Une nouvelle polémique
Depuis hier, le prisonnier le plus célèbre du Sénégal, Ousmane Sonko, est transféré de l’hôpital à la prison du Cap Manuel. Ce que dénoncent certains de ses soutiens, mais également ses avocats. Dans un communiqué, l’un d’entre eux, Me Ciré Clédor Ly, souligne que ‘’malgré les promesses faites aux avocats de les prévenir pour leur éviter des déplacements et recherches du lieu de détention, l’Administration pénitentiaire et les autorités qui parasitent la détention de mon client, ont manqué à leur parole et enlevé nuitamment Ousmane Sonko de la salle de réanimation, sans avertir, ni informer ses conseils, le médecin traitant ainsi que son médecin personnel’’.
II déclare que ‘’personne n’aurait osé imaginer une dégringolade du Sénégal à ce point, une arrogance des autorités ainsi le mépris, les pratiques et comportements belliqueux et outranciers de l’Administration à l’égard des acteurs de justice, du corps médical, de la société civile, de corps de l’État restés fidèles à la constitution, aux lois et simplement à la morale et à l’éthique démocratique’’.
Cependant, dans un communiqué l’Administration pénitentiaire dit le contraire. Elle affirme que ‘’le détenu Ousmane Sonko est régulièrement sorti de la réanimation sur décision du médecin, conformément au bon de sortie émis à cet effet’’. L’Administration pénitentiaire assure également que ‘’son transfert au Cap Manuel résulte d’une recommandation de son médecin traitant’’. Dans la même note, il est précisé que ‘’les visites du détenu Ousmane Sonko continuent de s’organiser selon la loi et conformément à sa volonté’’.
Cependant, Ciré Clédor Ly a interpellé les organisations internationales. ‘’La communauté internationale, en dehors de l’Union interparlementaire, observe et se tait, alors qu’elle dispose d’indices probants et de mécanismes lui permettant de freiner les dérives d’un groupuscule d’individus qui a installé une dictature aveugle et répressive, s’est préparé à des attaques systématiques et généralisées envers la population civile, dans le cadre d’une politique dont le but est de faire obstacle à une alternance démocratique comme ce fût dans un passé récent avec des morts et des centaines de blessés graves’’, l’avocat.
Il pense qu’aujourd’hui ‘’tout est mis en œuvre pour fausser la volonté populaire au soir du 24 février 2024, en privant Ousmane Sonko de ses droits électoraux et, de mon avis, il pourrait ne pas être exclu que l’arrogance affichée ait pour seul but d’excéder et d’exciter un peuple pacifique, pour pousser ce dernier à des manifestations démocratiques qui seraient violemment réprimées et prétexter le report des élections en installant une dictature sanglante. C’est pourquoi la vigilance et le discernement s’imposent’’. Il regrette que ‘’le Sénégal se retranche sous le drap étriqué de sa souveraineté nationale, défiant et offensant la souveraineté internationale et ce qui dérange est que la souveraineté internationale ne s’affiche par le biais de ses organes en dehors de l’Union interparlementaire, a fortiori s’assumer et s’imposer, alors qu’elle se dit garante des valeurs dont la violation est vectrice de troubles menaçants la paix et la sécurité dans les sous-régions, voire dans le monde’’.
Et il pense que ‘’quelle que soit la prison dans laquelle mon client est enfermé, je répète que l’exigence populaire demeure et restera sa mise en liberté dans les délais les plus brefs, puisque sa détention est le résultat d’intrigues judiciaires et policières inadmissibles pour le corps social et une communauté internationale restée fidèle aux idéaux proclamés dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 et celle des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui consacre le droit à la résistance à l’oppression’’.