Publié le 22 Jan 2015 - 02:16
SERVICE D’HYGIENE

Incursion en ville, présence assidue en banlieue

 

Le service d’hygiène n’est pas très bien senti au centre ville. Ce qui n’est pas forcément le cas pour la banlieue. Mais dans ces quartiers, on déplore surtout des arnaques répétées.

 

Diarra Ngom, restauratrice, la quarantaine, est habitante de Colobane. Depuis une dizaine d’années, elle gagne sa vie dans cette gargote contiguë au lycée des jeunes filles, John Kennedy. Dans sa robe fleurette, donnant l’air d’avoir la moitié de son âge, elle va, d’un pas sportif, ranger les bols et plats maculés posés sur la table. Pas besoin de tableau pour afficher le menu, ici, les clients sont réguliers. Ouvriers, chauffeurs et quelques particuliers composent la clientèle. Tous les jours, c’est deux plats (riz au poisson ou mafé), excepté le samedi où le nombre est réduit. Deux bancs entourent une vétuste table tapissée sur laquelle est soigneusement rangée une panoplie d’assiettes et de couvercles décorant cette pièce de 2 mètres carrés

Bonbonne de gaz et autres gadgets attendent au sol. Beaucoup de tâches à accomplir, mais une seule personne pour l’aider dans son labeur. Il s’agit de Aïda, sa sœur cadette. ‘’Je ne paye qu’un impôt de 150 F CFA par jour. Mais je n’ai pas encore vu les agents du service d’hygiène’’, révèle-t-elle. Toutefois, elle déclare être très exigeante quant aux respects des règles hygiéniques. Elle s’enorgueillit de sa maîtrise de l’art culinaire sénégalais. ‘’Je veille bien à la qualité du service’’, se glorifie Diarra.

A quelques minutes à pied de là, une autre gargote bohème et très animée se dresse devant la maison du parti socialiste. L’odeur âcre de l’oignon sauté se mélange à celui du gasoil qui vient des pots d’échappement des cars rapides revenant des Hlm. A l’entrée, Mariama Nanky, originaire  de Kolda, visage blême. Elle a l’air peiné par les mouvements discontinus entre la marmite et les assiettes étalées. ‘’Les agents du service d’hygiène font des incursions inopinées. Mais ils ne m’ont jamais rien reproché’’, soutient la jeune dame de 25 ans, le pagne bien attifé autour des reins.

La bâche bleue poussiéreuse servant de toiture résiste difficilement à cette bise hivernale. Sur le revers de la murette qui longe le bâtiment jonchent quelques bouteilles vides et des résidus de repas, témoignant de la cinquantaine de plats servis quotidiennement. Moussa Ndiaye, maçon de profession, ne se fait pas de soucis sur la qualité de cette gastronomie sudiste. Ce sont des plats propres et abordables, (500 F Cfa)», estime t-il.

Si les agents d’hygiène se font rares dans quelques restaurants au cœur de Dakar, ce n’est pas le cas pour la banlieue, du moins si l’on en croit certains boutiquiers. Il est 18 heures à  Keur  Massar, à 23 kilomètres du centre ville, quartier populeux où vivent plus de 100 000 âmes,  d’après les derniers recensements de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). En ce début de soirée du vendredi, le ciel commence à virer au bleu.

Juste à l’entrée du quartier, une multitude de commerces quadrille la voie menant au carrefour. Idrissa est l’un des propriétaires de ces négoces. ‘’J’ai été victime d’arnaque trois fois, de la part de ces agents de l’Etat’’, soutient ferme le jeune commerçant. Silhouette imposante et voix rauque, il décrit inlassablement comment ces derniers lui ont soutiré de l’argent. ‘’Après vérifications de tous les produits, ils se sont rendu compte qu’il n’y avait aucun article en état de contamination et ils  ont pointé du doigt le sac de pain. J’ai dû leur donner 5000 F CFA sans aucun reçu en contrepartie’’, soutient-il mordicus.

Plus loin, chez Jules boutique, point de convergence des jeunes et lieu de décryptage des matches de la semaine, des affiches de footballeurs et des journaux sportifs sur un mur blanc témoignent de l’amour que ce Guinéen  porte au ballon rond. ‘’Les pratiques de certains agents du service d’hygiène sont monnaie courante. Il faut leur donner 2000 F Cfa à chaque visite pour ne pas se faire embêter’’, accuse-t-il. Arnaque ou  redevances institutionnelles ?  L’essentiel, c’est de ne pas être en mal avec ces soldats de la salubrité. 

Amadou Camara Guèye (Stagiaire)

 

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