Le chapitre Katoussan clos plus tôt que prévu
L’acte II de la ‘’posation de questions’’ (dixit Me Amadou Sall) à Victor Kantoussan, le garde du corps de Karim Wade, s’est clos ce jeudi à la mi-journée sans tambour, ni fracas… ni ‘’révélations’’, apparemment. En effet, les avocats de la défense, seuls à lui avoir posé des questions hier, se sont contentés de revenir avec lui sur ses déclarations de la veille.
Exit Victor ! Et on parle là bien du témoin ‘’Kantoussan’’, pas de Tendeng, pour ne pas refaire une confusion commise plus d’une fois, hier... L’assistant en sécurité attitré de Karim Wade a ainsi fini de vider ses tripes devant la Cour, même si, connaissant son ‘’débit si particulier’’ (Henry Grégoire Diop dixit), l’exercice fut laborieux.
Plus sobre que la veille, l’ancien gendarme s’est néanmoins (et c’est tout à son honneur) abstenu de partir dans des envolées lyriques (pour faire dans l’euphémisme, comme dirait Me ABC) et a tenté, tant bien que mal, de rester le plus concis possible dans ses réponses. De celles-ci, il ressort en substance deux choses.
La 1ère, qu’il n’a ni de près ni de loin contribué ou aidé Karim Wade à produire des actes illicites, tout du moins dans le sens où l’entend la CREI. La 2e, que le détenu Karim Wade, dans sa vision des choses, s’assoirait certainement à la droite de Dieu (le moment venu). ‘’Monsieur Karim Wade est mon tout. Il fait partie des gens les plus polis, disciplinés et courtois que je connaisse. Il est en tête. Si Dieu me donne un enfant, je veux le lui confier pour qu’il me l’éduque’’, a-t-il lancé lorsque Me Alioune Badara Cissé l’a invité à ‘’donner son sentiment sur la personne de Karim Wade’’.
La mauvaise humeur de Henry Grégoire Diop
Mais trêve de ‘’Kantousseries’’, la quintessence de ce qui s’est passé hier n’a pas grand-chose à voir avec ledit témoin. Bien au contraire, le gros des échanges s’est passé entre la Cour et les avocats de la défense, plus précisément entre le Président de la CREI et Mes Demba Ciré Bathily, Ciré Clédor Ly et, pour finir, Alioune Badara Cissé. En effet, les hostilités ont débuté avec le premier nommé. Certaines questions posées par la robe noire ont été jugées superflues, voire ‘’inopportunes’’ par la Cour’’. S’ensuivit une série d’échanges verbaux assez caustiques. On a notamment entendu l’avocat lancer à la figure d’Henry Grégoire Diop que ‘’si la Cour est digne de respect, on la respectera.’’ Il a fallu l’intervention ‘’forcée’’ (puisqu’on lui a refusé la parole par deux fois) de l’ancien Bâtonnier Félix Sow pour que les choses se tassent…
La mauvaise humeur de l’auguste juge fut, néanmoins, appelée à perdurer, puisque c’est sur Me Clédor Ly qu’il a ensuite passé ses nerfs, au point de faire dire à l’avocat, qu’en ‘’34 ans de barreau (…) c’est la première fois (NDLR : qu’il) voit ça’’. Il a fallu donc attendre l’envolée lyrique (et forte en détails) de Me ABC pour que le juge revienne à de meilleurs sentiments, sans doute touché par les éloges culpabilisantes de l’orfèvre du verbe en question… Mission accomplie, néanmoins, car il semble que Victor Hugo lui-même, toutes contemplations confondues, n’aurait pu avoir d’effet plus fort sur le (pourtant) auguste Henry Grégoire Diop…
Le prochain épisode est pour lundi.
Sophiane Bengeloun
