Entre déception et mises en garde
La décision de la supression du Sénat auquel ils aspiraient à y siéger a été différemment accueillie par les candidats . Si pour certains, la fibre patriotique est de mise, pour d'autres, cette décision jugée unilatérale n'est pas une bonne chose pour la démocratie.
KAOUSSOU SANÉ (UNION DES CENTRISTES SÉNÉGALAIS, ZIGUINCHOR)
«Que les fonds économisés servent aux populations»
L'ex-candidat de l’Union des centristes sénégalais, formation que dirige Abdoulaye Baldé, estime fondés et pertinents les arguments brandis par le président de la République pour supprimer le Sénat. Selon Kaoussou Sané, le pays fait face à une calamité nationale qui oblige à la solidarité. Enseignant à la retraite moulé dans le sillage du mouvement navétane, Sané se résigne. «Je me plie à la volonté divine. C’est Lui qui a amené les inondations et éclairé le Chef de l’Etat à prendre cette décision.» Néanmoins, il dit souhaiter que les fonds tirés de cette décision puissent servir les populations nécessiteuses. Mais les regrets sont encore là. «Ce qui est sûr, c'est que nous étions partis pour gagner ces élections», lâche-t-il.
MATAR MANGA (BENNO BOKK YAAKAAR, ZIGUINCHOR)
«La patrie avant les partis politiques»
Pour le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar, le Président Macky Sall n’a fait que répondre «à l’appel des populations». «Je salue son courage, j'adhère à son option et je soutiens sa décision», a-t-il déclaré. «la Patrie avant les partis politiques. Je ne peux que me réjouir de cette décision. Les populations avant tout.» La plupart des Ziguinchorois interrogés par EnQuête approuvent la suppression de l'institution sénatoriale, mais pourvu, disent-ils, que les «économies induites» soient consacrées «exclusivement à la prise en charge des sinistrés, à la lutte contre les inondations et aux préoccupations des Sénégalais».
MAMADOU LAMINE DIAWARA (BENNO BOKK YAAKAAR, SÉDHIOU)
«J'adhère...»
«C'est une décision ferme, sage et courageuse qui confirme, encore un fois, la primauté de la patrie sur le partie dans la vision du chef de l'Etat. Aujourd'hui, l'intérêt des populations du Sénégal est strictement supérieure à toutes autres considérations de toutes natures (…) Sans doute que le Sénat peut être une institution importante pour notre pays, mais dans le contexte actuel, elle ne peut être prioritaire alors que les inondations sont là, que la rentrée scolaire approche, que la question de l'énergie est pressante... J'adhère à la suppression du Sénat et je n'en suis ni déçu ni découragé, au contraire...»
ME AMADOU KÂ (BENNO BOKK YAAKAAR, LINGUÈRE)
«Il n'est plus question de Sénat»
«Je me réjouis de la décision du chef de l’Etat de supprimer le sénat. En tant que Sénégalais, vu la situation actuelle des populations de la banlieue de Dakar et de Touba, qui vivent la croix et la bannière, il n’est même plus question de parler du Sénat. Avec la flambée des prix des denrées de première nécessité, le gouvernement doit secourir les populations au lieu d’injecter 8 milliards sur une institution.»
ALIOU BÂ (PDS, GUÉDIAWAYE)
«Macky Sall a fait ce qu’il veut»
«Je pense qu’il a supprimé le Sénat mais il aurait dû faire autre chose. La suppression du Sénat pour injecter son budget dans la lutte contre les inondations ne saurait venir à bout de ce phénomène qui ne se limite d'ailleurs pas seulement à Dakar. Le Sénat, c’est une institution qui est une bonne chose pour un État ancré dans la démocratie comme le Sénégal. Même la Mauritanie qui est un petit État fonctionne avec un Sénat. Ce que cette institution peut régler, le Conseil économique et social ne le peut pas. Je ne suis pas contre cette suppression qui ne me pose aucun problème... Mais il faut voir avec les nouveaux qui devaient y siéger après les élections du 16 septembre. Mais c'est dur du moment qu'on avait déjà commencé les campagnes. Et moi, j’avais tous les atouts pour gagner, mais je ne suis pas déçu. Macky Sall a fait ce qu’il veut...»
IBRAHIMA KAMARA (APR, GUÉDIAWAYE)
«Les citoyens avant le poste»
«Nous sommes heureux de la décision du président de la République car la population est sous les eaux. Il est donc normal que le Président supprime le Sénat et investisse les fonds dans les zones inondées. Il est bien vrai que j’étais investi dans le département de Guédiawaye mais j’approuve la décision en tant que citoyen sénégalais... Franchement, je ne suis pas déçu. Je ne peux supporter de voir mes compatriotes vivre sous les eaux et dire que je suis contre. Même si j’avais dépensé 1 milliard de francs Cfa pour la campagne, ça vaut le coût...»
MAHAM KÂ (URD, LINGUÈRE)
«J'ai perdu 1,8 million de francs»
«J’ai battu campagne durant plusieurs mois. J’ai sillonné tout le département pour battre campagne auprès des élus locaux. Avec les frais de dossiers qui nous sont demandés par l'administration des élections, j'ai dépensé environ 1,8 million de francs Cfa (…) L’assemblée nationale ne doit pas voter ce projet de loi. Mais si elle le vote, j'appelle les Sénégalais à descendre dans la rue comme ils l’avaient fait le 23 juin contre le projet d’Abdoulaye Wade.»
MAMADOU NDIAYE ,CHEIKH THIAM ET HUBERT SAGNA