L’équation du plan B
Dans la course à un éventuel plan B de Pastef, Guy Marius Sagna, porté au pinacle par la diaspora de l’ex-Pastef en Belgique, en Suisse, en Espagne et en France, prend une longueur d’avance sur ses concurrents directs.
‘’Jerejef ; Guy Marius jerejef ; contaane naniou. Jerejef ; Guy Marius jerejef ; contaane naniou…’’. En français, cela donne tout simplement : ‘’Merci ; Guy Marius merci ; nous sommes contents…’’ La chanson a vibré ce samedi dans une salle pleine à craquer de l’université de Villetaneuse en France. Le spectacle confirme ce que nombre d’observateurs savaient déjà. Dans le cas où l’ex-Pastef doit présenter un candidat de substitution pour parer à l’éventualité d’une invalidation de la candidature de son leader Ousmane Sonko, le chantre du ‘’France dégage’’ pourrait être un joker de luxe. Dans les rangs de Pastef, on s’efforce plutôt de respecter scrupuleusement le mot d’ordre tracé par l’organisation. C’est-à-dire qu’il est hors de question d’aborder cette question que tous les responsables savent ultra-toxique. ‘’Ousmane Sonko est le seul candidat, c’est le plan A, le plan B, le plan Z’’, répètent à longueur de posts et de sorties médiatiques les principaux responsables du parti dissous.
Dans les instances, non seulement le sujet est tabou, mais on essaie en même temps de décourager tout questionnement autour de la problématique qui taraude bien des esprits.
Pour Guy Marius Sagna, c’est plutôt le président Macky Sall et ses partisans qui cherchent à inoculer dans la tête des militants et sympathisants que le combat pour la candidature d’Ousmane Sonko est perdu d’avance. ‘’Nous n’allons pas tomber dans ce piège. Il n’est pas question pour nous de parler d’autre chose que de la candidature d’Ousmane Sonko. Il est important que le président Macky Sall sache que cette candidature est la candidature du peuple, c’est une demande sociale. Si elle est illégalement empêchée, il y a des risques graves qu’il fait peser sur la stabilité et la paix du Sénégal. Je voudrais que tout le monde le comprenne’’, menace le député qui estime que dans Pastef, il n’y a pas de première et de deuxième option. ‘’Nous sommes toujours sur la seule option. Ce n’est pas une première option, c’est la seule option’’, insiste-t-il lors d’une interview sur Africa 24.
Malgré le refus catégorique d’en parler, la question persiste. Contre sa volonté, Guy est même présenté comme étant en pole position pour mener la barque, en cas d’invalidation de la candidature de Sonko. Depuis le 8 septembre, le patriote effectue une tournée européenne qui l’a déjà mené à Bruxelles, à Paris, à Madrid, ainsi que dans plusieurs autres localités. Invité par le Parti du travail de Belgique (PTB) à l’occasion de son festival politique où il a co-animé un panel sur ‘’La responsabilité de l’Europe dans la situation en Afrique’’, le député de Pastef a finalement déroulé en terre européenne une vraie tournée politique. A-t-il été mandaté par le parti ? Est-ce sur initiative personnelle ? Cette tournée, qui a été une surprise pour beaucoup, lui a dans tous les cas permis de jauger sa notoriété au niveau de la toute puissante diaspora de Pastef. Revigoré à bloc, le leader de Frapp/France dégage s’exclame sur sa page Facebook : ‘’Quelle diaspora ! Quelle détermination ! Quelle mobilisation ! Quel don de soi !’’
De l’avis du député, la diaspora, par sa forte mobilisation, a dissous le décret arbitraire de dissolution du Pastef de Macky Sall. ‘’La diaspora sénégalaise que j'ai rencontrée dans les rues de Paris, à la tour Eiffel, au 18e, à Château rouge, dans une salle pleine à craquer de l'université Villetaneuse... a déjà élu Ousmane Sonko 5e président du Sénégal’’, tient-il à décréter.
Le défi d’un plan B consensuel
Pour d’autres, c’est tout simplement une tournée de consécration pour le chantre du France dégage. Au-delà de Paris, celui qui est surnommé ‘’le Baobab’’ a partout été accueilli comme un seigneur, non seulement par les militants et sympathisants de Pastef, mais aussi par d’éminentes personnalités de la gauche européenne. Un agenda surchargé qui l’a mené d’abord à Bruxelles, ensuite à Madrid, à Barcelone, à Genève, mais aussi dans d’autres localités en France. Même le responsable de la communication de Pastef, El Malick Ndiaye, n’a pas été indifférent au succès de cette tournée. Sur sa page Facebook, il proclame ‘’une victoire dès le premier tour’’ de son camp, remerciant les patriotes de Belgique, de la Suisse, de l’Espagne ainsi que de la France, non sans relever que ‘’la tournée internationale de Guy Marius Sagna continue’’.
Avec ce succès, Guy vient de démontrer qu’il va être un prétendant très sérieux dans la course au plan B que certains pensent inéluctable, que Pastef déclare sans objet.
En tout cas, en sus d’être le meilleur profil pour espérer faire le plein de voix à Ziguinchor, Guy Marius Sagna est aussi un atout majeur pour prendre le maximum de voix au niveau de la diaspora. Rare, pour ne pas dire aucun de ses potentiels challengers, ne pourrait se prévaloir de cette avance non négligeable.
Le principal défi pour Pastef sera toutefois de ficeler une alternative consensuelle pour garder intactes ses chances à la prochaine Présidentielle, même sans son leader charismatique dont la candidature est juridiquement sérieusement hypothéquée.
Déjà, des voix se sont élevées jusque dans les rangs du groupe parlementaire pour apporter des précisions et minimiser les prouesses de GMS. ‘’Ce que fait l’honorable député Guy Marius Sagna n'a rien d'impressionnant, parce que tous les camarades députés le font. Aller à la rencontre des populations de la diaspora, c'est un rôle du député et nous autres parlementaires nous le faisons. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous n'avons pas de plan B et on n’en parle même pas. Notre seul candidat, c'est Ousmane Sonko’’, disait à la RFM le tonitruant député Pastef de Mbacké Cheikh Thioro Mbacké. Une sortie qui montre toute la complexité et la sensibilité de la question que Pastef va sans doute repousser jusqu’à l’ultime moment.
MOR AMAR