Les femmes menacent de tomber le haut...
Tout de blanc vêtues, lors d'un grand rassemblement pacifique qui s'est tenu hier au Cices, les femmes de toutes obédiences religieuses, syndicales, sociales et politiques se sont constituées en bloc pour un retour au calme dans notre pays. Elles ont formulé des prières, délivré des messages de paix et exprimé une résolution ferme pour atteindre leurs objectifs.
Des voix déterminées de femmes leaders se sont confondues aux voix douces des épouses, mères, veuves, orphelines, affectées par les pertes en vies humaines occasionnées lors des dernières manifestations contre la candidature de Wade. Elles ont lancé, tour à tour, des cris pathétiques pour un apaisement de la tension actuelle.
Conformément à leur slogan, ''la paix est entre nos mains'', elles n'entendent pas lésiner sur les moyens pour arrêter la spirale de violences. Quitte, disent-elles, à battre le macadam et à s'inviter dans les manifestations des candidats à la présidentielle avec une approche singulière : se départir de leurs ''musoor'' et ''boubous'', à l'image de leurs sœurs de la Casamance. ''Nous sommes prêtes à le faire si c'est le seul moyen d'amener les hommes à la raison'', a souligné la présidente de l'Ong ''Femme Africa Solidarité'' (FAS), Mme Bineta Diop. Une invite qui a suscité l'assentiment d'une partie de l'assistance qui scandait ''Na gnu dem, na gnu dem'' (NDLR : allons-y !). ''Nous sommes prêtes à braver les lacrymogènes...''
En attendant de mettre en œuvre leur avertissement, ces ''soldats de la paix'', soutenues dans ce combat par leurs sœurs de la sous-région (Liberia, Ouganda, Guinée, Mali, Côte-d'ivoire, etc), ont décidé de mettre à contribution le président Olusegun Obasanjo à Dakar, mais aussi de mener un plaidoyer auprès des femmes leaders des partis politiques. Sous la bannière du FAS, elles n'écartent pas l'idée d'une jonction avec le mouvement ''Y en a marre'' en vue de poser les jalons d'un dialogue franc entre les différents acteurs du jeu politique.
En effet, pour la présidente d'honneur de l'Ong Faucus Parité, l'ancienne ministre socialiste, la magistrate Maïmouna Kane, s'il est important de fédérer les initiatives pour ''conjurer le mauvais sort'', il n'y a pas de secret pour instaurer la paix. ''Elle repose sur deux facteurs : la vérité et la justice. Dans ce pays, il est temps qu'on se dise la vérité. Toutes les parties prenantes doivent entendre raison et accepter de se parler si réellement leurs intentions sont de servir le pays''. Et pour Astou Kouyaté, comme pour toutes les femmes qui ont convergé en grand nombre à la Foire hier, ''il est temps de faire comprendre au peuple qu'il doit parler par les urnes et non par les explosifs.''
MATEL BOCOUM