Va-t-on vers une hausse de 41% ?
Les associations de consommateurs ne sont pas favorables à la hausse annoncée des prix par le ministre du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo. Elles émettent des réserves dans le processus de ciblage des ménages riches ou pauvres.
Avec Macky Sall, les Sénégalais s’attendent à des baisses des prix des denrées de consommation courante. Après les baisses annoncées du prix de l’huile, du sucre et du riz, alors que les consommateurs s’attendaient à d’autres prix, voilà que le ministre délégué chargé du Budget vient confirmer une information déjà dans la presse : le prix de l’électricité va connaitre une hausse vers le dernier trimestre de l’année 2012.
Abdoulaye Daouda Diallo justifie cette hausse par la cherté du plan Takkal qui grève le budget national. ‘’Le plan Takkal nous coûte 120 milliards par an. L’Etat ne peut pas continuer de subventionner les populations riches au détriment des populations vulnérables qui ne sont pas du tout concernées par cette mesure“, souligne-t-il. Le ministre qui s’exprimait en marge d’une conférence publique intitulée "Point économique", organisée par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) sur les thèmes suivants : "La productivité des dépenses publiques et croissance économique dans les pays de l’UEMOA" et "Les effets des jours fériés sur l’activité économique".
Toutefois, il souligne que cette augmentation ne concernera que les ménages les plus riches. “Ce sera une hausse des prix de l’énergie qui sera modulée fondamentalement parce qu’il y a les couches pauvres, les couches les plus vulnérables qui ne seront pas concernées par cette mesure’’, fait savoir M. Diallo qui ajoute : ‘’Mais plutôt les couches qui utilisent des climatiseurs de façon qui n’est pas en conformité avec les situations actuelles de notre pays“. Pour Abdoulaye Daouda Diallo, l’objectif de cette probable hausse est de faire “supporter l’énergie par les populations les plus nantis au juste prix“.
Seulement, au niveau de l’Etat, l’on ne semble pas parler le même langage. Car pas plus tard qu’en début du mois de juin, le ministre de l’Energie et des Mines soutenait que la hausse du prix de l’électricité était différée à l’année prochaine, en accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
En effet, lors d’un déjeuner de presse, Aly Ngouille Ndiaye révélait que les Sénégalais avaient frôlé une hausse de 41% sur le prix de l’électricité ; hausse que l’ancien régime avait promis au FMI à compter du mois d’avril. ‘’Lorsque j’ai pris fonction, la première note que je devais signer était l’augmentation du prix de l’électricité de 41%. Nous avons quand même maintenu le prix. L’ancien régime avait prévu avec le Fmi de revoir les prix après les élections. Et le Fmi, qui était récemment à Dakar pour une mission, était venu avec ces dispositions. Mais, nous leur avons dit que nous ne pouvons pas augmenter le prix de l’électricité parce que ceux qui s’étaient engagés ont été balayés par les Sénégalais’’, avait soutenu M. Ndiaye qui ajoutait : ‘’Nous allons rediscuter de la question l’année prochaine avec le FMI’’.
Le niet des consuméristes
Le président de l’ASCOSEN (Association du consommateur du Sénégal), Momar Ndao, dit que les consommateurs sont contre “toute hausse d’où qu’elle vienne et quelque soit sa justification“. “L’augmentation simulée des hausses d’électricité ces 6 dernières années est de plus de 45% pour les petits consommateurs et de 89% pour les grands consommateurs. Aucune augmentation ne peut plus être supporté par les consommateurs“, dénonce-t-il. Pour lui, les consommateurs n’accepteront plus de payer les déficits qu’engendre la SENELEC. “Nous sommes contre et nous allons nous battre contre ce projet d’augmentation. S’il y a un déficit constaté, il faut voir quelle est la part de l’inefficience de la SENELEC et en tirer des conclusions“, avance M. Ndao. Il définit le petit consommateur comme celui qui consomme moins de 250 Kw/h, ceux qui consomment entre 250 Kw/h et 1000 Kw/h comme de gros consommateurs et les gros gros consommateurs, ceux qui dépassent 1000 Kw/h.
Mais, la question qui préoccupe plus, le Directeur exécutif de CICODEV, Amadou Kanouté, c’est comment l’Etat compte-t-il s’assurer un bon ciblage entre les ménages qui sont riches et ceux qui sont pauvres ? Est-ce qu’ils ont tout le dispositif nécessaire pour dire dans tel quartier de Dakar, il y a des riches et des pauvres ? Est-ce on peut aujourd’hui dire que les Parcelles Assainies sont les quartiers des pauvres ? Au tant d’interrogations qui poussent Amadou Kanouté à dire qu’il y a matière de réfléchir et de discuter sur le principe d’identification des ménages riches ou pauvres. “Le plan Takkal a pompé toutes les ressources dans ce pays. Au tant il faut travailler sur le secteur énergétique, au tant il faut aller vers les énergies renouvelables“, recommande M. Kanouté, qui estime que tout le problème est lié une mauvaise orientation des richesses du pays.
ALIOU NGAMBY NDIAYE