Le M23 deviendra une association pour promouvoir ''la conscience citoyenne''
Le Mouvement du 23-Juin (M23) veut satisfaire aux critères juridiques d'une association qui ‘’œuvre pour le développement d’une conscience citoyenne profonde, la proposition et la lutte populaire’’, ont réitéré vendredi à Dakar ses membres.
‘’Le M23 va demeurer un espace de réflexion et un cadre d’action à dimension locale, nationale et internationale, qui s’inspire des conclusions des Assises nationales du Sénégal et s’adosse à l’éthique et à un socle de valeurs’’, a dit l'un de ses membres, l'avocat Mame Adama Guèye, lors d’une conférence de presse.‘’Une diversité de missions lui est assignée, parmi lesquelles celle de jouer un rôle de contre-pouvoir citoyen face aux pouvoirs exécutif, législatif judiciaire […], appuyer, encourager et soutenir les luttes populaires sectorielles et légitimes, contribuer à l’éducation à la citoyenneté en ville et dans le mon de rural’’, a-t-il expliqué. Mame Adama Guèye a annoncé que ‘’le M23 compte en outre collaborer avec les mouvements démocratiques de la sous-région, d’Afrique et du monde, pour promouvoir le modèle démocratique sénégalais tout en apprenant des autres’’.
La structure s’investira aussi dans la défense de la Constitution, de la bonne gouvernance, de la démocratie et de l’Etat de droit ''par tous les moyens légaux et pacifiques'', selon Me Guèye. Elle veillera aussi au respect, par les pouvoirs publics, des engagements envers le peuple. Le M23 a invité les nouveaux députés - élus le 1er juillet dernier - à voter une loi d’amnistie en faveur de ses membres détenus lors des manifestations que le mouvement a organisées pour dénoncer la candidature d'Abdoulaye Wade à l'élection présidentielle de février-mars. ‘’Au moment où les dividendes de la nouvelle alternance sont en cours de distribution, des acteurs de la révolution citoyenne, qui a engendré l’alternance le 25 mars [dernier], continuent de croupir en prison, alors que d’autres ne disposent plus de casiers judiciaires vides après avoir longtemps séjourné en prison arbitrairement’’, a souligné Me Mame Adama Guèye.
‘’Cette situation intolérable ne saurait perdurer. A la suite des élections législatives et de l’installation [des députés], les conditions sont réunies pour régler radicalement et décisivement le sort de nos camarades de lutte, qui sont ou ont été en prison’’, a-t-il soutenu. ‘’Les députés, qui doivent leur élection à la révolution citoyenne pour laquelle certains membres du M23 ont perdu leur liberté, ont le devoir impérieux d’user de leurs prérogatives pour mettre fin à cette situation en ouvrant la législature par le vote d’une loi d’amnistie’’, a souligné Me Guèye. Il a annoncé que ‘’le M23 a décidé d’adresser un lettre ouverte à tous les députés pour les appeler à leurs responsabilités à cet égard’’. ‘’Le vote d’une loi préconisée par le M23 pourrait revêtir un double symbole. Ce serait la première loi votée par l’Assemblée nationale et cette loi procéderait d’une initiative parlementaire pour marquer la rupture’’, a commenté l'avocat.
Le M23, constitué de partis politiques, d'organisations syndicales et de défense des droits de l'homme, a barré la route à une modification constitutionnelle par laquelle l'ex-président de la République Abdoulaye Wade voulait faire voter en juin 2011 une loi autorisant l'élection du chef de l'Etat par une majorité égale au quart des suffrages exprimés au scrutin présidentiel. Les membres du M23 avaient organisé un grand rassemblement devant l'Assemblée nationale, le 23 juin 2011, ce qui avait obligé le gouvernement à retirer le projet de loi portant ladite modification, au moment où il était examiné par les députés. Le 29 avril, le coordonnateur dudit mouvement, Alioune Tine, avait annoncé que la structure allait satisfaire aux critères juridiques d'une "association d'utilité publique".
APS