Une jeunesse malsaine
Chômeurs endurcis dans l'oisiveté et l'action politicienne ringarde, sans le moindre kopeck gagné à la sueur de leur front, de condition sociale plus que modeste, ils ont été capables de s'offrir (ou de se faire offrir) maisons et appartements dans des quartiers prisés de la capitale. Comment et pourquoi ?
Simplement parce qu'ils se sont accrochés aux basques des distributeurs automatiques d'argent ambulants qui ont essaimé au cours des douze années de bamboula libérale. Ils sont en général jeunes, sans légitimité ou expérience politique probante, arrogants, plus ou moins incultes, mais terriblement et «malsainement» ambitieux. Du genre ne reculant devant rien pour «mériter» les prébendes promises par les «grands frères» manipulateurs dans l'ombre.
Alors, pour défendre leurs biens carrément mal acquis, tel un immeuble ou un appartement obtenu de manière absolument scandaleuse, ils défient l'autorité avec une témérité qui frise l'irrationnel, empêtrée dans une envie morbide d'aller dormir en prison pour quelque mois ou années, c'est selon. Ils insultent un président de la République dans une démarche stratégique planifiée dont la finalité est de se faire expédier express à Rebeuss. Quelque part, des esprits tout autant tordus leur ont fait croire qu'un homme politique accompli n'en est pas un s'il n'a pas goûté aux rigueurs carcérales.
Mais tout s'explique : au-dessus de la pyramide mafieuse, certains des «grands frères» chargés de l'éducation politique saine de la jeune garde dont ils ont la responsabilité sont eux aussi des voleurs-pilleurs dont tout le monde s'est aperçu qu'ils ont passé douze ans à se remplir les poches. Le peuple le sait, leurs voisins le voient, la police et la gendarmerie ne l'ignorent pas. C'est à l'Etat de faire son travail.
Pour survivre, ils délaissent le terrain de l'action politique vraie pour des glissades contrôlées dans la surenchère verbale, les galimatias, les rapports de forces, les mensonges publics non assumés, la violence, le tout enrôlé sous des apparences démocratiques. Clairement, ils ont décidé de vendre chèrement leur peau, en comptant sur les compromissions inhérentes à une certaine façon de faire la politique. D'ailleurs, que peut faire d'autre un modeste jeune salarié, tombé par opportunisme dans la boue politicienne et qui, deux ans plus tard, se retrouve propriétaire d'un patrimoine immobilier dont il ne pourra jamais justifier l'origine licite ? Ah, on oubliait ! «C'est Me Wade qui me l'a offert.»
Momar DIENG
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