Publié le 1 Apr 2015 - 00:34
PANORAMA PAR IBRAHIMA KHALIL WADE

Le pds en eaux troubles

 

Souleymane Ndéné Ndiaye a donc  franchi le Rubicon. L’ancien premier ministre du dernier gouvernement de Me Abdoulaye Wade a en effet décidé de quitter le Pds, pour créer sa propre formation politique. ‘’Je serai candidat à la Présidentielle sous la bannière d’une autre formation politique. Je serai accompagné par des gens qui ont la même vision que moi. Ce sera une formation d’obédience libérale’’, a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Radio Futurs Médias.

Quelques jours auparavant, le 26 mars dernier pour être précis, Souleymane Ndéné Ndiaye déclarait dans les colonnes de votre journal qu’il serait candidat à la présidentielle de 2017, après  avoir qualifié de mascarade les primaires du Parti démocratique sénégalais, faisant de Karim Wade le candidat dudit parti. On sentait donc venir la rupture, surtout que l’ancien premier ministre a toujours martelé sa volonté de ne jamais être derrière ce  ‘’gosse’’ (Ndrl  Karim Wade). Aujourd’hui que la Crei a rendu son verdict sur le procès  du fils de l’ancien chef de l’Etat, le responsable libéral de Guinguinéo (ou de Kaolack) pense avoir les coudées franches, pour tisser sa propre toile. Une manière aussi pour lui de s’affranchir de la tutelle de Me Wade.

Se pose alors la question de savoir le nom du prochain responsable du Pds sur la liste de départ. Et s’il y a  un nom qui  vient tout de suite à l’esprit, c’est bien celui de la présidente du Conseil départemental de Bambey. Aïda Mbodj qui a battu le rappel des troupes ce week-end ne cache pas elle non plus son désir d’être candidate à la présidentielle de 2017.  D’ailleurs elle n’a pas manqué de qualifier de farce le fait d’investir un détenu en l’occurrence Karim Wade, candidat du Pds. Au rythme où vont les choses, le clash entre la Lionne de Bambey et Me Wade semble inéluctable.  Il en est de même pour Serigne Mbacké Ndiaye. L’ancien porte-parole du président Wade, qui a toujours œuvré pour des retrouvailles de la famille libérale et partant, d’une réconciliation entre le patron de l’Apr et le pape du Sopi, est lui aussi dans une logique de rompre les amarres avec le navire bleu. Le leader du mouvement dénommé ‘’Convergence libérale patriotique’’ n'exclut  pas d’ailleurs la possibilité de soutenir la candidature du président Macky Sall en 2017.

 Quid de Modou Diagne Fada ? L’actuel président du Conseil départemental de Kébémer et président du groupe parlementaire ‘’libéraux et démocrates’’ est en embuscade.  S’il n’a pas fait part  jusqu’ici de son intention de figurer sur la liste des challengers de Macky Sall en 2017, il a par contre affiché son désir de succéder à Me Wade à la tête du Pds. Un vœu qui risque de tomber à l’eau car il ne fait l’ombre d’aucun doute que le pape du Sopi manœuvre pour offrir sur un plateau d’argent la formation libérale à son prisonnier de fils. Et tous les actes qu’il pose vont dans ce sens. D’ailleurs le congrès du Pds prévu en août 2015 est renvoyé aux calendes grecques. Me Wade entend même sillonner les différentes régions du Sénégal pour convaincre les militants du bien fondé de la candidature de Karim Meissa Wade. Un vaste programme en perspective.

En attendant, le Pds va droit au sabordage car son leader (Me Wade), en misant trop et uniquement sur son fils, a mis le parti  dans une situation schizophrénique. Ce qui ne surprend pas car toute la stratégie du pape du Sopi était articulée autour de la libération de Karim Wade. Ce dernier a été condamné par la Crei et ses avocats ont vite fait de déposer un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Dans ces conditions, on voit mal le président de la République gracier Karim et ses codétenus. Il s’y ajoute qu’à deux ans de la présidentielle, Macky Sall qui a crié sur tous les toits la fin de l’impunité ne prendra jamais le risque de faire passer par pertes et profits les 138 milliards d’amende infligés à Karim Meissa Wade.

A dire vrai,  la Crei, en décidant du sort du fils de l’ancien chef de l’Etat, a aussi scellé celui du Pds. Et Aujourd’hui, c’est une lapalissade de dire que la course est ouverte pour la succession de Me Wade. Et que deux camps s’affrontent : les Karimistes et ‘’les légitimistes’’. Souleymane Ndéné Ndiaye a préféré lui battre en retraite, pour voler de ses propres ailes, et nul doute qu’il sera suivi par d’autres responsables de la première heure. C’est dire qu’il flotte comme un parfum de défections au Pds qui, il faut le reconnaître, marche sur la tête depuis qu’il a perdu le pouvoir un certain 25 mars 2015. En vérité, le Parti démocratique sénégalais (Pds) continue de se fissurer car, après Habib Sy, Serigne Mbacké Ndiaye, qui ont créé des courants, Pape Diop, Abdoulaye Baldé,  Thierno Lô et Aliou Sall qui ont mis sur pied leurs partis, et Ousmane Ngom qui a gelé ses activités, c'est au tour de l'ancien premier ministre du président Wade, Souleymane Ndené Ndiaye  de claquer la porte du père.

 IBRAHIMA KHALIL WADE

 

Section: