Les moines Shaolin font du Grand Théâtre leur temple

Venus le temps de deux prestations inédites et exclusives au Grand Théâtre National de Dakar, les moines du temple de Shaolin (et leur troupe) ont mis le public sénégalais à leur pied, avec un spectacle à la fois poétique, jouissif et, par moments, haletant. Le Kung-Fu sous ses plus belles couleurs.
C’était hier, au Grand Théâtre, que s’ouvrait l’une des deux représentations qu’offre la troupe des moines du temple de Shaolin à Dakar. Démarrant sur le coup des huit heures, le spectacle a non seulement consisté en des démonstrations d’arts martiaux à couper le souffle, mais également en des chants et danses traditionnels chinois qui ont donné à la soirée un fil conducteur : celui de retracer l’histoire.
Ainsi, de cinq danses, deux couples de chanteurs et musiciens lyriques et quinze moines, la troupe a réussi, pendant deux tours d’horloge, à garder un public hautement hétérogène sur le bord de son siège.
Grands et petits (et ce n’est pas à prendre à la légère, certains sièges étant occupés par des enfants en bas âge) ont effectivement été captivés par la dextérité et surtout la force des athlètes. Les moines ont littéralement fait briller des étoiles dans les yeux de tous les aspirants maîtres Kung-Fu…
Des disciplines et tableaux tels que les «18 armes légendaires», ou encore la «boxe mimétique» qui est une discipline se servant de mimétiques animales dans sa gestuelle ont provoqué des salves d’applaudissement sans fin.
C’est cependant incontestablement le «Wu Shu», pratique du Kung-Fu qui explore les limites du corps humain, qui a remporté la palme des ovations. Toute l'audience était en effet éberluée par la force et l’endurance de moines n’hésitant pas à se briser des bâtons de bois et des plaques de fer sur les bras ou la tête, sans parler du fait de tenir en équilibre sur la pointe de lances ou encore se soulever le corps entier, en ne prenant appui que sur deux doigts.
De démonstration en démonstration, le spectacle n’est jamais tombé comme un soufflé plat, puisque des musiciens traditionnels (un flûtiste et une violoniste), mais surtout de ravissantes danseuses, nous ont offert des tableaux tels que «la danse de l’éventail» ou encore «balade printanière».
Parées de tenues chatoyantes, elles étaient d’une grâce rarement vue sous nous cieux, puisque définitivement orientale… sauf lors de morceaux «africains» pour les besoins desquels elles n’ont pas rechigné d’onduler du bassin.
Les chanteurs, enfin, ont également fait leur part du travail, en reprenant non seulement des titres traditionnels chinois, mais aussi des classiques du Sénégal comme «Salimata» de Youssou Ndour…
Une soirée d’exception, à revoir absolument ce 21 janvier.
Sophiane Bengeloun