Des comédiens sur ‘’le chemin des tirailleurs’’
Sur les planches, samedi dernier, six comédiens dont trois de la compagnie du théâtre national Daniel Sorano. Ils ont présenté un spectacle inspiré d’un fait réel avec des personnages imaginaires. Ils sont revenus sur un pan de la guerre 1914 -1918.
Il était souvent reproché à la compagnie théâtrale de Sorano de trop rester dans les pièces historiques. Samedi dernier, elle a présenté une création dans ce registre, mais loin d’être ennuyeux. Entre leçons d’histoire et légende, les comédiens ont retracé ‘’Le chemin des tirailleurs’’ sénégalais lors de la bataille du Chemin des Dames en avril 1917. Il s’agit notamment de leur engagement, lors du premier jour de l’offensive de cette dernière pour la prise des fermes de Noisy et d’Hurtebise et la conquête du Mont des Singes. Près de 1 400 morts ont été enregistrés, lors des combats. C’est ainsi ce fait dramatique dont le centenaire a été célébré, l’année dernière, qui est à la base de ce spectacle joué par des comédiens sénégalais du théâtre Daniel Sorano et français de la compagnie Mascara. La pièce est écrite et mise en scène par Nicolas Jobert.
La scène s’ouvre sur une rencontre, un colloque de professeurs d’histoire. Ils essaient de trouver la meilleure manière d’enseigner aux élèves la première guerre mondiale. Certains se perdent dans les textes qu’ils veulent rendre simples sans grand résultat. D’autres proposent alors, comme par magie, de passer par le théâtre pour faire comprendre leurs cours. Dubitatifs au début, ils finissent tous par adhérer à la proposition. Le décor est ainsi campé. Le deuxième acte commence. La pièce également donne l’air de débuter à cet instant. La scène précédente n’étant en fait qu’une sorte de prologue. Ce qui suit va de l’enrôlement dans les villages africains, la vie dans les camps militaires européens, au retour des tirailleurs dans leurs pays d’origine. Le spectateur passera par toutes les émotions. A voir et écouter les comédiens, il sentait la fraîcheur des longues nuits de bataille.
Dans cette salle de Sorano, par la force des mots, il sentait la neige et la glace dont se plaignaient les combattants. De la nostalgie du pays, ils en exprimaient. Au bord de la détresse et du désespoir, ils faisaient pitié. Au milieu de tout cela, qui semble être un chaos total, ils savaient créer leurs moments de bonheur. Noirs et Blancs se rassemblaient pour se tenir compagnie, chanter, danser ou encore raconter des blagues. Tout y passait pour oublier la solitude. Français comme ‘’Sénégalais’’ se sentaient loin de leurs familles. Ici, considèrent-ils, ‘’on n’est ni noir, ni blanc, on est bleu’’. Tel un slogan ou un cri de guerre, cette phrase a rythmé le spectacle.
BIGUE BOB