Publié le 26 Jun 2024 - 11:16
TRANSMISSION CULTURELLE – OPPOSITION "MATRIMOINE"  

À la source de l'héritage maternel

 

Au restaurant Le Cube, à Dakar, s'est déroulé le finissage d’une exposition intitulée "Matrimoine". Initiée par Urielle Kouk, une figure montante dans le domaine des arts et de la culture au Sénégal, cette exposition novatrice visait à sensibiliser le public sur un concept souvent négligé : le patrimoine maternel.

 

En vue de sensibiliser le public sur l'importance du patrimoine culturel transmis par les mères à travers des générations, l’événement novateur "Matrimoine" s’est achevé le vendredi 21 juin dernier à Dakar. L'idée inspirante derrière "Matrimoine" a révélé une lacune dans la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans la transmission des valeurs et des traditions familiales.

À ce sujet, l’initiatrice du projet culturel, médiatrice de l’exposition "Matrimoine", Urielle Kouk, explique : "Les enjeux de cet événement étaient de parler et de sensibiliser les gens sur une notion qui n'est pas mise en avant en général. On parle du patrimoine et pas du matrimoine, et c'est vraiment dommage parce que les mères font partie de notre vie."

En effet, Urielle Kouk estime que contrairement au patrimoine plus largement reconnu, le matrimoine englobe les savoirs, les pratiques culinaires, l'éducation et bien d'autres aspects influencés par les mères. "Tout au long de notre vie, pour l'éducation, pour la nutrition et même pour les premiers pas, c’est la maman qui est présente. C’était vraiment dommage pour moi que beaucoup de gens ne connaissent pas déjà l'existence de ce mot et ensuite que les gens ne sachent pas que ce que la maman transmet s'appelle matrimoine. L'héritage culturel qu'elle transmet, que ce soit culturel ou en valeur, s'appelle le matrimoine".

Néanmoins, elle se réjouit du succès de l’expo, soulignant l'impact positif sur la sensibilisation du public et notamment des jeunes représentés par des visites d'écoles locales. "Nous, en tant que femmes qui présentent le projet, le but était de transmettre, nous aussi, à notre tour à des enfants. Et le fait qu'on ait reçu des écoles, pour nous, c'était déjà bien".

Elle poursuit : "On trouvait qu'on avait déjà assez sensibilisé, dès l'instant où l’on a eu des enfants de la classe du CE1 jusqu'à la classe du CM2 qui sont venus. Donc, pour nous, c'était déjà une réussite."

L’exposition a été ponctuée de performances artistiques vibrantes, de projections de films suivies de débats enrichissants et d'ateliers pratiques explorant la pharmacopée traditionnelle. Le public s’est retrouvé dans ce qui était fait et la connaissance a été partagée. "On a eu des ateliers de peinture, des projections de films et plusieurs performances, à savoir la fabrication du beurre de karité, du ‘bissap’ et bien d’autres choses. On s’est rendu compte que ces produits sont utilisés pour autre chose dans d’autres pays grâce à notre public", a expliqué l’initiatrice du matrimoine.

L'un des moments forts de l'événement a été une installation artistique remarquable, mettant en avant l'esthétique africaine à travers des matériaux recyclés. Un moment illustrant l'engagement de l'événement envers la durabilité et l'innovation artistique, réalisé par l’artiste pluridisciplinaire gabonaise évoluant au Sénégal, Danielle, de son nom d’artiste Drome. Elle nous confie l’histoire de sa réalisation, à savoir : "L’Arbre de vie", fait à base d’objets recyclés et qui a une signification poignante pour elle.

"Déjà, il faut savoir que c'est mon histoire que je raconte. On naît, on va quelque part et on a une histoire. J’ai voulu, à travers ces installations, faire passer un message, transmettre quelque chose à ma manière et que le public soit réceptif vis-à-vis de cela. Cet arbre de vie représente ma vision personnelle du matrimoine".

Cette exposition lui a tout de même valu une satisfaction personnelle, car rendre hommage à sa lignée était une mission pour Danielle. "J’ai reçu une éducation qui a été transmise de ma grand-mère à ma mère et de ma mère à moi. Donc, j’ai justement voulu leur rendre hommage et j’en suis assez fière", a-t-elle rappelé.

Ces performances artistiques et les installations ont également marqué les esprits. Selon un amateur d’art et spectateur présent sur les lieux, "toutes les performances qu'elles ont faites ont été réussies", a affirmé Seck. "Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est l'installation ; très belle. C'est de la qualité africaine, avec une décoration faite à partir de matériaux recyclés".

Un rendez-vous annuel en perspective

Pour Urielle Kouk et son équipe, la réussite de "Matrimoine" ne représente qu'un début. Des projets sont déjà envisagés, avec l'idée de faire de cet événement un rendez-vous annuel. "Beaucoup de gens me demandent si 'Matrimoine' reviendra l'année prochaine. Est-ce qu’il y aura 'Matrimoine 2'. Je commence à penser que cela pourrait devenir un événement annuel, avec différents artistes abordant ce sujet crucial", a déclaré Kouk.

En outre, elle envisage de pérenniser "Matrimoine" en invitant de nouveaux artistes à contribuer et à élargir la conversation sur le patrimoine maternel. Elle encourage également une réflexion sur l'économie créative, soulignant les opportunités qu'elle offre aux jeunes talents dans le domaine des arts et de la culture. "Je crois que le vrai message que je donnerai, c'est qu'il y ait une économie derrière et que ça peut être un très bon moyen pour la jeune génération qui arrive de se développer. Ne négligeons pas l’art, on peut en faire son métier", conclut-elle.

Pour finir, l’expo "Matrimoine" a dépassé les attentes en tant que plateforme éducative et artistique, mettant en lumière un aspect essentiel, mais souvent négligé de notre héritage culturel. Cet événement promet non seulement de raviver l'intérêt pour le matrimoine, mais aussi de renforcer la reconnaissance du rôle crucial des femmes dans la préservation et la transmission des traditions familiales et culturelles. Un prochain rendez-vous est attendu par le public.

THECIA P. NYOMBA EKOMIE (STAGIAIRE)

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