Concert mondial de réprobations
Des voix s’élèvent, à travers le monde, pour condamner la répression musclée voire meurtrière en Gambie. En plus de la mort en détention de l’opposant Solo Sandeng, vendredi dernier, le leader de l'UDP, Ousainou Darboe et plusieurs membres de son parti ont été arrêtés, lors d’une marche réclamant justice pour Solo Sandeng et la libération de leurs militants arrêtés jeudi dernier.
Dans une déclaration publiée ce dimanche, le Secrétaire général des Nations unies a exprimé sa "consternation", après le décès de Solo Sandeng. Ban Ki-moon appelle à "une enquête indépendante sur la mort en détention de ce jeune homme par les forces de sécurité de l'Etat gambien’’. Il demande aussi ‘’la libération immédiate et inconditionnelle des autres personnes arrêtées’’.
"Les États-Unis condamnent la répression sévère menée par le gouvernement de la Gambie, lors de récentes manifestations pacifiques. Nous appelons à une fin immédiate de la violence et exhortons tous les Gambiens à faire preuve de retenue et à rester calmes", souligne un communiqué du Département d'Etat. Le document signé par John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, souligne que "les Etats-Unis appellent le Gouvernement de Gambie à respecter ses obligations internationales et les conventions des Nations unies sur les droits civils et politiques, y compris le droit de réunion pacifique".
Pour sa part, l'organisation de défense des droits humains et des libertés de la presse Article 19 se dit "choquée" par la mort de Ebrima Solo Sandeng et demande que toute la lumière soit faite sur les circonstances de sa mort". Poursuivant, Fatou Jagne Senghor, Directrice régionale de Article 19 Afrique de l’Ouest, "demande la libération immédiate de tous les manifestants détenus, depuis le 14 avril, et la cessation des arrestations arbitraires".
Amnesty International a aussi joint sa voix au concert de condamnations contre le régime répressif de Gambie. "La mort tragique en détention de Solo Sandeng ne doit pas rester impunie. Les autorités doivent mener une enquête immédiate, approfondie et indépendante", déclare Sabrina Mahtani, chercheur à Amnesty International, Afrique de l'Ouest. "La Gambie doit respecter les droits à la liberté d'expression et de réunion, en particulier avant les élections. Tous les manifestants pacifiques arrêtés par les autorités doivent être libérés immédiatement et sans condition. Tous ceux qui sont blessés doivent recevoir des soins médicaux urgents", exhorte-t-il.
L’UA et la CEDEAO aphones
Sauf que, dans ce concert de réprobations et de condamnations, l'Union africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest sont pour l'instant restées muettes. Un silence qui irrite Alioune Tine, le Directeur régional d'Amnesty International en Afrique de l'Ouest. "Où est la CEDEAO ? Où est l'Union Africaine ?" demande Alioune Tine sur sa page Facebook. Le silence de l'Union africaine et de la CEDEAO est d'autant plus surréaliste qu'au moment où les manifestants sont tués et arrêtés, se tient en Gambie la 58e session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Mame Talla Diaw