A qui profite l’anarchie ?
« Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.»
Cette assertion vaut son pesant d’or. Une République nommée répond ipso facto à des règles tout comme d’ailleurs toutes les sociétés à dimension humaine. Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, se targue d’être aux avant-postes de la légalité et pousse l’outrecuidance jusqu’à créer, récemment, un ministère chargé de la Bonne gouvernance. C’est assurément le signe de vœux pieux si les acteurs que nous sommes acceptent de jouer le jeu de la transparence et du respect de l’éthique. Cela doit démarrer par l’Etat, qui est la puissance publique et qui définit pour ses gouvernants les grandes lignes directrices de toute innovation.
Le secteur des panneaux publicitaires, objet de notre préoccupation du moment, présente depuis quelque temps une nébuleuse aux tentacules insoupçonnés. Une race d’hommes, inconnus au bataillon, bénéficient allégrement de certains privilèges et autres, dont le ou les commanditaires, pour le commun des mortels, restent un dilemme. Les moyens déployés en termes d’investissement dépassent de loin les bénéfices escomptés dans le secteur. Cela, assurément, défie toute logique. Il s’y ajoute que les autorisations d’implantation et d’acquisition heurtent la conscience de beaucoup de professionnels.
Il n’y a guère longtemps, les acteurs du secteur se réjouissaient du fait que toutes les dispositions règlementaires avaient été appliquées dans les règles de l’art. L’on se souciait alors et de l’environnement et des sites d’implantation. Aujourd’hui, tout cela relève de l’utopie (les emprises ne sont pas respectées, il n’y a aucune norme et les carrefours engorgés). La question la plus pertinente qu’il convient de se poser et à juste titre, c’est de savoir, s’il n’y a pas dans ce jeu de cache-cache une main puissante et invisible qui serait derrière ce conglomérat de nouveaux riches et qui tirerait à son profit exclusif tous les avantages sans être au devant de la scène et qui, nonchalamment, toucherait sans risque les dividendes d’une telle opération.
A ce niveau de responsabilité, l’Etat est engagé. La prolifération des panneaux publicitaires dans chaque espace de rue, l’anarchie constatée quant à leur implantation (sans l’aval et présence des agents des travaux publics comme cela se faisait dans le passé), tout cela mérite qu’on s’y attarde au vu des nouveaux opérateurs qui, hier encore, étaient dans une incapacité financière avérée. Logique pour logique, il urge que les services de contrôle de l’Etat (IGE, OFNAC et autres) sur qui pèsent les missions régaliennes de vérification et de clarification s’intéressent à ce qui se fait à ce niveau.
L’Etat est interpelé, les Autorités municipales en particulier si l’on sait qu’au quotidien, il est prôné une nouvelle démarche de gestion faite de vertu, de transparence et de bonne gouvernance. Il est temps qu’on dise aux populations comment les autorisations d’implantation sont accordées et quels sont les critères objectifs pour bénéficier de régies publicitaires. Ces questions, apparemment anodines, méritent quand même qu’on s’y penche avec toute la rigueur et la quiétude qui siéent en de pareilles circonstances, sans a priori. Ce ne serait que justice au vu de nombreux enjeux et au respect judicieux de professionnels qui ont investi et qui ne savent plus où donner de la tête parce que tout simplement les règles du jeu sont faussées.
Dès lors, il est juste que ce qui est juste soit suivi sans à priori. En outre, le respect des normes environnementales mériterait très sérieusement d’être pris en considération. Dans un contexte où toute initiative, de quelle que nature qu’elle soit, doit répondre à ce volet, nous assistons, impuissants, à l’implantation anarchique de panneaux de tous genres. L’Autorité qui autorise et qui interdit, ayant donc pouvoir de décision, aurait dû, nécessairement, mener toutes les études techniques, délivrer un avis favorable avant de procéder à la pose. Cela créé encore un climat de suspicion dans l’attribution et la mise en place d’instruments visuels, aptes à captiver le maximum…
Il reste que le ministère de l’Environnement ne doit pas être en reste dans ce combat qui nous concerne tous parce qu’en définitif, le combat pour un cadre de vie sain interpelle toutes les consciences.
Cheikh Sidy DIENG
Consultant
cheikhsidydieng@outlook.fr