Ousmane Sonko dénonce les ‘’violences subies par les étudiants’’
La chef de file du Pastef, Ousmane Sonko, s’oppose à la fermeture du campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et se penche sur les problèmes des étudiants qui subissent, selon lui, de nombreuses violences.
Le leader du Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, s’est prononcé sur la situation qui prévaut à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. S’il est d’avis qu’il faut réguler et réglementer les universités ‘’qui doivent absolument demeurer des espaces de savoir, de paix et de quiétude’’, il est tout autant contre une fermeture du campus social de l’Ucad. Selon lui, cela ‘’compromettrait davantage la situation et les chances d'une jeunesse déjà trop abandonnée et sacrifiée’’, alors que l'année universitaire vient à peine de démarrer. ‘’Comment imaginer un étudiant, sans ressources et avec un système de transport public insuffisant, quitter tous les jours Pikine, Keur Massar, Diamniadio, Thiès, Mbour ou beaucoup plus loin, pour venir faire ses cours à Fann ?’’, se demande-t-il.
En effet, suite aux événements qui se sont déroulés sur le campus dans la nuit du jeudi 25 au 26 mars 2021, le Conseil restreint de l’Assemblée de l’Ucad a, entre autres, demandé au directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) de procéder à la fermeture totale du campus social, jusqu’à la mise en place d’un nouveau système de gestion de la codification. Une invite qui a suscité des polémiques.
De son côté, Ousmane Sonko, qui entend marquer sa compassion aux étudiants ‘’victimes d'un système incompétent, corrompu et injuste’’, s’est penché sur les causes de ces évènements malheureux qui se sont déroulés au sein du temple du savoir. Celui qui est considéré comme l’un des principaux opposants de Macky Sall a pris la défense des étudiants qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui subissent, selon lui, plusieurs violences.
La première ‘’violence’’ qu’il a relevée a trait aux conditions d'études et d'existence ‘’inhumaines’’ dans les amphithéâtres et les campus ‘’tellement bondés qu'il faut faire des coudes pour assister aux cours, se battre pour se loger (jusqu'à 10 étudiants par chambre) ou suivre une longue queue pour se restaurer’’. La deuxième violence, dit-il, est le retard apporté au paiement de leurs bourses d'études, ‘’pourtant vitales pour l'écrasante majorité d'entre eux, souvent issus de milieux assez modestes’’. Ousmane Sonko dénonce aussi les ‘’brimades disproportionnées’’ subies à chaque fois qu'ils (les étudiants) veulent manifester ‘’contre ces traitements déshonorants infligés par leurs propres gouvernants, avec leur lot de blessés, d'arrestations et, quelques fois, de morts d'étudiants jamais élucidés.
Les quatrième et cinquième violences qu’auraient subi les étudiants sont, d’après la tête de file du Pastef, ‘’les plus insidieuses, puisque d'ordre psychologique’’. ‘’L'étudiant sénégalais est moralement torturé par l'absence d'horizon, toujours tenaillé par le doute, voire le scepticisme d'un présent difficile et d'un lendemain sans aucune perspective sérieuse de trouver un travail’’, analyse-t-il. Aussi, ‘’l'étudiant sénégalais est toujours sous le choc causé par le regard et le cliché que dresse de lui les seuls responsables de sa condition, c'est-à-dire les pouvoirs publics. Les étudiants s'entendent toujours être traités de voyous, de délinquants, de jeunes ratés et maintenant de terroristes par le gouvernement et ses démembrements’’, selon M. Sonko.
Détournement
Comme si tout cela ne suffisait pas, ajoute le leader du Pastef, ‘’le gouvernement continue de vendanger les intérêts nationaux aux étrangers, d'entretenir un système d'escroquerie sur les deniers et biens publics, de dilapider l'argent public dans des rassemblements politiques farfelus et de mentir à cette jeunesse par des promesses chimériques d'emploi’’. ‘’Gageons que c'est justement pour réunir les 450 milliards de promesses démagogiques d'argent à se partager entre politiciens de BBY qu'il faille opérer des économies par des ponctions budgétaires dans les secteurs névralgiques de la santé, de l'enseignement supérieur et de l'éducation’’, estime-t-il.
Dans la même veine, il dénonce un détournement de l’argent du contribuable qui devrait être destiné à des secteurs tels que l'éducation et la santé. ‘’Président de la République, ministres, DG et autres, tous produits de nos universités du temps de leur lustre, leurs enfants déroulent tranquillement leurs études dans les meilleures universités du monde au Canada, aux Etats-Unis, en France, etc., où ils vivent dans des palaces et valsent entre les avions pour des vacances à Dubaï, Paris ou la Californie. Quand ils sont au Sénégal, leur vie se résume aux villas, boites de nuit et de jeux des quartiers chics de Mermoz, Point E et Almadies où ils se déplacent dans des voitures de luxe coûtant des centaines de millions’’, dénonce-t-il.
Ousmane Sonko annonce qu’il reviendra prochainement sur la situation des enseignants et ‘’le business des politiques d'emploi’’ de 2012 à maintenant dans une autre note.
BABACAR SY SEYE