Publié le 24 Dec 2024 - 13:49

RÉFLEXION SUR LES CONCEPTS DE DÉMOCRATIE ET DICTATURE

 

Le narratif bourgeois, comme l’explique notre camarade communiste italien feu Dominico Losurdo, s’est évertué à réduire le 20éme siècle au « bilan d’un siècle dramatique qu’on pourrait résumer ainsi : au début du XXéme siècle, une jeune fille dotée de tous les talents et parée de toutes les vertus (mademoiselle démocratie) se fait agresser d’abord par un sale type (monsieur communisme), puis par un autre (monsieur nazi-fascisme) ; profitant de l’opposition entre l’un et l’autre, et après moult tribulations, la jeune fille parvient finalement à se libérer de la terrible menace ; devenue entre temps plus réfléchie, mais sans rien perdre de son charme d’antan, mademoiselle démocratie peut enfin couronner ses rêves d’amour les plus fous par un hymen avec monsieur capitalisme ; entouré de l’estime et de l’admiration générales, le couple inséparable passe le plus clair de son temps entre Washington et Wall Street. Vu comme cela, aucun doute n’est permis : le communisme est l’ennemi juré de la démocratie, laquelle n’a pu se consolider et se développer qu’après l’avoir vaincu. Toutefois, cette historiette édifiante n’a rien à voir avec l’histoire réelle » (la révolution d’Octobre et la démocratie dans le monde).

En quoi cette lecture bourgeoise est un grand mensonge et une manipulation ?

Tout simplement parce que « le suffrage universel » abolissant le vote censitaire qui réservait le droit de vote aux riches, la ségrégation de genre niant aux femmes la « citoyenneté égale aux hommes » et puis l’apartheid racial sont pour l’essentiel dialectiquement des conséquences directes ou indirectes de la Révolution socialiste communiste d’Octobre 1917 dans les « démocraties » capitalistes et puis plus tard dans les pays dépendants et néocoloniaux.

Ce que camoufle le mythe de la « démocratie naturellement capitaliste », c’est le fait indéniable que l’URSS a été précurseur en inaugurant le suffrage universel pour tous les adultes hommes et femmes sans considération des origines, de la couleur ou de la religion en appliquant le principe un humain = une voix à tous les peuples et populations de l’ex-empire tsariste.

Toutes les démocraties capitalistes – USA/UE – ont suivi ensuite sous les coups de butoir de la lutte des classes, des syndicats et des partis communistes galvanisés par cet exemple vivant de démocratie réelle et populaire de la première société organisée et dirigée par et pour les travailleurs.

Quant à la « plus grande démocratie au monde » que seraient les USA, l’on voit bien encore de nos jours comme le dit Dominico Losurdo, malgré les luttes et conquêtes anti-racistes, qu’y sévit toujours sous d’autres formes la « herrenvolk democracy », c’est-à-dire la « démocratie réservée exclusivement au peuple des seigneurs » en d’autres termes le système raciste et terroriste de la « white supremacy » contre les minorités noires descendantes des esclaves, les amérindiens, les hispaniques et les migrants. Les lynchages des noirs au 19éme siècle ont été remplacés aujourd’hui par les tirs à balles réelles des policiers racistes tuant les jeunes noirs, preuve que l’oppression raciale demeure toujours le second pilier de l’ADN du capitalisme « démocratique » Yankee en complément de l’extraction de la plus-value par l’exploitation de l’ensemble des travailleurs US de toutes les couleurs, religions, cultures, nationalités. Dans les « berceaux européens de la démocratie », la gâchette raciste de policiers sur les « issus de l’immigration » est un plagiat du grand frère Yankee.

Toutes les « démocraties » capitalistes impérialistes ont été colonialistes et ensuite néocolonialistes. Et au 20éme siècle, le vent de la libération nationale anti-coloniale a recommencé à souffler sur le monde suite à la politique soviétique fondée sur le droit à l’autodétermination des peuples, des nations colonisés dans l’empire Tsariste, ainsi libérés par la Révolution d’Octobre 17 et le soutien concret sans faille de l’URSS au droit des peuples colonisés à l’indépendance.

