Yaye Ami rend hommage à Marie Bonnet
‘’Je suis Yaye Amy Guèye.’’. C’est avec cette phrase, très droit au but, que s’est présentée, ce week-end, l’auteur du livre intitulé ‘’Ker St Joseph rue 61 x 62 gueule tapée’’, paru récemment aux éditions Nouvelles Editions Ivoiriennes /Présence africaine… Pour la petite histoire, il a fallu 10 ans de gestation (et 9 mois d’écriture) à cette dernière pour accoucher dudit opus.
Petite de taille, voilée dans une tenue blanche à fleurettes de coupe d’inspiration tchadienne, celle qui se fait appeler ‘’Yag’’ est pourtant loin d’être une petite (auteure). S’il existe une chose qui témoigne de la vérité des propos suscités, ce serait, sans hésitation, ce récit volumineux de 250 pages qui vient d’ouvrir sa carrière d’écrivain.
Yaye Amy Guèye confesse pourtant ne pas aimer ce substantif qui, à présent, lui colle à la peau : ‘’Je préfère le mot ‘’auteur’’. Quelqu’un qui m’est proche (NDLR : Annette Mbaye D’Erneville, en l’occurrence) m’a dit un jour que c’est à partir du second livre qu’on peut se permettre de se considérer écrivain.’’, précise-t-elle.
‘’Ker Saint- Joseph rue 61 x 52’’ est un récit qui rend hommage à Marie Bonnet, mulâtresse venue du Sine Saloum pour s’installer à cette dite adresse qu’elle n’a jamais quitté jusqu’à l’âge de 100 ans, fin de sa vie. Cette héroïne n’est autre que la grand-mère de Yag.
Une personnalité qui, selon l’auteur, a fasciné son monde de par sa manière de vivre et les dons mystiques qu’elle détenait. Une occasion donc, comme un prétexte pour percer le dogme de l’ethnie sérère qui se démarque par la maîtrise de la cosmogonie et des dons secrets de la société. Un clin d’œil fait également par Yag à Rogsène, créateur de l’univers dans la mythologie sérère.
La vie de l’héroïne Marie Bonnet se place au cœur de l’époque très mouvementée de l'indépendance, période où les guerres saintes, les bouleversements de société, la présence des colons et la résistance idéologique des premières générations d’intellectuels cohabitaient dans une dynamique trouble.
Ce récit s’enrichit, parallèlement, de la touche d’Annette Mbaye d’Erneville, journaliste pionnière, qui l’a préfacé en se focalisant sur le problème des castes, un sujet tabou que l’auteur a pourtant largement développé dans son récit.
Cette dernière a ainsi salué le courage de l’auteur à parler ‘’des castes avec sérénité mais aussi avec une certaine passion […]. La liberté de pensée et d’expression de chacun doit être sans limite tant qu’elle ne lèse personne’’.
‘’J’en ai parlé naturellement, sans arrière-pensée. Je regrette le fait que les jeunes bijoutiers se livrent à d’autres métiers, alors que le travail de l’or est très noble’’, explique, quant à elle, l’auteur.
Elle ajoute : ‘’Je ne sais pas si c’est courageux ou pas mais j’ai pris référence sur le bon comportement du griot de mon père, Djadji Mbaye, qui lui était fidèle et loyal.’’
Yaye Ami Guèye, est titulaire d’une maîtrise en psychologie. Elle est mère de 4 filles et, elle-même, est fille du vice-président du Rassemblement démocratique africain (RDA).
Mariétou Kane