Le personnel empêche l’installation du nouvel ACP
Après quelques années d'accalmie, l'hôpital régional de Saint-Louis renoue avec les tensions sociales et les protestations. Hier, l’Intersyndicale des travailleurs de l'hôpital a mis à exécution ses menaces en bloquant l'installation du nouvel ACP dans ses fonctions. Ils menacent de paralyser les soins et les consultations, tant que leur doléance n'est pas satisfaite par les autorités compétentes.
Depuis 48 heures, l'hôpital régional de Saint-Louis tourne au ralenti. Pour cause, la prise de service du nouvel agent comptable particulier (ACP). Les syndicalistes de la structure sanitaire s'opposent radicalement à son installation. Brassards rouges, huées hostiles, debout comme un seul homme, le personnel de l'hôpital régional de Saint-Louis a farouchement barré la route à Mamadou Lamine Ndoye qui voulait accéder à son bureau. Des protestations qui ont conduit ce dernier à rebrousser chemin sans effectuer la passation de service avec son prédécesseur parti à la retraite.
Le ton était déjà donné depuis le mois de novembre dernier, quand la note l’affectant à l'hôpital de Saint-Louis a été publiée. À cette époque, l'Intersyndicale des travailleurs était montée au créneau pour montrer son désaccord.
Pour le porte-parole des syndicalistes de l'établissement hospitalier, la tutelle a été alertée sur les éventuelles conséquences de l'affectation du nouvel ACP à Saint-Louis. “Toutes les autorités concernées ont été informées à temps. Amadou Lamine Ndoye a été à l’hôpital de Ziguinchor, de Mbour, de Diourbel et de Fatick. Partout, il a laissé derrière lui des problèmes de gestion. D’ailleurs, dans cette dernière structure hospitalière, le personnel s’est mobilisé pour le déclarer persona non grata et l’obliger à partir. Vu son parcours catastrophique de gestionnaire, nous ne voulons pas de lui au moment où l'hôpital régional a retrouvé une certaine stabilité de gestion et un climat social apaisé“ a déclaré Moustapha Diop du Sutsas.
Les autorités invitées à assumer leurs responsabilités
Déterminés, les travailleurs n'écartent pas de mener le combat, le temps qu’il faudra pour obtenir gain de cause. “Nous n'accepterons pas que M. Ndoye prenne service à l'hôpital. Il peut aller là où il veut effectuer son passage de service, mais pas au sein de l'hôpital. Si on ne le change pas, qu’il prenne toutes ses responsabilités, il ne travaillera pas tranquillement ici. Nous sommes prêts à paralyser le fonctionnement de l'hôpital le temps qu’il faudra pour la satisfaction de notre doléance”, a tonné le représentant du personnel au conseil d'administration de l'hôpital.
En verve, le porte-parole de l'Intersyndicale, Moustapha Diop, a également invité les autorités locales et administratives de Saint-Louis à assumer leurs responsabilités. “Il ne faut pas réveiller les vieux démons de paralysie de la structure sanitaire régionale. Les autorités de la région doivent veiller à la stabilité et à la paix sociale de l'hôpital, pour garantir à la population de Saint-Louis des soins de santé sans aucune perturbation majeure”, a martelé Tapha Diop.
Dans leur opposition à l’installation du nouvel ACP, les syndicalistes ont reçu hier un renfort de taille. Il s'agit du représentant des usagers au conseil d'administration de l'hôpital. Pour Gamby Diagne, le personnel ne doit pas porter seul ce combat pour le bon fonctionnement de la structure sanitaire. “Nous sommes derrière le personnel. Nous invitons les autorités à préserver le climat social, parce que les usagers ont trop souffert de grèves et de sit-in répétitifs des agents de santé pour mauvaise gestion. Donc, si depuis quelques années, on note une accalmie et un climat social moins tendu à l'hôpital régional, on n'acceptera pas que cette paix sociale soit perturbée par qui que soit”, a averti Gamby Diagne.
Toutefois, a-t-il poursuivi, il n'est pas trop tard, pour les autorités centrales, d’intervenir pour régler définitivement le problème.
Elles ne semblent pas, pour le moment, être dans ces dispositions. En effet, hier vers 18 heures, le gouverneur Alioune Badara Samb et quelques membres du Conseil d'administration ont tenté d'installer de force le nouveau ACP sous forte escorte de policiers. Malheureusement, la tentative à échoué face à la détermination des travailleurs. D'ailleurs, certains syndicalistes dont des femmes ont été brutalisés par les forces de l'ordre sur leur lieu de travail. Une situation qui risque de paralyser pour longtemps le fonctionnement normal de la structure sanitaire au grand dam des malades et usagers .
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)