L’actuel éveil défensif de la Chine, du Vietnam, de la Corée, de Cuba pour citer les pays qui ont pris comme l’URSS le chemin de la construction du socialisme, mais aussi plus généralement les luttes indépendantistes des colonies d’Asie et d’Afrique résultent de ce grand tournant historique que fut la Révolution Bolchevik, l’édification du système socialiste alternatif au capitalisme et la formidable victoire contre le fascisme de l’URSS. La victoire de l’armée rouge et du peuple soviétique allié aux colonisés « tirailleurs, goumiers, spahis » et aux États impérialistes antifascistes contre les hordes nazies, qui avaient asservi l’Europe qui colonise le monde depuis le 15éme siècle, a propagé une onde de choc libératrice au monde colonisé. C’est l’équivalent à l’échelle du monde entier de ce qu’avait été la victoire de Haïti au 19éme siècle arrachant son indépendance et abolissant l’esclavage pour les colonies en Amérique du sud alors qu’aux USA, l’indépendance avait été synonyme de maintien de l’esclavage.

Par sa simple existence et ses réalisations économiques, sociales, scientifiques et culturelles, l’URSS a été directement ou indirectement un point d’appui important des avancées progressistes démocratiques tout le long du 20éme siècle pour la moitié de l’humanité que sont les femmes, les minorités racialisées dans les pays impérialistes et les peuples colonisés et néo-colonisés, sans oublier les conquêtes sociales et démocratiques des travailleurs au sein même des métropoles capitalistes impérialistes. La peur de « la contagion rouge » faisait céder les bourgeois pour autant que les travailleurs et les peuples revendiquent et luttent.

Les conquêtes indépendantistes des peuples dominés, démocratiques et sociales des femmes et des travailleurs du 20éme siècle résultent donc en réalité à la fois des luttes de classes, des luttes démocratiques populaires et des luttes des peuples dans chaque pays d’une part et de la preuve vivante et attrayante qu’un « autre monde est possible » que montrait le premier État des ouvriers et paysans par ses réalisations économiques, sociales, culturelles, scientifiques, technologiques et démocratiques populaires d’autre part. C’est objectivement dans ce contexte que les luttes de classe des travailleurs et les luttes nationales des peuples ont imposé un rapport des forces aux capitalistes et aux colonialistes les contraignant à des concessions pour sauver leur système inhumain naturellement spoliateur.

Les fronts de luttes sociales et nationales que sont le mouvement ouvrier, le mouvement féministe, l’anti-racisme militant des minorités nationales, des migrants et les luttes de libération nationale ont eu pour point d’appui et pour inspiration la Révolution d’Octobre 17 et l’édification d’une société et d’un État, l’URSS, anti-thèse du capitalisme impérialiste. Rappelons aussi le rôle pionnier et d’avant-garde, à redécouvrir aujourd’hui, de l’URSS en matière de préservation de la biosphère, de l’environnement et du développement de l’agroforesterie conformément à la critique pertinente de K. Marx selon laquelle « le capitalisme exploite l’humain et saccage la nature ». La Chine Populaire et Cuba sont des exemples actuels de continuité sur le plan de l’écologie.

Les révolutions socialistes et démocratiques populaires qui ont élargi le camp socialiste de l’est européen à l’Asie et à l’Amérique du sud ainsi que les révolutions nationales indépendantistes dirigées par la petite bourgeoisie et même le passage du colonialisme au néocolonialisme ont été obtenus grâce aux luttes populaires des classes laborieuses et des peuples dans ce contexte de peur de « la contagion communiste ». C’est d’ailleurs ce qu’exprimait en décembre 1952 l’Attorney général (ministre de la justice aux USA) dans une lettre à la Cour suprême états-unienne : « La discrimination raciale amène de l’eau au moulin à la propagande communiste et sème également le doute auprès des pays amis sur l’intensité de notre dévotion à la foi démocratique ».

