Pape Diop, la disgrâce qui annonce celle du Pds
DIVORCE TRAGIQUE.
Le président du Sénat Pape Diop est dans l’œil du cyclone alors que le président Wade doit s’engager dans un combat incertain face à Macky Sall lors du second tour, le 25 mars prochain. Principale victime du réaménagement opéré dans le directoire de campagne des Fal 2012, avec le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye et le délégué général Djibo Kâ, l’ancien maire de Dakar et patron des libéraux de Dakar a ne gère plus les finances de la coalition. « Bouderie » a-t-on avancé comme explications à ses absences lors des réunions stratégiques qui réunissent au palais le vieux candidat et son dernier carré de fidèles. Ce dernier carré, Pape Diop en a été exclu, par la force des accusations portées contre lui, et par delà les règlements politiques qui n’ont pas manqué au détriment du président de la Chambre haute du Parlement, à la débâcle électorale subie à Dakar et que Wade a subie comme une suprême humiliation.
« Il ne vient plus », constate, désabusé, un membre du cercle restreint qui entretient encore l’espoir. Pape Diop avait pourtant réussi à cacher son jeu, malgré tous les bruits qui ont accompagné « l’alternance ». Patron incontesté du Pds dans la région de Dakar, il ravit la capitale au Ps, a été élu député depuis les années d’opposition, avant de monter en grade avec le magistère de Me Wade, jusqu’à devenir la deuxième personnalité de l’Etat, au rang protocolaire, cinq ans comme président de l’Assemblée nationale, autant comme président du Sénat, chargé d’assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir présidentiel pendant 90 ans. C’était avant que la présidentielle n’ait lieu ; avant que le président sortant ne soit contraint au second tour. Certes, Pape Diop avait toujours accolé sa carrière politique à celle de Me Wade et assuré qu’il prendrait sa retraite politique avec son mentor. Aujourd’hui, ces ressorts sont cassés. Wade l’a pris en grippe et lui en prend acte….
Quand l’opposition, réunie alors au sein de « Benno Siggil Sénégal », battait les libéraux lors des élections locales de mars 2009, en remportant la mairie de Dakar, la présence de Karim Wade et des vote-sanctions pour cause de « mauvaises investitures » avaient été avancées comme explication pour justifier la débâcle des libéraux. Lors de cette présidentielle, au premier tour, à Dakar, le président Wade a été laminé par Macky Sall, premier dans la région et sa vaste banlieue. Pire, le président sortant arrive derrière Moustapha Niasse, candidat de la coalition « Benno Siggil Sénégal », pourtant pénalisé par le cavalier seul du Ps avec la coalition « Benno Ak Tanor ». C’est au vu de cette situation que Me Wade a pris la mesure de l’ampleur du passif politique de celui qui fut le grand argentier du Pds. Aujourd’hui, la rupture semble consommée. Le secrétaire général du Psd/jant-Bi, Mamour Cissé, l’a remplacé comme responsable des finances des Fal 2012. Et les langues se délient.
Liens avec le M23
« On le soupçonne d’avoir renforcé le M 23, de l’avoir aidé souterrainement, dans la plus grande discrétion. On a les preuves maintenant qu’il a eu à l’endroit de responsables influents responsables du M 23 de délicates attentions en espérant que le chaos allait lui profiter », renseigne une de nos sources logées au palais de la République. En clair, il pensait qu’il avait ses chances, en tant que dauphin constitutionnel, de tirer les marrons du feu si « le chaos devait suivre les émeutes qui ont accompagné la précampagne électorale. » Cette opération, accusent ses détracteurs, devait se faire en liaison avec un ancien Premier ministre, maire d’une grande ville, candidat désabusé à la présidentielle du 25 février, et qui a dû se résoudre à lancer un appel à voter en faveur de Macky Sall au second tour…
A propos de la gestion des fonds de campagne, ses adversaires, qui ont maintenant les oreilles du président de plus en plus esseulé, reconnaissent qu’il a « redistribué », mais « pas nécessairement à des personnes qui travaillaient pour la victoire de Me Wade. » En s’emmurant encore plus dans le silence, en décidant de prendre les devants pour se décharger de toutes ses responsabilités dans le dispositif du président Wade, en accusant sans broncher les imprécations de ses procureurs, le président du Sénat devient la fragrance caractéristique de l’atmosphère de fin de règne chez les libéraux.