Publié le 4 Nov 2023 - 07:58
RÉINTÉGRATION D’OUSMANE SONKO

Un flou artistique

 

Malgré les attaques qui fusent de partout et les tentatives de laver à grande eau la Direction de l’automatisation des fichiers, la DGE reste ferme et se réfugie sur son incompétence à faire des actions sur le fichier. Implicitement, la DGE reconnait que si Sonko est réintégré dans le fichier par la Daf, elle va lui remettre ses fiches.

 

Le ping-pong continue. Malgré la demande de la Commission électorale nationale autonome (Cena), malgré la décision du président du tribunal d’instance de Ziguinchor, l’Administration continue de refuser à Ousmane Sonko ses fiches de parrainage. Pourtant, hier, ils étaient nombreux les partisans du maire de Ziguinchor, à penser que les services du ministère de l’Intérieur étaient revenus à de meilleurs sentiments. Un espoir fondé surtout sur la décision, pour une première fois, de laisser Ayib Daffé, le mandataire de Sonko, accéder aux locaux de la Direction générale des Élections.

Mais ils ont vite déchanté à la sortie de ce dernier. Devant la presse, le mandataire revient sur le face-à-face : ‘’La DGE refuse d’exécuter la décision de justice. Elle refuse également de donner suite à la lettre de la Cena. La DGE est dans la rébellion, elle est dans la défiance, elle est dans une attitude infantile…’’

Interpellé sur le motif avancé pour leur refuser les fiches, M. Daffé peste : ‘’Il n’y a aucun motif sérieux. Ils ont avancé des arguments légers, fallacieux, qui ne reposent sur rien du tout. Ils disent qu’ils s’en tiennent à leur communiqué du 30 octobre. Un communiqué vide de contenu, vide de sens, un communiqué qui n’est pas digne d’une administration de la trempe de la DGE.’’

Et d’ajouter : ‘’Aujourd’hui quand même, on se félicite qu’on nous ait laissé entrer. On a été reçu par le directeur des opérations électorales qui nous a renvoyés au communiqué du DGE pour justifier son refus de nous remettre les fiches. Ce communiqué montre que la DGE est de connivence avec l’APR, sous les ordres du ministre de l’Intérieur membre de l’APR et du Premier ministre candidat.’’

Le jeu trouble de la Daf et des avocats de Sonko

Dans le fond, la DGE ne refuse pas d’appliquer les injonctions de la Cena, mais pour elle, il faudrait que Sonko soit d’abord réintégré dans le fichier électoral, pour qu’elle ait une base légale.

En effet, aux termes de l’article L40 al 4 du Code électoral, la procédure de la radiation d’office, qui a principalement lieu lors de la période de consolidation du fichier, est mise en œuvre par les autorités administratives compétentes et le service de gestion du fichier général des électeurs. Et selon les experts, c’est bien la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf) qui est chargée de la gestion du fichier. C’est donc à elle de mettre en application la décision du tribunal d’instance de Ziguinchor en remettant Sonko dans le fichier, condition sans laquelle le maire de Ziguinchor ne peut avoir de fiches, selon la DGE.

Du côté des représentants de Sonko, on parle de ‘’manœuvres dilatoires’’ orchestrées par ce service du ministère de l’Intérieur. Certains n’hésitant pas à laver à grande eau la Daf pour rejeter toute la faute sur la DGE. C’est le cas de Ngagne Demba Touré, responsable en fuite du parti dissous.

À l’en croire, ‘’la Daf a affirmé aux avocats du président Ousmane Sonko qu’elle l’a bien réintégré sur le fichier électoral…’’, renchérit M. Touré. Comme pour justifier son propos, il joint à son post un passage de la requête des avocats qui dit ceci : ‘’… Quant à la Daf, il est revenu au requérant qu’elle l’a (le requérant Ousmane Sonko) immédiatement, après avoir requis signification de l’ordonnance du président du tribunal d’instance de Ziguinchor, remis dans le fichier des électeurs.    Le requérant invite, très respectueusement, votre institution à exercer les prérogatives que lui confèrent les dispositions de l’article 3 de la loi portant création de la Cena.’’