Il est donc totalement faux, mensonger et anti-historique de croire et faire croire que la « démocratie » est « naturellement » inhérente au capitalisme et encore moins à son stade suprême l’impérialisme. C’est en effet tout le contraire qui est vrai. Ainsi les formes démocratiques des institutions bourgeoises imposées par les luttes sociales et nationales sous le capitalisme et l’impérialisme ne sont ni une propriété intrinsèque du système bourgeois, ni « naturelles », mais aussi ni immuables. Les institutions et les méthodes de gouvernance bipartite et multipartite créée par la bourgeoisie impérialiste et singée dans les pays dépendants et les néo-colonies ne sont pas hors sol mais émanent des contradictions capital/travail, impérialisme/peuples opprimés et capitalisme impérialiste/socialisme communiste.

Retour au totalitarisme de la ploutocratie

Si l’humanité a vécu par les luttes de classes et démocratiques des progrès anticapitalistes et anti-impérialistes, la fin de l’URSS et du camp socialiste d’Europe a inversé temporairement le rapport des forces au profit de la bourgeoisie et de l’impérialisme qui, libéré de la peur du communisme, a vu sa vraie nature barbare revenir au galop.

Les travailleurs et les peuples ont été pris à la gorge par le retour en force de la lutte des classes des grands bourgeois contre les conquêtes des travailleurs. Ils sont passés à l’offensive armés du totalitarisme idéologique de la pensée unique libérale et de leurs guerres d’agression par le biais de l’OTAN/USA/UE/Israël contre les peuples qui refusent leur « mondialisation » prédatrice et colonisatrice.

C’est ce changement dans les rapports des forces dans les contradictions internes au capitalisme impérialiste qui permet les attaques socialement dévastatrices au nom du « there is no alternativ au libéralisme » que subissent les travailleurs et les peuples. Le diktat sur le monde du totalitarisme libéral est la solution bourgeoise pour maintenir le profit maximum dans la profonde crise de surproduction et de sur-accumulation du mode de production capitaliste impérialiste. D’abord appliquée dans les pays dominés par le biais du FMI/Banque Mondiale, puis ré-importée au centre dans les pays impérialistes eux-mêmes.

L’ère des concessions contraintes est terminée pour les actionnaires des firmes monopolistes obsédés par la maximisation de leur taux de profit. Le « besoin d’air (exporter les capitaux) et d’aire (espace vital) » qui fut à l’origine de la « dictature terroriste » fasciste dans l’entre deux guerres mondiales est de nouveau d’actualité pour la bourgeoisie impérialiste hégémonique des USA/UE/Japon/Israël.

L’hégémonie impérialiste s’étant à nouveau mondialisée depuis la mort de l’URSS, toute la planète a été transformée en terrain de chasse aux profits, y compris par ces safaris guerriers à coups de bombardements contre les pays sans défense. Il s’agit d’imposer par la violence leur hégémonie.

A la tête du nouveau projet de pérenniser l’hégémonie des actionnaires des grands groupes patronaux mondiaux, il y a les États US/UE, l’OTAN, le G7 et Israël.

Sauf que le système impérialiste engendre nécessairement par sa crise toujours plus approfondie de surproduction et de sur-accumulation la misère, la pauvreté, la précarité, le chômage dans leurs propres pays et l’aggravation du pillage des peuples dominés qui génèrent inévitablement les résistances sociales des travailleurs et nationales des peuples. La régression sur tous les plans et dans tous les domaines est la nouvelle marque de fabrique du capital financier en crise contre laquelle se dressent de plus en plus les travailleurs et les peuples.

