‘’On ne s’improvise pas écrivain’’
Pouvez-vous nous faire le bilan de la foire internationale du livre et du matériel didactique de Dakar ?
Je pense pouvoir m’arrêter pour l’instant à deux ou trois considérations. Nous avions pour ambition de travailler avec la jeunesse et les jeunes ont répondu massivement présent. De ce point de vue, nous avons une grande satisfaction. À la cérémonie d’ouverture, nous avons eu une leçon magistrale du philosophe et écrivain, le ministre Abdoulaye Elimane Kane, qui nous a entretenu des valeurs pour faire de l’émergence. La cérémonie d’ouverture, je pense, a été une réussite. Aussi, le fait que nous ayons délocalisé les activités cet après-midi au monument de la renaissance, hier au même moment à la place du souvenir -qui est le choix du comité scientifique-, est bien. Nous pouvons dire à partir de ces paramètres que nous sommes en train de tendre vers l’objectif.
Il a été beaucoup question pendant cette FILDAC de promotion et de vulgarisation du livre. Que va faire la direction du livre et de la lecture pour y arriver ?
Nous avons en charge de travailler sur la promotion du bon livre pour qu’il soit lu. Ce n’est pas une façon de négliger l’apport des écrivains ou des éditeurs, mais ça dépasse leur intervention pour s’intéresser aux Sénégalais des profondeurs. J’ai l’habitude de dire qu’à Dakar, nous sommes tout de même gâtés. Nous avons des librairies, des bibliothèques, des espaces comme celui-là (ndlr : il fait ici référence au monument de la renaissance). Mais quand on va à l’intérieur du pays, on change carrément d’univers et toutes ces localités lointaines font partie de notre champ d’action. Nous avons pour ambition de mettre le citoyen au cœur de la culture, et pour le faire, il faut nécessairement sortir des capitales régionales.
Partagez-vous l’avis de Fatou Diome qui dit qu’il y a un problème de compétences et qu’on peut se passer de certaines subventions ?
Je suis totalement de cet avis. Et je suis quand même assez bien placé pour revenir sur la question des compétences. On ne s’improvise pas écrivain. Puisqu’on ne s’improvise pas médecin ou avocat. On aurait pu avoir l’humilité de ne pas s’improviser écrivain. Aujourd’hui, j’ai entendu Aminata Sow Fall dire qu’écrire, c’est aussi créer du néant. C’est une grande exigence que cela suppose. Quand Aminata Sow Fall, Kene Bougoul et Fatou Diome le disent, je pense pouvoir confirmer cela.
Ce n’est pas une façon de décourager qui que ce soit, mais c’est seulement une invite à comprendre que nous avons sûrement beaucoup de talent, mais il faut que nous soyons beaucoup plus attentifs et se dire qu’il s’agit d’une aventure qui a ses exigences et la première des exigences est l’humilité. Toutefois, comme dit Fatou Diome : l’Etat est la conjugaison de nos ‘’moi’’ respectifs. C’est trop facile de dire l’Etat en pensant que c’est une chose qui vole entre le ciel et la terre. L’Etat, c’est moi, quelqu’un d’autre …, c’est tout ce beau monde qu’il faut questionner pour voir comment faire avancer les choses.