Le combat du vieux Mamadou Kamara contre l’IPRES
Mamadou Kamara est à la retraite, depuis 1987. Depuis 2000, il se bat contre l’IPRES, parce qu’il estime que l’institution lui doit 12 ans de rappel. L’IPRES assure lui avoir versé tous ses droits et se dit prête à lui fournir toutes les explications.
Mamadou Kamara est un retraité en croisade contre l’Institut de prévoyance retraite (IPRES). Cet ancien employé à la boulangerie du port dont la vie active a pris fin en 1987 estime que ce que l’IPRES lui a versé comme pension de retraite n’est pas conforme à ce dont il a droit. En fait, après sa retraite, il percevait une pension trimestrielle située entre 15 375 et 33 426 F Cfa. Depuis 2000, il a entrepris une démarche pour que ce qu’il considère comme une injustice soit corrigée. Il a d’abord saisi le DG de l’IPRES, puis le médiateur de la République. N’ayant pas reçu de réponse, il a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République.
Après étude de son dossier, l’institut lui a donné raison. Dans une correspondance datée du 19/01/2010, l’IPRES lui signifia ceci : ‘’Le montant brut de votre allocation bimestrielle s’élèvera désormais à 63 766’’. Mamadou Kamara passa donc d’un paiement trimestriel à un paiement bimensuel, avec augmentation de la somme. En plus de cela, il a reçu un montant de 1 578 840 francs, ‘’à titre de rappel pour la période de 1968 à 1975’’.
Il réclame un reliquat de 2 836 324 F CFA
Mais, cette correction n’a pas été à la hauteur des attentes de M. Kamara. Après avoir fait son propre calcul, il est arrivé à la conclusion que l’IPRES devait lui verser 3 822 840 F CFA, au lieu de 1 578 840 F CFA. Il réclame donc un reliquat de 2 836 324 F pour la période 1968/1975, sans compter la période qui s’étend entre 1976 et 1987. Dans une réponse que l’IPRES lui a servie, l’institution explique que les rappels différentiels à servir ne peuvent porter que sur les périodes postérieures à la date d’effet ; ce qui exclut la période courant du 1er janvier 1988 au 31 décembre 2000. A noter à ce niveau que M. Kamara a déposé sa demande de pension, entre 1998 et 2000. 1998, selon lui ; 2000 selon les réponses de l’IPRES.
Mais la différence ne se situe pas à ce niveau. Elle est plutôt sur la période que couvrent les rappels. En 2012, le vieux a fait une nouvelle réclamation à la Division des investigations criminelles (DIC). La DIC l’a renvoyé au tribunal. Et là, le tribunal lui a demandé de prendre un avocat ou un huissier, sinon le dossier serait classé sans suite. En 2015, il a pris un avocat en la personne de Me Geneviève Lenoble. Cette dernière a écrit au directeur général de l’IPRES pour réitérer les réclamations de son client.
‘’Les retraités ne savent pas comment se calcule la pension’’
La réponse de l’institution, qui porte la signature de Pape Mamadou Seck de la direction des prestations, reprend les mêmes arguments qui figurent dans la correspondance adressée à M. Kamara : à savoir que les rappels différentiels ne peuvent porter que sur la période postérieure à la date d’effet. M. Seck souligne donc que ‘’les périodes d’activités effectuées par monsieur Kamara, de 1976 à 1987, sont bien prises en compte dans le calcul de la pension qui lui est présentement servie’’, tout en demandant à l’avocat de se référer à la fiche de points de cotisations. Lorsque nous avons saisi hier l’IPRES, M. Seck a sorti une lettre dans laquelle l’avocate Me Lenoble avoue que son jugement comporte ‘’des erreurs substantielles’’. Pape Mamadou Seck renseigne avoir fourni tous les détails à l’avocate, le 25 août dernier. Mais, aucune réaction ne s’en est encore suivie.
Quoi qu’il en soit, le vieux Kamara est convaincu que l’IPRES a piétiné ses droits. Du côté de l’institution, on assure que tout est transparent. Pape Mamadou Seck, qui regrette le fait que le vieux ne se soit jamais présenté à l’IPRES, se dit prêt à le recevoir pour lui fournir toutes les explications nécessaires à sa compréhension. D’après lui, ce genre de problème est presque quotidien, car les retraités ne savent pas comment se calcule la pension, qui du reste, d’après lui, est compliqué. Cela, d’après lui, les induit en erreur.
BABACAR WILLANE