Publié le 12 Oct 2023 - 19:25
REMANIEMENT MINISTÉRIEL

Les nouveaux visages de la “Task Force” pour 2024

 

Le nouveau gouvernement a connu quelques changements, avec l’arrivée de nouveaux ministres censés donner un nouvel élan à la majorité en vue de la Présidentielle de 2024.   Ces nouveaux visages doivent permettre d’impulser une nouvelle dynamique politique à l’approche de l’élection présidentielle.

 

Le remaniement ministériel, qui marque le démarrage du gouvernement Amadou Ba II, a connu hier son épilogue. Si peu de changements ont été signalés dans les postes clés dans le nouveau gouvernement, quelques nouveaux rentrants ont fait leur apparition dans un certain nombre de domaines comme la Femme et la Petite enfance, le Transport aérien, l’Élevage et la Fonction publique. La nomination de ces 39 ministres qui, en général, a un caractère politique, vise à consolider un certain nombre de fiefs, assurer des équilibres politiques régionaux et au sein de l’APR.

Parmi les nouveaux venus, on peut citer des personnalités politiques de premier plan comme Lat Diop, Thérèse Faye et Modou Diagne, et d’autres plus discrets comme Antoine Mbengue et Daouda Dia, considérés comme de vraies surprises dans ce nouvel attelage gouvernemental.

Thérèse Faye Diouf ‘’l’Amazone’’

Cette nomination de Thérèse Faye Diouf vient couronner plus d’une décennie d'engagement et de soutien à Macky Sall. Celle qui, pendant longtemps, a dirigé la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer) a plus d’une fois rongé son frein à l’approche de plusieurs remaniements, alors qu’elle a été plusieurs fois pressentie pour prendre le portefeuille de la Jeunesse. L’édile de Diarrère (Fatick) s’est ainsi effacée devant Mame Mbaye Niang, Néné Fatoumata Tall et Pape Malick Ndour, au grand dam de ses proches qui dénonçaient un manque de considération de cette militante de la première heure de l’APR. 

Néanmoins, ces multiples déceptions n’ont pas entamé sa fidélité au chef de l’État qui, après l’avoir nommée directrice du Fonds de gestion des investissements prioritaires (Fongip) vient de la propulser à la tête du ministère du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Équité sociale et territoriale. L’ancienne patronne de la case des tout-petits, qui n’a jamais eu peur de croiser le fer avec les opposants au régime, ne sera pas de trop dans cette bataille politique qui s’annonce, à moins de six mois des élections.

Modou Diagne Fada, le retour du phénix 

La nomination de Diagne Fada au poste de ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires semble marquer un retour au premier plan de l’ancien responsable libéral qui a rejoint le camp présidentiel au sein du gouvernement de la majorité élargie de novembre 2020. Même si sa gestion de la crise que traverse la Sonacos semble avoir un peu égratigné sa réputation, le président du Conseil départemental de Kébémer a su rebondir sur le plan politique, en remportant son fief de Darou Mousty et plus largement du département de Kébémer lors des Locales de janvier 2023. Si Wallu et le PDS semblent en bonne voie pour remporter la mise dans le département de Kébémer après leur succès lors des dernières Législatives, l’enjeu d’une reconquête semble avoir poussé Amadou Ba et Macky Sall à miser sur l’homme fort de Darou Mousty, afin d’y contrer le PDS très fortement implanté dans ce département.

Lat Diop, le pari de la banlieue 

La nomination de Lat Diop était dans les tuyaux. Le responsable politique ‘’apériste’’ de Guédiawaye, qui a récemment cédé son poste de directeur général de la Lonase, hérite du département des Sports. Ce responsable politique âgé de 51 ans et considéré très proche de la première dame Marième Faye Sall, a longtemps croisé le fer avec d’autres responsables de la coalition avant de subir la déferlante Ousmane Sonko, lors des Locales puis des Législatives en 2023.  Ce choix de Lat Diop vise aussi à renforcer le poids de la majorité dans la banlieue dakaroise considérée comme un bastion de l’opposition. Ce haut fonctionnaire qui fut directeur de la Coopération et des Financements extérieurs au ministère du Budget et membre du Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football entend conduire le Sénégal vers un nouveau sacre en Afrique. Un bon moyen pour le régime de faire oublier les difficultés de la vie et renforcer son prestige. 

Daouda Dia, le député des éleveurs

Le maire d’Orkadieré (Matam) et pendant longtemps questeur à l’Assemblée nationale a été nommé ministre de l’Élevage et des Productions animales dans un souci d’assurer les équilibres politiques dans le Fouta. Mamadou Talla, fortement contesté auprès des responsables ‘’apéristes’’ à Matam, est ainsi remplacé par le frère du milliardaire Harouna Dia, très influent au sein de l’APR. Les responsables de ce fief de Macky Sall avaient menacé de ne pas s’impliquer dans la collecte des parrainages, si Mamadou Talla était maintenu. Le politique qui se réclame comme un serviteur de son terroir aura la lourde tâche d’assurer le maintien de la région de Matam dans le giron de Benno Bokk Yaakaar, lors de la Présidentielle 2024.

