«Macky Sall ne mérite pas qu'on lui donne des conseils»
Pour le président de Démocratie citoyenne, c'est l'échappée solitaire dans ces législatives du 1er juillet, après la chute de l'allié Wade.
M. Abourizk, comment se porte votre parti, Démocratie citoyenne ?
Démocratie citoyenne se porte bien. D’ailleurs, pour ces élections, nous allons y aller seuls. Ce qui prouve que nous sommes présents dans les 45 départements du pays. Je ne suis pas allé en alliance parce que j’ai suffisamment de responsables (…) Nous ne disons pas que nous sommes majoritaires. Mais aujourd’hui, j’ai la fierté de dire que mon parti est présent sur tout le territoire sénégalais et dans les 45 départements. Je ne sais pas ce que Dieu me réserve, mais le 1er Juillet n’est plus très loin. On verra. Moi, j’avais envie de mesurer le travail que j’ai accompli depuis 2000 parce que le parti a été crée en l’an 2000, il a 12 ans d’âge et nous saurons si nous avons fait du bon travail ou pas. Mais, je ne pouvais pas me permettre d’amener avec moi des partis politiques qui me créeraient des problèmes dans ma formation.
Que faites-vous du Pds ?
Je vous dis que je n’ai jamais été du Pds. Je n’ai fait que soutenir le président Abdoulaye Wade. En outre, je ne veux plus me voir chassé par quelqu’un après un compagnonnage. Je n’ai pas attendu qu’Abdoulaye Wade demande à ses alliés de partir parce que pendant que l’on faisait la campagne électorale présidentielle, nous, nous étions sur le terrain en travaillant pour préparer nos listes. Nous avons été le premier parti politique à verser notre cautionnement et le deuxième parti à déposer ses dossiers. L’important, c’était si nous devions aller en coalition ou pas. Le parti a choisi de ne pas aller en coalition parce que nous nous sommes dit qu’un parti politique est fait pour conquérir le pouvoir par la voie démocratique.
Vous attendez-vous à une Assemblée nationale de rupture ?
Ah oui ! Il ne faut absolument pas laisser le pouvoir actuel avoir une majorité. On va déployer tous les efforts que l’on peut pour empêcher une majorité pour le président de la République. Une chambre d’applaudissements, on n’en veut plus. D’autant plus que je ne crois pas du tout que Macky Sall fera mieux que Wade. Je le dis haut et fort : 100 présidents de la République passeront au Sénégal, aucun d’entre eux ne fera un dixième de ce que Wade a fait. Je ne suis pas wadiste, je ne suis pas wadien.
Êtes-vous pour ou contre les audits ?
Pour, mais pas en termes de châtiment de tous ceux qui ont volé. Vous savez, nous sommes des Sénégalais. Cela ne veut pas dire que celui qui vient au pouvoir peut dilapider les deniers publics sans risques d’être inquiété. Non, pas dans ce sens-là. Mais il faudrait que ça se passe avec une certaine éthique, une certaine démarche. Ces bavardages ne servent à rien. Je note aujourd’hui qu’il y a des velléités d’un système antidémocratique que l’on veut nous imposer.
C'est-à-dire ?
Quand le ministre de l’Intérieur affirme qu’il est d’accord pour que l’on supprime la CENA, cela me choque. Il a aussi dit qu’il n’est pas d’accord que l’on fasse venir des observateurs étrangers pour les élections législatives. Tout ça, c’est des velléités antidémocratiques. Donc, il faudra que l’on veille sérieusement et que l’on fasse très attention parce que nous nous connaissons tous dans ce pays. Tous les hommes politiques se connaissent.
Si vous aviez des conseils à donner à Macky Sall, quels seraient-ils ?
Je ne lui donnerai aucun conseil. C’est un président de la République qui a retroussé ses manches pour que les Sénégalais l’élisent. Il est élu, il n’a qu’à gérer. Il ne mérite pas qu’on lui donne des conseils. Mieux, je suis un opposant, je serai un opposant à Macky Sall pour la simple et bonne raison que je le considère comme un pur produit de Wade. Aujourd’hui, si on me demandait : est-ce que je soutiendrais Wade s’il revenait sur la scène politique ? Je répondrais non parce que je ne le soutiendrais plus. C’est fini.
Et si Macky Sall vous le demande, que ferez-vous ?
Il faut d’abord qu’il me le demande. Là, il aura sa réponse. S’il m’appelle, j’irai le voir. Il ne fera que parler où me donner. Je respecte le président de la République, mais je ne crois pas qu’il fera mieux que Wade et le mets dans le sac avec son équipe surtout avec les rats de palais qu’il a autour de lui. Il y en a beaucoup.
PROPOS RECUEILLIS PAR
PAPE MOUSSA GUÈYE