Les rescapés du camp socialiste que sont la Chine, le Vietnam, la Corée du nord, Cuba, des pays anti-libéraux et anti-impérialistes comme le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie, ceux souverainistes d’Afrique du Sud, de l’AES et du Sénégal, mais aussi des grands pays bourgeois comme la Russie, l’Inde, le Brésil ou bourgeois féodaux comme l’Iran s’opposent de plus en plus avec succès à cette hégémonie prédatrice de l’impérialisme. Des BRICS à la résistance palestinienne face au génocide des sionistes israéliens et les révoltes de plus en plus fréquentes des dernières colonies, un front anti-impérialiste à unir émerge peu à peu.

Les contradictions capital/travail, impérialisme/peuples opprimés, capitalisme/socialisme sur fond de crise aggravée de surproduction et de sur-accumulation du capitalisme mondialisé conduisent à l’actuelle « crise de la démocratie » bourgeoisie qui engendre à son tour inévitablement la fuite en avant de l’impérialisme dans la fascisation et le fascisme à l’intérieur et la guerre à l’extérieur. C’est ce à quoi l’humanité assiste à nouveau au grand jour.

Pour maintenir son hégémonie qui perdure depuis 1945, l’impérialisme Yankee flanqué des impérialisme européens, nippon, israélien et du G7 prend le chemin pris par le nazisme allemand et le fascisme impérial japonais entre la première et la seconde guerre mondiale. Nazisme et fascisme impérial nippon avaient pour objectif la domination sur le monde au profit de leurs capitalistes. Les USA alliés à l’UE et le G7 ont pour objectif de préserver leur hégémonie séculaire sur le monde. L’enjeu de l’hégémonisme pour juguler leur déclin est la clef pour comprendre la fascisation et la montée des partis fascistes dans les pays impérialistes.

La fascisation de la démocratie bourgeoise aux USA et en Europe découle aussi de la fin de la soupape institutionnelle du bipartisme droite-gauche ou républicains-démocrates ou encore conservateurs-travaillistes. Tous ces partis appliquent au fond le programme unique du dogme libéral dicté par la nécessité de procurer le maximum de profit aux actionnaires bourgeois du capital financier. Ce système bipartite est à bout de souffle démasqué par la désaffection des électeurs et le rejet des partis de droite et de gauche tous au service des intérêts du capital financier.

Le totalitarisme idéologique du libéralisme engendre le passage progressif de la démocratie au fascisme en politique intérieure et à la guerre en politique extérieure pour préserver l’hégémonie et sauver le profit maximum des actionnaires bourgeois.

Démocratie et fascisme au service de la propriété privée des moyens de production

Au 19éme siècle, F. Engels, le camarade de K. Marx avait prédit que la « démocratie » serait un concept que la bourgeoisie utiliserait contre le socialisme communiste pour cacher que tout État est au fond une dictature de classe.

La confusion entre forme et fond, entre apparence et essence de l’État a été une stratégie historique de duperie entretenue par la bourgeoisie pour couper dans les esprits le lien dialectique entre superstructure, c’est-à-dire les pouvoirs Exécutif, Législatif, Judiciaire, l’armée, la police, les médias d’une part et l’infrastructure, c’est-à-dire la base économique, la propriété privée des moyens de production et d’échange d’autre part.

L’individualisme atavique est délibérément confondu avec la « liberté individuelle » pour promouvoir le désir individuel de s’enrichir afin d’ancrer dans la société le poison de la division individualisée, corporatiste, sexuelle, raciale, culturelle, religieuse contre l’émancipation collective permettant, seule, l’émancipation individuelle dans l’égalité de tous les humains et peuples.

