L’alerte du Club Sénégal émergent
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Lors de sa dernière Assemblée générale tenue à son siège, il y a quelques jours, le Club Sénégal émergent (CSE) s’est penché sur la situation actuelle du Sénégal, après 10 mois de gestion du président Diomaye Faye.
D'abord, pour la “situation financière et budgétaire”, le CSE regrette son caractère très tendu et contraignant pour l’État”. Dans le communiqué de l'organisation, cet état est caractérisé par “un endettement massif, un déficit budgétaire élevé, la dégradation de la note souveraine du pays par l’agence de notation Moody’s, une inflation forte et incontrôlée sur les prix des denrées de première nécessité, une baisse du niveau d’activités économiques, une campagne arachidière très difficile, etc.”.
La missive nous fait comprendre que la publication, le 13 février 2025, du dernier “rapport de la Cour des comptes sur l’audit des comptes publics, ainsi que l’annonce par le secrétaire général du gouvernement sur la RTS1 de mesures drastiques d’ajustement budgétaire, incluant la levée des subventions sur l’énergie, la suppression de certaines structures et dépenses de fonctionnement, et une baisse des salaires”, entre autres mesures d'austérité, ne viennent pas arranger les choses. Le CSE fustige, par ailleurs, les nominations aux hautes fonctions de l’État” qui semblent “parfois ciblées ou manquer de rigueur dans le timing et l’examen des profils, risquant d’entraîner des contre-performances dans l’atteinte des objectifs et une politisation accrue de l'Administration publique’’.
Concernant la reddition des comptes, la conduite actuelle “laisse de nombreux citoyens dubitatifs, donnant l’impression d’un règlement de comptes politiques marqué par un manque de sérénité et une précipitation inquiétante.
Dans la rubrique “Liberté de la presse et d’opinion”, le club n'apprécie pas que “des menaces pèsent sur la presse privée, la liberté de presse et d’opinion, avec des emprisonnements systématiques de porteurs d’opinions proches de l’opposition, tandis que l’impunité semble relative pour les proches du pouvoir”.
Dans ce même sillage, le CSE, à propos de la justice, part d'un constat froid. “L’opinion nationale constate que la justice sénégalaise est sous forte pression politique, dans le cadre de la reddition des comptes, suscitant inquiétude, doute et perplexité chez de nombreux citoyens à l’égard de cette institution capitale, dernier rempart pour la bonne marche de la République et de la démocratie”. Face à ce contexte national, le Club Sénégal émergent tient à “alerter solennellement l’opinion publique et le gouvernement, en particulier le président de la République, garant de l’unité nationale, sur les risques réels d’un embrasement général des secteurs socioprofessionnels”. Ces risques pourraient découler “des accords signés et non respectés, des licenciements abusifs dans le parapublic, des perspectives sombres de réduction des salaires, de licenciements et d’augmentation généralisée des prix, suite à la levée des subventions sur l’énergie ainsi que des risques de regain des tensions dans le sud du pays et des menaces djihadistes aux frontières nord”.
Le CSE suggère fortement au chef de l’État et au gouvernement, dans ce contexte difficile, de privilégier “l’humilité, l’ouverture, la concertation et le dialogue inclusif, plutôt que l’intimidation ou des tentatives de passage en force qui pourraient mener à de graves difficultés”.