El Hadj Momar Samb, la caution gauchiste de la coalition BBY

La nomination du coordonnateur national du RTA/S (Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal) comme ministre délégué auprès du garde des Sceaux, ministre de la Justice, semble constituer une caution pour le pôle de gauche de Benno Bokk Yaakaar (BBY) dans un souci d’éviter toute montée de frustrations dans les partis de gauche longtemps marginalisés par l’Alliance pour la République (APR). El Hadj Momar Samb, syndicaliste d’un parti de gauche, entend aussi s’impliquer dans le débat intellectuel pour remettre au goût du jour le calendrier social dans le programme du candidat Amadou Ba.

Professeur de lettres modernes et chercheur-formateur à l'Ineade de Dakar, El Hadj Momar Samb, compagnon de longue date de Macky Sall, veut aussi peser sur les choix politiques du Premier ministre Amadou Ba, notamment dans le volet social.

Antoine Mbengue, l’envol d’un nouveau leader 

Antoine Mbengue est une vraie surprise dans ce nouveau gouvernement d’Amadou Ba II, avec sa nomination comme ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires.  Antoine Mbengue, originaire de Mont-Rolland, est un responsable ‘'apériste’’ et considéré comme un homme discret. Ce catholique bon teint aura la lourde mission de relancer la compagnie aérienne Air Sénégal qui semble battre de l’aile ainsi que de faire du Sénégal l’un des principaux hubs aéroportuaires en Afrique de l’Ouest. Avocat de formation, Me Antoine Mbengue veut s’imposer comme le leader incontournable de la majorité dans le département de Tivaouane tombé dans l’escarcelle de l’opposition, lors des dernières Législatives. 

Makhtar Cissé, le retour en force

La nomination de Mouhamadou Makhtar Cissé sonne comme un retour aux affaires de l’Inspecteur général d’Etat. L’homme, faut-il le rappeler, avait dernièrement décliné la réunion d’enregistrement des candidats de Benno à la candidature pour la Présidentielle de février 2024. Le président Macky Sall l’avait dans la même mouvance, félicité. Malgré cela, on était loin de penser à son retour aux affaires, même si cette séquence a été révélatrice de la haute estime dont il jouit auprès des membres de la mouvance présidentielle. Puisqu’il a été présenté d’office comme un candidat à la candidature de Benno Bokk Yaakaar, sans en avoir exprimé le souhait.

Pur produit de l’administration publique (École nationale d’administration et de magistrature, (Enam, Inspection générale d’Etat (Ige), il avait retrouvé son bureau d’inspecteur au Palais de la République, après son départ du gouvernement, en toute humilité et ‘’sans doute aussi parce qu’il garde une certaine passion de l’expertise publique’’. Il retrouve le cabinet du Président, poste qu’il a occupé de juillet 2014 à juin 2015.

Il finit par rejoindre la Société nationale d’électricité du Sénégal, alors en grande difficulté. En quatre ans, il a remis de l’ordre dans ce fleuron de l’industrie sénégalaise et surtout ramené la performance.

Originaire de Dagana, Mouhamadou Makhtar Cissé a ainsi été tour à tour été Directeur général des Douanes (2009), ministre du Budget (2013), Directeur de cabinet du Président (2014), Directeur général de la Société nationale d’électricité (Senelec en 2015) et ministre du Pétrole et des Energies (2019). Il a marqué d’une bonne empreinte positive faite de résultats concrets tous les départements et entreprises publiques qu’il a dirigés.

Maître d’œuvre du chantier de réfection de la grande mosquée de Tivaouane, Makhtar Cissé jouit aussi d’une grande notoriété et d’une grande confiance au sein de la famille Sy. Son retour dans le gouvernement, sous ce rapport, peut être considéré comme un clin d’œil à Tivaouane.

Mais, surtout, ce retour dans le cabinet du Président de la République témoigne d’une grande confiance dans ses compétences. Car, il sera amené à accompagner la sortie du Président de la République, avec tout ce que cela implique comme travail de préparation des dossiers, entre autres tâches.

En outre, le contexte préélectoral qui prévaut reste particulier et sans doute sera-t-il amené à jouer un rôle majeur, alors que l’actuel Premier ministre Amadou Ba est choisi comme candidat de Benno Bokk Yaakaar à la Présidentielle de février 2024.

 Amadou Fall

 

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