Les remontrances du G7

Le G7, regroupant les syndicats les plus représentatifs de l'éducation et de la formation, a volontairement ignoré le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les Institutions, Abass Fall, vendredi. Pour l'intersyndicale, c'est d'abord une façon de dire basta au “dilatoire” dont fait preuve le gouvernement depuis le début de l'année académique 2024-2025.
En boycottant la rencontre initiée par le gouvernement hier, en tenant ainsi une conférence de presse à la place, le G7 acte la fin de la trêve entre lui et l'État. Pour l'intersyndicale, composée de l'Uden, du Cusems, du Sels, entre autres, après un an de règne, le pouvoir actuel a désormais largement pris ses marques “en dépit de la multiplicité et de l'acuité des urgences”.
Cependant, les enseignants soulignent que leur interlocuteur, c'est-à-dire l'État, n'a pas fait bon usage de cette accalmie postélectorale. Bien au contraire, ce dernier a posé un bon nombre d'actes n'allant pas dans le sens de pérenniser la stabilité dans le secteur de l'éducation et de la formation. Mais ce qui semble par-dessus tout mettre en rogne l'intersyndicale, c'est l'omerta des autorités.
“Nous pouvons, d'abord, pointer le gel du dialogue social, qui est institutionnalisé et réglementé par l'arrêté 17094 portant sur les élections de représentativité syndicale dans le secteur de l'éducation et de la formation, comme en témoigne la demande de rencontre adressée au PR restée sans suite, ainsi que la non-effectivité de la rencontre avec le PM annoncée par le ministre de la Fonction publique, depuis la seule rencontre du comité de suivi des accords”, déclare le secrétaire général national du Cusems authentique, Yakhya Fall. Pour l'un des porte-parole du jour, il est aussi inconcevable que de fortes attentes de la communauté éducative soient noyées par le “retard dans la mise en œuvre des réformes structurelles”. Selon M. Fall, ce “regrettable immobilisme” ne manque pas de plomber la “transformation qualitative” de leur secteur.
Outre le dialogue qui est au point mort, Yakhya Fall et ses camarades fustigent les lenteurs constatées dans la matérialisation des accords. “À ce niveau, faudrait-il le rappeler, seul l'accord portant sur la revalorisation de la rémunération des personnels de l'éducation et de la formation a connu un début de mise en œuvre, laissant encore intacte l'iniquité salariale en dépit de l'engagement de l'État”. Les autres points relatifs à “la carrière, à la formation, au prêt au logement communément appelé DMC, aux passerelles professionnelles, à la mise en œuvre du corps des administrateurs” demeurent également en souffrance, d'après le G7.
À ce tableau peu reluisant, il convient d'ajouter, selon le G7, “la démarche d'exclusion initiée par les autorités au lendemain de la grande rencontre tripartite du jeudi 27 février 2025”. À ce propos, le secrétaire général de l’Uden, Abdourahmane Gueye, vitupère contre Abass Fall. “En effet, l'agenda du ministère du Travail, du Dialogue social, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, en tant que maître d'œuvre des activités déclinées, révèle un mépris à l'endroit du secteur de l'éducation et de la formation. Cette démarche tranche avec l'esprit de ladite rencontre et ne peut qu'être inefficace”.
Et ce n'est pas tout. En sus d'autres éléments hostiles à la quiétude du secteur, M. Gueye nous apprend que d'autres départements ministériels sont aussi loin d'être exempts de tout reproche. “Nous le martelons, l'absence des ministères utilisateurs de l'Éducation nationale et de la Fonction publique lors des rencontres sectorielles, la non-convocation des syndicats représentatifs en dépit de leur statut acté par l'arrêté, un acquis remis en cause par les actuelles autorités, comme l'illustre le déroulement de la Grande Rencontre Tripartite, ainsi que l'omission du passif, ne militent point en faveur d'une quête de pacification de l'espace scolaire et de l'instauration des déterminants de la stabilité”.
NDONGO SARR, SG CUSEMS Commentant la rencontre concomitante avec leur conférence de presse, le secrétaire du Cusems, Ndongo Sarr, estime qu'aucun pacte social qui découlerait de celle-ci n'engage le G7. Dans son entendement, il n'existe que deux issues possibles à cette crise qui ne cesse d'enfler. “Soit le gouvernement nous écoute et apporte les corrections nécessaires, soit nous allons ferrailler avec lui, le contraignant à prendre en compte nos préoccupations”. M. Sarr est aussi revenu sur la rencontre tripartite. Il estime que le Premier ministre lui-même a reconnu qu’exclure le G7 du processus était une erreur. Pour Ndongo Sarr, la promesse non tenue des “rencontres sectorielles” n'était pas pour arranger les choses. |
MAMADOU DIOP