Publié le 12 Sep 2015 - 12:22
REGNE DE HABRE DE 1982 A 1990

Mike Dottrige d’Amnesty confirme les tortures et les exécutions

 

Le Britannique Mike Dottrige a clos hier la première semaine du procès de Hissein Habré. Responsable de l’ONG non gouvernemental Amnesty international, le témoin a confirmé l’existence de tortures au Tchad, de 1982 à 1990.

 

Les témoins de contexte continuent de défiler à la barre de la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE), dans le cadre du procès de Hissein Habré. Hier, à la suite de Jean Bawoyeu Alingué, président de l’Assemblée nationale tchadienne sous Habré, Mike Dottrige a comparu. Le responsable chercheur d’Amnesty international pour les pays d’Afrique centrale, de 1977 à 1993, a plongé les juges dans l’enfer vécu par les victimes tchadiennes.

En d’autres termes, il a confirmé les tortures, les arrestations, les répressions subies par les Tchadiens et les opposants sous le règne de Habré. Selon son témoignage, les tortures ont bel et bien existé. Listant 23 rapports produits dans ce sens, le témoin a indiqué qu’elles ont existé sous toutes leurs formes. ‘’Des gens étaient torturés à mort. Certains, on leur faisait ingurgiter de l’eau pimentée ; il y a eu également cette forme de torture qu’on appelait en Guinée, du temps de Sékou Touré, ‘’la diète noire’’ : c’est-à-dire la privation de nourriture aux prisonniers’’, indique le défenseur des droits de l’Homme.

Outre les tortures, Mike a fait état d’exécutions sommaires, comme ce fut le cas en 1984 avec l’exécution d’une centaine de Kodos. L’expert a également évoqué des arrestations devenues finalement des disparitions. Lors de ces vagues d’arrestations, même les mineurs et les femmes n’étaient pas épargnés, car ils payaient souvent à la place de leurs parents, lorsque la DDS n’arrivait pas à mettre la main sur eux. A cet effet, il a cité l’exemple de deux garçons de 13 ans qui n’ont plus été revus, après leur arrestation. A en croire M. Mike, ce n’est qu’en 1983 qu’Amnesty a commencé à recevoir des informations venant des familles des victimes. Pis, à chaque fois que l’organisation sortait un rapport ou un communiqué pour fustiger les répressions ou lancer un appel en direction d’une victime, les autorités tchadiennes niaient, en les accusant d’être manipulés par des personnes de mauvaise foi.

Il s’y ajoute que le gouvernement les invitait à venir visiter le Tchad pour ensuite se raviser. ‘’Ce n’est qu’en fin mars 85 qu’on a eu une première visite. On a essayé de maintenir le dialogue, mais plus de réponse du gouvernement’’, s’est désolé le responsable d’Amnesty international qui poursuivra son témoignage lundi prochain. 

FATOU SY

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