Comédien en com'
Mamadou Fall, alias ''Ziapou'' ou ''Pathiakh'', est un jeune artiste comédien sénégalais qui rêve d'Hollywood.
''Je l'ai dans le sang'', avance Mamadou Fall toutes dents dehors. Avec lui, c'est le fou rire à souhait. Grands yeux loufoques, gestes et démarche comiques, le verbe amusant, ce jeune de 25 ans a vu le jour sur les mêmes terres de Côte d'Ivoire que Gohou et Bohiri. Lui sera affublé des surnoms ''Ziapou'' façon ivoirien ou ''Pathiakh'' qui sonne plus sénégalais. Ce gaillard d'1m 90 pour plus de 100 kilos a quitté son Koumassi natal à l’âge de quatre ans, pour échouer dans le quartier populaire de Grand Yoff de Dakar. Issu d’une famille religieuse, comme il le dit, ''Ziapou'', nom d’un de ses oncles maternels ivoiriens, soutient que son ''entrée dans le théâtre est une fatalité. Je ne regrette pas d’être entré dans le théâtre car j’y apprends la vie et cela permet de soigner certains et de leur donner un sourire au visage''.
Faisant partie de la troupe espagnole de son école (Lycée moderne), le comédien n’officiait que devant ses amis au quartier ou à l’école à l’occasion des fêtes du foyer culturel de l'établissement. Mais il fera une rencontre qui bouleversera sa vie de jeune artiste. En 2000, Mamadou Fall croise le chemin de Djiby Touré, un autre comédien qui le présentera à Ibrahima Mbodji alias Lamarana Diallo, ancien de la troupe Daaray Kocc. C'est sous la férule de cet imitateur inégalé du parler Peulh que ''Pathiakh'' intègre le groupe ''Gëstu'' de Grand Yoff. La carrière de ''Ziapou'' dépasse alors le stade des podiums de son école ou du foyer de Grand Yoff. Il goûte au plaisir des prestations face aux caméras et à la télévision. ''Ce sont Lamarana et Djiby Touré qui m’ont poussé sur la scène médiatique théâtrale sénégalaise'', confie-t-il.
Journalisme et comédie
Heureux d’être sous les projecteurs, celui qui joue le rôle de ''Ziapou'' dans le sketch ''Lama ak Koor gi'' (Lama et le ramadan) pendant deux saisons se souvient de l’angoisse et du stress de sa première devant les caméras pour un sketch télévisé et c’était dans la série culte ''Goorgoorlou'' (débrouillard). Mamadou Fall y a tenu le rôle d’un réfugié crève-la-faim. Un mal de tête a pourtant failli lui gâcher ce plaisir, mais le jeune Ziapou ne voulait sous aucun prétexte rater cette occasion au risque de sa santé. ''J'avais tellement mal que je pensais que j’allais mourir, mais il fallait que je tourne'', raconte-t-il. Et comme si Dionysos, le dieu grec du théâtre, avait béni ce moment, le jeune Fall se sent guéri quand le metteur en scène a prononcé le mot ''action'' : ''Je ne ressentais plus rien''.
Aujourd'hui étudiant en deuxième année à l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (Issic), l'artiste-comédien voit le théâtre comme une ''forme de communication''. Ziapou veut se servir de la communication pour ''mieux faire du théâtre''. Le meilleur artiste second rôle en 2011 a des ambitions qui dépassent le pays. Bien plus que d'être célébré comme les Lamarana, Lamine Ndiaye, Bass Diakhaté, et autres talents de la risette, Mamadou Fall rêve d'Hollywood : ''Je sais que ce sera difficile mais je veux faire du cinéma et du grand cinéma''.
MAMADOU LAMINE SANÉ