Bataille stratégique entre policiers et manifestants
Entamé dans le calme en milieu d'après-midi, hier, la manifestation s'est intensifiée vers 19 heures lorsque la police a chargé la foule à coups de grenades lacrymogènes. Puis, aux jets de pierres des contestataires, les forces de l'ordre répliquaient par des lacrymogènes et des tirs de balles à blanc, sur l'avenue Pompidou (ex-Ponty), à quelque deux-cent mètres de la place de l'Indépendance interdite de manifestation politique par le ministre de l'Intérieur.
Les contestataires ont ensuite investi différentes rues de Dakar-Plateau en scandant : ''Wade dégage'', ''Libérez le peuple'', tout en peaufinant des stratégies pour faire face ou échapper aux pièges de la police. Sur la rue Carnot, en face de la Zawiya El Hadji Malick Sy profanée vendredi par des policiers, un groupe de manifestants tente de faire diversion. Une voiture de la police est prise en chasse par les jeunes à coups de pierres poussant ses occupants à descendre du pick up pour se mettre à l'abri avant de riposter. Même scénario au rond-point Sandaga, un autre pick up de la police est prise en embuscade par les protestataires. Pris au piège, les hommes de tenue ont alors tiré à vue dans le tas blessant un jeune enfant.
Des rafles pour éviter les embuscades
Excédés par ce jeu du chat et de la souris, les policiers n'ont plus cherché à savoir qui est manifestant ou pas. Ils ont procédé à une rafle à Sandaga, Petersen, Reubeuss... De nombreux jeunes sont arrêtés et bastonnés. Comme si cela ne suffisait toujours pas, les forces de l'ordre ont procédé à des vérifications d'identité qui n'ont pas épargné les journalistes. Selon le colonel de police, Abdoulaye Diop, des manifestants ''utilisent les gilets'' des journalistes pour se fondre dans la masse.
MAMADOU LAMINE SANÉ