Le silence coupable du ministre de l’Intérieur

Seulement, dans la requête, les avocats ne semblent pas si sûrs que la Daf ait déjà réintégré leur client dans le fichier. Dans leur requête adressée au président de la Cena, ils demandent, entre autres, ‘’d’ordonner à la Daf de réintégrer le requérant dans les listes électorales, si ce n’est déjà fait depuis la signification de la décision ; laquelle signification lui a été faite avec commandement d’avoir à intégrer le requérant par exploit d’huissier les 19 et 20 octobre 2023’’.

Pendant que la DGE refuse d’endosser la responsabilité, alors que les partisans de Sonko tentent de faire croire que la Daf a déjà procédé à la réintégration de leur client sans aucune preuve formelle, Moundiaye Cissé, lui, interpelle directement le ministère de l’Intérieur qui assure leur tutelle. ‘’Le silence du ministre de l’Intérieur est vraiment suspect et incompréhensible. À mon avis, la tutelle, dans une telle situation, devrait sortir pour édifier la lanterne et faire respecter la loi. Je pense que nous n’avons aucun intérêt à affaiblir les institutions, notamment la CENA qui est chargée de la supervision et du contrôle des élections. Nous avons tous intérêt à travailler à consolider la confiance des citoyens envers les institutions et de tels actes ne vont pas dans ce sens. C’est pourquoi nous demandons au ministre de l’Intérieur de diligenter rapidement ce dossier’’, plaide le directeur exécutif de l’ONG 3D.

À défaut, M. Cissé demande à la Cena de prendre ses responsabilités en remettant tout bonnement des fiches et une clé USB à Ousmane Sonko.

Les limites de la DGE

Administration centrale dans l’organisation des élections, la DGE, sur nombre de ses compétences, est en concours avec d’autres services du ministère de l’Intérieur. Par exemple, en ce qui concerne le débat actuel sur la radiation et la réintégration de Sonko, la DGE a certes des compétences en tant qu’autorité chargée de l’organisation des élections, mais elle est en concurrence avec la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf) qui est le service chargé de la gestion du fichier.

Selon les textes, la DGE assure ‘’l’établissement et la révision des listes électorales, en liaison avec la Direction de l’automatisation des fichiers du ministère de l’Intérieur’’. Elle assure également la tenue des fichiers électoraux ainsi que l’organisation et le suivi de la distribution des cartes d’électeur. Si pour certaines de ces compétences la DGE est contrainte de travailler avec la Daf, pour d’autres, elle s’appuie sur les services de la Direction chargée de l’administration territoriale. La DGE s’appuie essentiellement sur deux directions, dont celle des Opérations électorales et la celle de la Formation et de la Communication.

Dans tous les cas, la confusion actuelle met à nu les nombreuses insuffisances du système électoral sénégalais, qui dépend en grande partie des services sous le contrôle direct du ministre de l’Intérieur à la tête duquel il y a un politique.

MOR AMAR

Section: 
FERMETURE DE BASES MILITAIRES : L’Afrique se libère de l'ombre de Paris
PASTEF OGO : 5 professeurs, trois disciplines, un patriotisme
ENFANTS DE LA RUE : Diomaye annonce l’éradication du phénomène
NOUVELLES LICENCES DANS LE SECTEUR DES PÊCHES : Priorité au marché local et aux conserveries sénégalaises
LANCEMENT DU RÉSEAU DES ENTREPRISES POUR L'ÉGALITÉ DES CHANCES : Simplon veut booster l'employabilité des jeunes
BUDGET 2025 : La feuille de route du gouvernement 
MODICITÉ DE LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE LOCALE : Ngoundiane dans la tempête budgétaire
LOI DE FINANCES 2024 : Le régime engage la course contre la montre
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué