Les exigences du M2D
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Le Mouvement pour la défense de la démocratie exige la tenue des élections locales, cette année. En conférence de presse hier, ses membres ont dénoncé les propos ethnicistes tenus, récemment, par certains Sénégalais et demandent justice pour les victimes des récentes manifestations.
Le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) rejette fermement toute manœuvre consistant à amener les élections locales, l’année prochaine. Il s’est fait entendre, hier lors d’un point de presse, en invitant les acteurs impliqués dans le processus électoral, à mener l’audit et l’évaluation du fichier, de sorte à tenir ces élections en 2021. Selon la plateforme, le président de la République n’en fait qu’à sa tête, surtout qu’un mémorandum a été remis au khalife général des mourides en faveur de la tenue, cette année, de ces élections. Cela, à travers des échanges entre les différentes parties qui devraient avoir lieu sous le contrôle de Serigne Mountakha.
D’un autre côté, les partisans du Président Macky Sall semblent n’accorder aucun crédit à l’appel au calme du khalife général des mourides, encore moins, au discours du chef de l’Etat le 8 mars 2021, allant dans le même sens. Tel est le constat fait par le M2D qui se désole des ‘’discours irresponsables’’ tenus, le week-end dernier, par certains membres de la mouvance présidentielle. Le mouvement leur rappelle que ‘’le Sénégal restera uni dans la diversité et le cousinage à plaisanterie qui irrigue notre nation du nord au sud et d’est en ouest’’. Cette cohésion nationale s’effrite, de plus en plus, et le M2D place au banc des accusés les ministres Antoine Diome, Aissata Tall Sall, Malick Sall et Abdou Karim Sall, ainsi que des journalistes et ‘’pseudo-intellectuels’’.
L’image de vitrine de la démocratie en Afrique subsaharienne que le Sénégal arborait fièrement est, de l’avis de la plateforme, écornée à cause du déploiement guerrier de ces derniers aux plans national et international. ‘’Comment ne pas s’indigner de voir l’Etat donner le courage à des mercenaires de la plume et autres dangereux artisans de l’effondrement de l’unité nationale du pays de nourrir les clivages ethniques et d’ouvrir les boulevards de la division?’’, interroge le porte-parole du jour, Modou Diouf.
Suite aux pertes en vies humaines provoquées par les récentes manifestations, le mouvement exige de l’Etat une enquête sur l’implication des nervis dans les rangs des forces de l’ordre. Pour sa part, elle a mis en place une commission judiciaire chargée de recenser, d’identifier et de localiser ‘’exactement’’ les lieux où sont morts et ont été blessés des citoyens sénégalais. Il s’agira, également, de connaitre l’adresse des parents, en vue d’activer des plaintes individuelles auprès des juridictions nationales, africaines et internationales. Le but est d’amener l’Etat à diligenter les enquêtes et à condamner les infractions commises.
A Diourbel, le juge Mbow refuse de libérer les ‘’22 otages politiques’’
En outre, une sous-commission en charge des violations aux droits humains sera mise sur pied. Elle les portera devant les juridictions régionales, sous-régionales et internationales. Un pool d’avocats est en cours de constitution. En marge des libérations de certains détenus à Dakar et à Ziguinchor (il en reste encore 4 à Ziguinchor et 3 à Dakar), le M2D informe qu’à Diourbel, le juge Mbow refuse de libérer les ‘’22 otages politiques, faisant valoir des états d’âme relatifs au fait que les jeunes auraient saccagé le tribunal’’.
L’organisation indique que ce dernier est coupable d’obstruction sera tenu responsable de toutes réactions qui pourraient découler de son attitude. Ce sont au total 46 381 000 F CFA qui ont été distribués aux familles des victimes sous forme d’achats de médicaments, d’assistance sociale et de prise en charge de frais d’hospitalisation. Une somme mobilisée par la plateforme qui a bénéficié à 82 blessés (à Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Diaobé, Mbour et Bignona) à hauteur de 17 441 080 F CFA.
Toujours dans une dynamique de solidarité et de compassion, le mouvement lance aujourd’hui une campagne de collecte de fonds dénommée ‘’Ndampaayu askan wi’’. Elle est ouverte tant au niveau national qu’international.
EMMANUELLA MARAME FAYE