Publié le 9 Jul 2021 - 21:24
SITUATION SECURITAIRE CATASTROPHIQUE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Mankeur Ndiaye hausse le ton

 

La République centrafricaine est au bord du gouffre, avec une violence endémique et des risques de famine. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Centrafricaine, Mankeur Ndiaye, dénonce les campagnes de ‘’désinformation’’ visant à saboter les actions de la mission et les attaques contre le personnel de l’ONU. Il annonce l’arrivée de troupes supplémentaires pour renforcer les effectifs de la Minusca.

 

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine et chef de la Minusca, Mankeur Ndiaye, a vigoureusement dénoncé les campagnes de ‘’désinformation’’, d’’’intoxication’’ visant à saboter les actions de la mission. ‘’Je veux être clair : la Minusca n'a pas d'agenda caché en République centrafricaine et n'est pas - et ne sera jamais - une source d'instabilité pour le pays et pour ses institutions. Elle n'est pas l'ennemie du peuple centrafricain’’, a déclaré Mankeur Ndiaye, à l’occasion de la conférence de presse hebdomadaire de la Minusca qui s’est tenue ce mercredi à Bangui.

Il en appelle donc à la fin de cette ‘’campagne contre la Minusca’’ et à l’instauration de la sérénité et de la confiance, afin que la mission puisse exécuter pleinement son mandat en appui aux autorités nationales. ‘’Je réitère l’engagement de la Minusca de continuer à travailler avec les différents acteurs centrafricains, la société civile, les femmes, les jeunes et les leaders communautaires et religieux, pour que la conjugaison de nos efforts et ceux des autorités permettent de relever les nombreux défis auxquels le pays fait face’’, a indiqué M. Ndiaye.

Il a auparavant renouvelé son engagement et son entière disponibilité à travailler avec le Premier ministre Henri-Marie Dondra et son Gouvernement pour le renforcement de ‘’notre partenariat’’, sur la base de la ‘’confiance mutuelle’’. Pour lui, le nouveau gouvernement suscite espoir et serait conscient des nombreux défis qu’il est appelé à relever. Il revenait ainsi sur le rapport du secrétaire général des Nations Unies sur la situation en République centrafricaine qu’il avait présenté, devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

L’un des endroits les ‘’plus dangereux au monde’’, pour le personnel humanitaire

Mankeur Ndiaye a déploré le fait que la République centrafricaine demeure l’un des endroits les ‘’plus dangereux au monde’’ pour le personnel humanitaire, avec ‘’267 incidents affectant les travailleurs humanitaires, lors des six premiers mois de l’année 2021, comparés aux 192 incidents durant la même période en 2020’’.  Le représentant spécial a constaté, avec regret, que la population civile continue de payer le prix des tensions et des violences qui se poursuivent dans plusieurs parties du pays.

Pour le mois de juin, dit-il, le nombre d’incidents a augmenté : 37 incidents se sont produits contre 28 au mois de mai. ‘’L’insécurité continue. Un agent humanitaire a été blessé dans une embuscade, alors qu’il transportait des patients vers une structure médicale. Et un autre a été blessé par une balle perdue, lors des récents affrontements armés. Les vols, les braquages, les pillages, les menaces et les agressions représentent plus que la moitié des incidents’’, dénonce-t-il.

Ainsi, il qualifie cette situation d’urgence humanitaire. ‘’Le problème auquel on est confronté, dit-il, ce n’est pas un problème de ressources. Mais c’est un problème d’accès aux populations, parce qu’il y a beaucoup d’entraves. Il y a beaucoup d’humanitaires que nous avons rapatriés, parce qu’ils ne sont pas dans une condition de sécurité. La situation est tellement grave. Si elle continue, on risque d’aller à un niveau supérieur : le niveau 5, où c’est la catastrophe et la famine’’.

L’accès des humanitaires au niveau des populations

A cet effet, Mankeur Ndiaye indique qu’il faut permettre que les humanitaires puissent accéder aux populations qui ont tant besoin d’assistance. Dans la mesure où ces derniers partent se réfugier dans la brousse sans eau potable ni nourriture, alors que Minusca a les moyens de leur venir en aide. ‘’Mais les humanitaires dont c’est le travail ne peuvent pas accéder à ces populations. C’est une situation absolument grave à laquelle il faut s’attaquer et trouver des solutions immédiates’’, insiste-t-il.

Ainsi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine a annoncé que la résolution 2566 prévoit de renforcer la Minusca avec 3 690 Casques bleus par rapport au niveau actuel, soit 2 750 pour la force et 940 pour la police.

D’ailleurs, M. Ndiaye, qui condamne sans ambiguïté aucune les actions criminelles de groupes armés contre la population civile, soutient que, sur le plan sécuritaire, le rôle de la force et de la police de la Minusca a été ‘’cruciale’’ pour empêcher l’avancée de la CPC. ‘’Suite aux tentatives d’infiltration de Bangui et aux attaques dans les perspectives de l’Ouest, la force de la Minusca a mobilisé toutes ses réserves pour non seulement maintenir le dispositif sécuritaire existant, mais également mettre en place des verrous…’’, s’est-il félicité.

Face à une réminiscence des violences perpétrées par les groupes armés dans l’Ouest d’abord, puis vers le Centre, M. Ndiaye informe qu’en ce moment, la force de la Minusca continue de maintenir un dispositif pour faire face et assurer la protection des populations civiles. ‘’De son côté, la composante police de la Minusca a notamment intensifié ses patrouilles de dissuasion et soutenu les forces de sécurité intérieure centrafricaine. Elle assure également un suivi particulier des mouvements des leaders des groupes armés’’, poursuit-il. Il promet que la Minusca sera au rendez-vous, en portant ‘’haut et fort les principes et les valeurs’’ des Nations Unies.

‘’Nous continuerons, tant que nous ne sommes pas empêchés, à protéger les populations civiles à soutenir l’assistance humanitaire, ainsi qu’à promouvoir et à protéger les droits de l’homme et le droit international humanitaire’’, a déclaré Mankeur Ndiaye.

BABACAR SY SEYE

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