La « liberté » est le mot clef pour déclarer les citoyens égaux en droit tout en érigeant en valeur absolue l’interdiction totale et brutale de remettre en cause la propriété privée des actionnaires propriétaires des moyens de production et d’échange. La dictature de classe des capitalistes s'exerce par cette interdiction absolue d’abolir la propriété individuelle ou actionnariale des entreprises. Les voleurs bourgeois de la plus-value utilisent ainsi l’État pour criminaliser toute expropriation en judiciarisant et en réprimant par l’application du commandement biblique et coranique : « tu ne voleras point ». Toutes les « libertés » sont ainsi hypocritement proclamées sauf celle de rendre les humains vraiment égaux par la socialisation des moyens et outils de travail qui rend inutile l’existence des actionnaires et donc des profiteurs qui ne travaillent pas.

L’individualisme, le corporatisme, le sexisme, le racisme sont le secret de la classe bourgeoise pour diviser ceux et celles qui, parce qu’ils vivent de leur travail, ont intérêt à s’unir contre la détention par les patrons des outils par lesquels ils font produire leurs richesses par les classes laborieuses.

La propriété privée des moyens de production et d’échange est ainsi sacralisée tout comme le Coran pour les Musulmans, la Bible pour les Chrétiens et la Torah pour les Juifs. Or, si le Coran, la Bible, la Torah sont sacralisés pour la croyance en l’au-delà, la propriété privée l’est ici bas pour le système bourgeois capitaliste impérialiste. En attendant ce qui va se passer dans l’eau de là, il est impératif de sauver la majorité du genre humain de l’exploitation de l’humain par une minorité d’humains, de protéger la nature du pillage et de libérer les peuples de l’oppression spoliatrice impérialiste ici bas sur terre.

A la base de tous les forfaits de l’impérialisme, il y a la contradiction entre une production et des échanges de plus en plus socialisés à l’échelle mondiale et un accaparement privé des profits générés pour les actionnaires propriétaires du capital financier.

Historiquement la bourgeoisie a renversé l’autocratie féodale monarchiste et nobiliaire propriétaire des terres en Europe au nom de « la démocratie » pour donner une superstructure Étatique à l’économie capitaliste née des entrailles de l’économie féodale. Les « lumières » du capitalisme ont été progressives contre le système féodal dans les contrées européenne et états-unienne où il a été enfanté en se mondialisant sauvagement en plusieurs phases : génocide des Amérindiens, traite et esclavage des Noirs d’Afrique, puis à son stade impérialiste colonisation et néo-colonisation.

L’État démocratique bourgeois a prôné la liberté et l’égalité citoyenne tout en préservant l’inégalité économique et sociale entre citoyens. La bourgeoisie a imposé une limite absolue à la démocratie en sacralisant ainsi la propriété privée des moyens de production et d’échange qui est le fondement même de l’inégalité réelle entre citoyens.

Sa dictature de classe se manifeste très clairement sur ce point : les patrons actionnaires propriétaires des entreprises, des banques, du capital ne peuvent être expropriés. Dès qu’on y touche, la bourgeoisie se dépouille de son plumage démocratique pour montrer son vrai visage dictatorial et totalitaire parce que là s’arrête la « liberté » qu’elle proclame pour amuser la galerie. Sous le capitalisme, en particulier à son stade suprême l’impérialisme, la crise de l’économie engendre la crise de la démocratie bourgeoise qui se mue en fascisation puis en fascisme surtout quand leur système n’a plus rien à offrir au monde du travail et aux peuples que chômage, précarité, misère et guerre.

Démocratie et fascisme dans les pays dépendants et semi ou néocoloniaux

Le colonialisme est une annexion pure et simple par l’État capitaliste impérialiste d’un pays opprimé. Il s’agit donc d’une exportation du système capitaliste dans le pays assujetti. Son prolongement semi ou néocolonial garde la structure économique coloniale, c’est-à-dire la fonction d’appendice de l’économie capitaliste du pays colonisateur. Le pays colonisé et/ou néo-colonisé subit ainsi l’imposition d’une économie extravertie et une spécialisation de fournisseur de matières premières agricoles ou/et minières.

