Latif Coulibaly liste les failles et manquements
Le ministre de la Culture, a présidé jeudi dernier, l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe de son département. Il est ressorti de cette dernière un taux d’investissement de 61,70 %. Un chiffre qui n’agrée pas Abdou Latif Coulibaly.
Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, n’est pas content de l’évaluation de son département. Apparemment irrité, il n’a pas caché son courroux et n’a pas été tendre avec ses administrés. On ne peut pas lui en vouloir, eu égard à certains des résultats réalisés en 2017 par les différentes directions du ministère de la Culture et présentés hier au Grand Théâtre au cours de l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe (Rac) 2018.
Ainsi, la Rac 2018 est articulée autour du bilan de l’année passée, mais aussi au suivi de la mise en œuvre de la première phase du Plan Sénégal émergent. Une quarantaine de participants issus du département de la Culture et des autres ministères techniques et partenaires ont pris part à cette rencontre. D’après le document remis à la presse, par rapport à la gestion financière du ministère de la Culture de 2017, il faut noter une exécution budgétaire de 92,20 % pour le fonctionnement, 100 % de transfert courant, 61,70 % investissement et 100 % dans le transfert en capitale. Le document renseigne qu’une partie, sur le titre de fonctionnement des ponctions, d’un montant de 1 354 064 282 F Cfa, a été faite par le service du ministère des Finances. Pour 2018, 22 723 099 F Cfa ont été repris.
Pour le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, ces résultats révèlent qu’il y a une "négligence" dans l’exécution du budget 2017. "Il y a un certain nombre de faits qui relevait plus des négligences parce qu’on n’a pas considéré à temps un certain nombre de tâches à faire qui auraient pu nous rendre encore beaucoup plus performants. Tout cela a été mis en évidence sans complaisance, mais avec un esprit de responsabilité", a-t-il indiqué.
Au registre des manquements notés, figurent les innovations majeures de la Biennale de l’art contemporain africain de Dakar, notamment du point de vue du développement du marché de l’art. Cela n’est pas pris en compte dans le rapport d’évaluation ainsi que les performances de la Direction du livre. Les performances réalisées par les centres culturels régionaux n’ont pas été prises en compte, parce qu’elles aussi n’ont pas suffisamment remonté les informations. La Sénégalaise du droit d’auteur et du droit voisin, également, a fait un bond de performance extrêmement important, avec le changement des catégories de droits et la mise en place de la nouvelle société des gestions de droits d’auteurs au Sénégal. Cela est absent du rapport. Ce n’est nullement la faute des évaluateurs, mais de ceux qui ont en charge ces départements. D’ailleurs, chacun d’entre eux a tenté, tant bien que mal, d’expliquer le pourquoi du comment. Le ministre, lui, retient qu’il y a eu probablement des omissions ou un manque de coordination entre les directions.
Les choses étant ce qu’elles sont déjà, la tutelle veut les changer en 2018. Ainsi seront activés les programmes sectoriels de planification pour chaque direction, chaque division afin de présenter un plan de planification général qui doit être systématique avec des objectifs bien précis et des indicateurs de performance. Il a aussi indiqué que des réaménagements internes du budget seront faits pour pouvoir donner quelques moyens supplémentaires à la Cellule d’études et de planification pour qu’elle soit "plus efficace et performante’’.
Par ailleurs, le ministère note que ‘‘le développement de l’économie de la culture ne doit pas être l’apanage d’un seul ministère’’. Il conviendrait, selon eux, d’envisager un cadre de concertations et de partenariat avec d’autres départements ministériels tels que le Tourisme, le Commerce et l’Artisanat, la Santé, les Affaires étrangères, la Jeunesse, etc. Avant cela, il faut établir des modalités de travail entre les directions et les cellules de passation de marchés pour une meilleure gestion des projets d’abord. Ce qui se fera, d’après M. Coulibaly. Il a invité, en conséquence, ses collaborateurs à s’inscrire dans une dynamique de planification opérationnelle et de mettre l’accent sur les points focaux au niveau des directions et services pour comprendre les enjeux, afin d’éviter les problèmes sur l’exécution du budget.
RETARD La soufflante d'Abdou Latif Coulibaly Les acteurs culturels et le respect de l’heure. C’est un véritable problème au Sénégal. Les rencontres culturelles ne commencent jamais à l’heure, même quand c’est la tutelle qui organise. Quand on s’en plaint, on est vu comme ‘’un journaliste trop exigeant’’ qui cherche toujours la petite bête. Et quand c’est le ministre de la Culture himself qui le fait, que diront ses administrés apparemment allergiques aux critiques ? Hier, lors de l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe du ministère de la Culture 2018, beaucoup de directeurs, dont celui de la Direction du livre, Ibrahima Lô, du Festival national des arts et de la culture, entre autres, sont arrivés après 9 h, heure à laquelle était prévue la rencontre. Abdou Latif Coulibaly était ponctuel et n’a pas compris le retard des autres. En sus de cela, certaines directions n’ont pas terminé le travail qui leur avait été confié. Tout cela l’a irrité et il ne l’a pas caché ou attendu une réunion interne pour le souligner. Il l’a fait en live. Il leur a reproché d’arriver en retard à un rendez-vous ‘’aussi important’’. Il a profité de l’occasion pour demander à ses collaborateurs de faire preuve de beaucoup plus de sérieux dans leur travail. ‘’Vous êtes en train de faire la revue annuelle, c’est-à-dire tout ce que nous avons fait toute l’année. Certains viennent une heure après le démarrage des travaux ; c’est une contre-performance. Alors qu’on a quasiment fini le travail de présentation. Le directeur du Grand Théâtre vient de se présenter dans la salle, alors que c’est lui qui devait nous accueillir. On doit être performant dans tout ce que l’on entreprend’’, s’est-il désolé. Selon le ministre, un tel comportement de leur part se répercute indubitablement sur le travail quotidien. ‘’Il y a un manque de rigueur et de professionnalisme dans ce que vous faites. Notre performance réside dans notre capacité à exécuter notre budget. Vous ne pouvez pas être en réunion à temps. Cela prouve qu’on ne peut pas faire le travail qu’il faut, si on ne l’a pas commencé le moment indiqué’’, s’est-il emporté. A juste titre, M. le Ministre. A juste titre. |
HABIBATOU WAGNE