Les politiques rejettent la médiation pénale
Un possible recours à la médiation brandi par le porte-parole du gouvernement lui-même recadré vingt-quatre heures plus tard par le ministre de la Justice, serait l'expression d'une volonté du pouvoir de se compromettre avec les dignitaires de l'ancien régime.
L'annonce, par le porte-parole du gouvernement, d'un possible recours à la médiation pénale jusqu'à 80% de possibilité de remboursement des biens publics spoliés par des barons libéraux, sonne comme un aveu d'incapacité du régime de Macky Sall à recouvrer les biens mal acquis comme le veulent la majorité des Sénégalais. Une telle annonce a été très vite démentie par le porte-parole du président de la République, Abou Abel Thiam, puis par le Garde des Sceaux, Aminata Touré.
De l'avis de Moustapha Fall Ché, Pca de la Sn-Hlm et Sg de Action patriotique de libération (APL), membre de Macky 2012, «la voix du ministre de la Justice est la plus autorisée dans cette histoire''. Cela, d'autant plus que ce n'est pas Abdou Latif Coulibaly qui suit le dossier de la traque des biens mal acquis de très près, mais plutôt, Aminata Touré'', défend Madièye Mbodji de Yoonu askan wi (YAW).
«Perche tendue aux pilleurs»
En tous les cas, fulmine le Dr Dialo Diop, ''cette cacophonie traduit soit un amateurisme de nos gouvernants, soit leur indécision''. Pour le Sg du Rassemblement national démocratique (RND), ''ils n'ont pas de ligne, pas de principe ni d'objectifs purement définis, bref ils ne savent pas où ils vont encore moins où mener le pays.» Pour le Dr. Diop, «une telle situation n'est pas bonne dans un contexte de déstabilisation générale de l'Afrique de l'Ouest et de tout le continent où la guerre est à nos portes». «C'est gravissime que l'État soit aussi faible que ça dans un tel contexte», regrette-t-il.
De l'avis du porte-parole de Yaw, s'il y a lenteur dans le traitement des dossiers, «il faut savoir qu'il n'est pas facile de démêler tous les écheveaux, surtout que les auteurs des malversations ont dû prendre des dispositions pour camoufler pas mal de choses''. Dans ce cas, ''on peut comprendre qu'il y ait des difficultés à aller vite''. Néanmoins, il estime important que «le pouvoir ait une volonté ferme d'aller jusqu'au bout parce que les Sénégalais n'accepteront nullement qu'on puisse tendre la perche à des gens qui ont pillé ce pays et détourné les ressources qui devront servir au développement du pays et à régler les problèmes sociaux des populations''.
«L'exécutif veut se contenter de demi-mesure.»
Sur ce point, il est rejoint par Dialo Diop. «Les tenants du pouvoir sont maintenant édifiés sur le fait que le peuple sénégalais, et d'une manière générale, les peuples africains qui nous observent, ne sont pas prêts à accepter le moindre compromis de principe sur la récupération du fruit de la rapine et la sanction des prédateurs de tout grade'', indique-t-il. Toutefois, il soutient avec malice que «si la sortie du porte-parole du gouvernement était destinée à sonder l'opinion publique sénégalaise, il en a pour ses frais». Au fond, ajoute-t-il, «si l'exécutif semble en difficulté dans cette affaire, c'est vraisemblablement parce qu'il veut se contenter de demi-mesure.»
Pour Dialo Diop, «une politique ferme et clairement définie de lutte systématique contre la corruption aurait déjà réglé la plupart des dossiers en instance de manière radicale en commençant par le prédateur en chef, Me Abdoulaye Wade lui-même.» Pour une stratégie de traitement appropriée des dossiers en cours, le Sg du Rnd avance cette image. «Comme le poisson pourrit toujours par la tête, pour arrêter le processus de pourrissement, on commence par le décapiter.»
ASSANE MBAYE
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