Dembélé, l’amuseur est devenu un tueur
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Avec un nouveau doublé contre Brest ce mardi soir en Ligue des champions, Ousmane Dembélé poursuit sa folie statistique et confirme qu’il a troqué son costume de joueur romantique à la fois attachant et frustrant pour celui de flingueur professionnel dans la surface.
Ne comptez plus sur les supporters brestois pour se moquer de la finition d’Ousmane Dembélé. En trois matchs seulement cette saison, alors qu’il en reste au minimum un à jouer, l’attaquant parisien a fait trembler les filets de Marco Bizot à sept reprises. Sept. Un triplé et deux doublés, dont un tout frais à Roudourou, où la nouvelle coqueluche du PSG a rapproché le champion de France des huitièmes de finale de la Ligue des champions en même temps qu’il a enterré les espoirs bretons de poursuivre la folle aventure. Ne comptez plus sur personne, en fait, pour affirmer sans trembler du menton que « Dembouz » est un Jean-Claude Dusse du ballon rond. Plus maintenant, en tout cas. Plus après avoir assisté à ses nouvelles prouesses ces dernières semaines.
Dix-huit buts sur ses onze dernières apparitions ; huit matchs d’affilée en marquant au moins une fois pour rejoindre Neymar (x2), Kylian Mbappé et Carlos Bianchi dans l’histoire du Paris Saint-Germain (Opta) ; un statut de meilleur artilleur de Ligue 1 (16) ; et donc 15 réalisations, déjà, après moins de six semaines passées en 2025, soit son record sur une année civile depuis le début de sa carrière (Opta, aussi). C’est à la fois du foot et des mathématiques, et finalement tout ce qu’on n’attendait plus d’un joueur comme Ousmane Dembélé.
Moins de dribbles, plus de buts
Le garçon attachant avait ses adorateurs, se réclamant souvent d’un foot romantique, et ses détracteurs, déplorant leur éternelle frustration face à son irrégularité et son incapacité à se montrer efficace. Dembélé était comme ça, un joueur de quartier chez les pros, un artiste aussi imprévisible et frissonnant que frustrant et agaçant. C’est comme si tout avait changé, ces derniers temps, pour celui qui réalise déjà sa meilleure saison en matière de pions : le voilà à 23 toutes compétitions confondues après ce mardi soir, soit un de plus que sur ses quatre derniers exercices au Barça réunis (22). Cette période faste correspond étrangement, ou pas, à un moment où il n’a jamais aussi peu réussi de dribbles (1,7 par match en moyenne cette saison en L1, contre 2,5 en 2023-2024 ou 2,8 en 2021-2022 en Catalogne).
Dans le foot aujourd’hui, tu as moins d’espaces, moins de temps pour jouer, et c’est à ce poste que ce type de joueur peut faire la différence.
Marquinhos
Le Parisien a changé de logiciel, il avait d’ailleurs annoncé la couleur en septembre dernier, à la sortie d’une rencontre de Ligue des nations face à la Belgique lors de laquelle il avait planté. « On me dit que je suis trop généreux et que je cherche trop à faire la passe. J’ai décidé de tenter ma chance. Aujourd’hui, quand je dribble, un, deux (joueurs), je manque de fraîcheur sur ma frappe, déroulait-il au micro de TF1. Cette année, je fais beaucoup d’exercices de finition. Chaque entraînement, j’essaye de travailler ça. On me rabâche tout le temps de tenter ma chance, que ce soit le coach du PSG ou mes coéquipiers. Cette saison, je vais essayer d’être plus personnel. » Comme si l’ancien Rennais connaissait la suite après avoir fait son autocritique et accentué son travail personnel pour combler des manques évidents.
L’homme de surface du PSG
On ne sait pas si tout est parti d’un pari avec ses amis sur son nombre de buts (« Il y a des Patek et des Rolex à gagner », avait-il confié début janvier en se marrant), mais le mérite semble surtout revenir, en plus du joueur lui-même, à Luis Enrique et à sa décision de le repositionner à la pointe de l’attaque parisienne (12 buts en 8 matchs depuis qu’il est plus axial sur le terrain). « Ce qui est surprenant, c’est son mouvement constant dans la surface de réparation, pointait le coach espagnol ce lundi avant la première manche face à Brest. Il est toujours là où il doit être, il est ensuite capable de recevoir un ballon et de marquer en une touche. On le voit davantage se comporter comme un numéro 9, c’est quelque chose dont nous sommes très contents. » Après son entrée démentielle contre Manchester City, Dembélé avait confirmé apprécier ce nouveau poste, « parce que je suis devant le but et que je peux marquer ».
Il n’a pas non plus totalement délaissé le côté, son premier but ce mardi contre Brest intervient d’ailleurs après un déboulé dans le couloir droit, mais il a de nouvelles sensations dans la surface et ne cesse d’établir des connexions avec ses coéquipiers, comme cela avait pu être le cas avec Désiré Doué face à Monaco ce week-end. « Sans nous, il ne peut pas marquer, et sans lui, on ne peut pas marquer », résumait malicieusement João Neves en zone mixte à Guingamp. « Ça matche bien avec ses qualités, enchaînait Marquinhos après la victoire du soir. Dans le foot aujourd’hui, tu as moins d’espaces, moins de temps pour jouer, et c’est à ce poste que ce type de joueur peut faire la différence. C’est la confiance, aussi, quand elle est là, il ne faut pas la laisser partir. » Pardon pour les romantiques, Ousmane Dembélé a troqué les pétales contre des flingues, et il a tout intérêt à garder des balles dans son barillet, l’histoire du foot s’écrivant rarement aux mois de janvier et février.