Le semi ou néocolonialisme ne fait qu’associer à la possession de l’économie du pays un État autochtone, c’est-à-dire une bourgeoisie bureaucratique locale compradore. Cet État semi ou néocolonial est donc aussi un État de classe au service des entreprises impérialistes, des sous traitants autochtones bourgeois privés et de leurs laquais petits bourgeois locaux au gouvernement.

Démocratie et fascisme servent là aussi à la pérennisation de l’exploitation coloniale. Ainsi pour installer les pouvoirs semi ou néocoloniaux, le colonisateur a massacré, voir fomenté des génocides contre les luttes indépendantistes à Madagascar, au Cameroun, au Kenya, en Algérie, en Namibie, au Congo RDC, etc., a assassiné les leaders comme Um Nyobé, Moumié, Osende, Ouandié, Lumumba, Olympio, Ben Barka, Cabral, Sankara, etc., a organisé des coups d’états contre Nkrumah, Modibo, Nasser, Mamadou Dia, etc.

Ces coups d’états et pouvoirs civils néo-coloniaux françafricains ont institué des régimes militaires ou civils fascistes qui ont fait de leurs pays des bagnes et mouroirs pour opposants et révolutionnaires.

Profitant de la défaite de l’URSS, les luttes populaires pour la démocratisation ont été ensuite dévoyées par les « conférences nationales » vers ce que les auteurs de « la Démocratie en Françafrique », Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla, appellent fort justement un « impérialisme électoral ».

Cet « impérialisme électoral » a parfois fécondé des alternances électorales changeant les hommes au pouvoir mais sans changer la politique libérale dictée par les institutions de Bretton Woods. Mais « l’impérialisme électoral » a aussi provoqué des coups d'État institutionnels ou constitutionnels de régimes présidentialistes qui changent les règles du jeu électoral pour se maintenir au pouvoir. Ces « démocraties » multipartites sont devenues des « démocratures » selon la formule de feu Issa N’diaye ou des « autocraties du multipartisme » selon l’expression de feu Momo Tabouré de Sanfin/La Nuée du Mali.

Pendant ce temps la gangrène de la corruption et du vol des deniers publiques a fabriqué une succession de bourgeois devenus milliardaires par la gestion gabegique, népotique de l’appareil d’État néocolonial et que se poursuivait le pillage des richesses nationales par les Firmes du capital financier. Ces spoliations ont eu pour conséquences visibles l’émigration meurtrière en pirogue ou à travers le désert d’une jeunesse désespérée dont les survivants deviennent des sans papiers sans droits esclaves du travail clandestin dans les prétendus eldorados euro-étatsuniens.

L’État semi ou néocolonial est au fond une dictature de la bourgeoisie impérialiste alliée à ses subalternes bourgeois et féodaux nationaux et dont la forme peut être fasciste donc terroriste ou démocratique donc électoraliste.

La stratégie impérialiste des « guerres de religions, des cultures, des civilisations » a conduit à la menace de l’insécurité djihado-terroriste dans plusieurs pays africains.

La combinaison entre menace djihado-terroriste, séparatisme et mal-gouvernance cupide des bourgeoisies d’État ont engendré des révoltes populaires qui ont débouché sur des coups d'État souverainistes type Sankariste. Dans d’autres pays, l'offre politique souverainiste l’emporte dans les urnes.

Les institutions panafricaines néocoloniales telles la CEDEAO, l’UEMOA se sont érigées en « gendarme de la démocratie » condamnant les coups d’états souverainistes et adoubant les coups d’états institutionnels ou constitutionnels.

Tous ces faits montrent que l’État semi ou néocolonial se faschise à nouveau après avoir épuisé sa forme démocratique issue des concessions faites aux luttes pour la démocratie des peuples.

Les coups d'État souverainistes parachevant les mobilisations populaires contre la menace djihado- terroriste et la soumission à l’impérialisme et les victoires souverainistes dans les urnes font évoluer l’État néocolonial vers une transition qui peut changer sa nature en État national souverain bourgeois et/ou populaire ;

Diagne Fodé Roland

A suivre

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