprises. Ils sont suivis par les services de tourisme et voyages et de transports routiers.

MARIAMA DIEME

 

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