Moustapha Cissé Lô chassé du Palais
À moins d'une semaine de sa prise de fonction parlementaire qui impliquerait une démission de son poste de ministre-conseiller, Moustapha Cissé Lô se voit éjecté du palais présidentiel par le président de la République. Sa faute, ses sorties bruyantes contre la candidature de Moustapha Niasse au perchoir.
Depuis Addis-Abeba (Éthiopie) où il se trouve depuis hier pour le 19ème sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine, Macky Sall a pris la décision de démettre Moustapha Cissé Lô de ses fonctions de ministre-conseiller à la Présidence. Il l'a, en effet, limogé pour son entêtement à briguer, contre vents et marées, la présidence de l'Assemblée nationale qui, jusqu'ici, semble destinée à l'allié Moustapha Niasse, patron de l'Alliance des forces de progrès (AFP) et tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar sortie majoritaire des Législatives du 1er février 2012.
Malgré les coups de semonce, notamment lors de la visite de son leader à Paris où il l'a recadré, le tonitruant député de Mbacké a continué ses sorties intempestives dans la presse, sur fond de chantage à la démission, semant le désordre y compris dans son camp politique. Peut-être irrité devant tant de manque de discipline politique, Macky Sall a décidé d'y mettre le holà. Sur les ondes de la RFM, hier après-midi, le porte-parole de l'Alliance pour la République (APR), Seydou Guèye, a déclaré que chaque député a, certes, le droit de postuler à la présidence de l'Assemblée nationale. Mais il a admis que les attaques ouvertes de Moustapha Cissé Lô contre Niasse ont incommodé au plus haut point au sein de l'APR. ''Ce qui nous incombe aujourd'hui, c'est de respecter nos alliés et de respecter la parole du parti'', a ajouté l'actuel secrétaire général du gouvernement.
Lui emboîtant le pas, André Almamy Souané va plus loin. Le coordonnateur des cadres de l'APR de Sédhiou soutient sans ambages que le limogeage de Cissé Lô répond à une logique politique parce que, a-t-il dit, ''un ministre doit incarner une certaine image et ne doit ni être trop impulsif ni trop bavard, surtout quand le débat met en mal les alliés avec lesquels nous sommes dans une coalition''. ''C'est normal qu'il soit remercié pour qu'il puisse faire plus de preuve de liberté dans son expression'', a estimé M. Souané, notant que le limogeage aurait même dû intervenir bien plus tôt.
Pourtant, avant-hier, la Convergence des cadres républicains (CCR) émettait sur la même longueur d'onde que Moustapha Cissé Lô, arguant que le perchoir devrait échoir à leur formation politique. Las, toujours hier, le vice-coordonnateur de la CCR, Mor Ngom, par ailleurs ministre des Infrastructures et des Transports, a remis les choses à l'endroit, rappelant au ''respect de la discipline de parti''. ''Nous sommes derrières le choix que ferait notre leader Macky Sall'', a indiqué M. Ngom, relevant que ''Moustapha Niasse est leader respecté et à respecter''.
ASSANE MBAYE