Santé sexuelle des jeunes

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Pour réaliser une cartographie des besoins des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, et permettre aux acteurs de décliner des actions pour accompagner ces jeunes et répondre à leurs besoins non satisfaits, l’ONG Genèse et Développement a mené une étude en 2020. Selon la responsable suivi et évaluation de cette ONG, l’étude a été réalisée dans quatre régions : Saint-Louis, Kédougou, Thiès et Dakar. Les résultats, d’après Rokhaya Gning, ont révélé une situation préoccupante. Elle explique qu’au-delà des régions où l’étude a été menée, une population juvénile composée à 75 % de jeunes présente des besoins en matière de santé sexuelle et reproductive, dont une grande partie reste insatisfaite.
‘’Le constat, c’est qu’il existe un cadre légal, mais il y a une méconnaissance de ces droits auprès des jeunes, ainsi qu’auprès des prestataires censés offrir ces services, qui ne maîtrisent pas pleinement les droits encadrant la santé sexuelle et reproductive’’. Un autre constat est qu’au-delà du cadre légal méconnu, des difficultés financières ainsi que des pesanteurs socioculturelles et religieuses empêchent les jeunes d’accéder facilement aux services de santé sexuelle et reproductive.
Aussi, a-t-elle ajouté, ‘’le besoin principal est d’abord celui d’information’’. Elle s’est exprimée hier, lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre Taxawu Ndaw Yi à Saint-Louis. Selon elle, l’information fait défaut, ce qui pousse les jeunes à se tourner vers les réseaux sociaux, leurs amis ou d’autres sources informelles, car la communication entre parents et enfants est encore entravée par le tabou lié à la sexualité. Cette communication reste difficile et les blocages persistent.
...Le second besoin identifié, au-delà de l’information, est l’accès aux services, qui sont souvent coûteux. De plus, les jeunes manquent de confiance envers les prestataires de santé, notamment à cause du manque de confidentialité. ‘’Quand une jeune fille consulte une sage-femme, même pour un problème autre, par exemple des troubles menstruels, elle craint que l’information circule dans son quartier. Les jeunes ont donc du mal à faire confiance aux prestataires, à cause de ce problème de confidentialité. Ce n’est pas le cas partout ni pour tous, mais ce manque de discrétion est réel’’. Elle ajoute que les jeunes préfèrent parfois consulter dans des espaces où ils ne seraient pas vus par des adultes, comme des lieux publics où ils ne se sentent pas à l’aise, notamment lorsqu’il s’agit de santé reproductive.
‘’La confidentialité et les espaces adaptés ne sont pas toujours respectés pour les jeunes qui viennent se faire consulter dans ces structures’’. Un autre problème majeur est le coût des consultations. Par exemple, parmi les centres de conseils pour adolescents, il y a 45 départements au Sénégal, mais seulement une quinzaine de centres existent réellement. La disponibilité de ces centres est donc limitée, surtout en zone rurale où ils sont quasiment inexistants. À Saint-Louis, des jeunes se sont engagés à créer une plateforme, un espace dédié pour eux. D’après Rokhaya Gning, c’est un signal fort de la part des jeunes, car dans le cadre de l’Alliance Droits et Santé, ils ont collaboré avec des acteurs locaux. Ce sont ces acteurs qui ont mené le plaidoyer, organisé les actions et les rencontres, aboutissant aux résultats observés aujourd’hui.